Coup de gueule d'une jeune "fainéante".
Très régulièrement lorsque je m'indigne sur Twitter des diverses inégalités, du chômage, de l'immobilisme politique face à la crise écologique, on m'assène que ma génération "ne fait que se plaindre".
Alors petit thread pour les boomers.
Commençons par évacuer l'argument de la guerre qu'on a pas vécue. Les gens qui ont grandi pendant la guerre ont plus de 80 ans aujourd'hui. Ils représentent 6% (grand max) de la population (source Eurostat). Donc 94% d'entre vous n'a pas non plus vécu la guerre, arrêtez avec ça.
Parlons chiffres. Ce tableau partagé par l'économiste @dav_cayla est très éloquent. Le niveau de vie des jeunes s'effondre littéralement depuis une décennie. Le contraste avec les autres générations est frappant.
Si vous n'êtes toujours pas convaincu, le même tableau sur la période précédente.
Pour répondre au "mais moi j'ai commencé à travailler à 16 ans je me suis bougé, pas comme vous". Le taux de chômage chez les 15-24 ans est de plus de 20% en 2020 (Source INSEE) contre 11% en 1980. Les emplois sont moins bien rémunérés et il y a moins d'emplois tout court.
Pour ce qui est des étudiants, ils sont plus nombreux (car la population augmente) mais les places dans les études supérieures, elles, n'augmentent que très peu. Les conditions d'études se dégradent, les diplômes perdent de leur valeur. Étudier plus pour gagner moins.
Ce n'est pas fini. Pour les plus chanceux d'entre nous qui auront la possibilité de travailler, leur emploi sera bien plus instable et précaire que les générations précédentes. Vive l'intérim, les CDD renouvelables à l'infini, les stages et autres statuts d'auto-entrepreneur.
Et si on souhaite acheter un appartement ? La durée moyenne des nouveaux emprunts est passée de 14 ans en 1998 à 19,6 ans aujourd'hui. Il s'agit du niveau "le plus élevé" jamais observé, selon l'Observatoire Crédit Logement / CSA.
On s'endette plus longtemps que nos parents.
Comme si cela n'était pas suffisant pour notre génération (que certains ont l'audace de qualifier de "privilégiée"), le service public est en déliquescence, les aides sociales se réduisent, et nous faisons face au plus grand défi de l'humanité (rien que ça) : la crise écologique.
Les mesures prises par nos dirigeants pour ralentir ce désastre planétaire sont des mesurettes. Cette pandémie n'en est que la preuve la plus criante (depuis un an d'ailleurs, RIEN n'a été mis en place pour éviter les pandémies à l'avenir, alors qu'on en connaît les causes).
Le fardeau revient donc à notre génération qui va devoir affronter cette catastrophe. Nous essuyons les conséquences de l'époque la plus faste de l'humanité, époque que nous n'avons pas vécue (même si j'entends qu'il y avait déjà des problèmes il y a 30 ans).
Il s'agit de statistiques, cela ne concerne pas 100% de la population naturellement, on parle ici de tendances sociétales. Mais vous comprendrez que les critiques récurrentes sur les millenials "fainéants", individualistes" ou "insatisfaits chroniques" me font grincer des dents.
Évidemment que la précarité existe aussi chez les plus âgés, mon objectif n'est pas de cliver les générations et faire abstraction du fossé (bien plus important) entre les 1% les plus aisés et les 99% restants de la population (fossé qui s'est creusé ces dernières décennies).
Mais la moindre des choses de la part de ceux qui nous accablent serait de reconnaître l'état du monde qu'ils nous lèguent, et admettre que la génération privilégiée, c'est la leur. Non seulement notre indignation n'est pas un caprice, mais elle est légitime et indispensable.
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