Pour le New York Times, Maboula Somahoro, Rokhaya Diallo partent à l'assaut de "l'universalisme français" grâce au soutien de l’Ambassade US à Paris pour introduire la question raciale dans les universités françaises. https://www.nytimes.com/2020/07/14/world/europe/france-racism-universalism.html

«Quand je considère les 2 pays je ne dis pas qu'un pays est meilleur que l'autre» dit Mme Soumahoro qui a enseigné les études afro-américaines à Columbia et qui enseigne maintenant à l'Université de Tours:«Pour moi ce sont 2 sociétés racistes qui gèrent le racisme à leur manière»

«La plupart des nouveaux penseurs de la race en France sont les enfants d'immigrés de l'ancien empire colonial. Ayant grandi dans des familles avec un fort sentiment de leurs identités ethniques, ils ont progressivement commencé à développer un sentiment de conscience raciale...»

«Pap Ndiaye un historien qui a concentré ses efforts pour faire des études noires une discipline universitaire en France avec la publication en 2008 de son livre «The Black Condition» a déclaré qu'il n'avait pris conscience de sa race qu'après des études aux US ds les années 90.»

«C'est une expérience que vivent tous les Français noirs lorsqu'ils partent aux États-Unis» a déclaré M. Ndiaye, 54 ans, qui enseigne à Sciences Po. «C'est l'expérience d'un pays où la couleur de la peau se reflète et où elle n'est pas cachée derrière un discours sans visibilité»

«L'universalité pouvait fonctionner assez facilement quand il n'y avait pas trop d'immigrants ou quand ils étaient catholiques blancs» déclare Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux États-Unis. «Mais face à l'Islam d'un côté et aux Noirs africains de l'autre, ce modèle...

... a visiblement atteint ses limites. Et donc le débat est que d'un côté il y a cet universalisme, qui est un bel idéal, mais de l'autre comment dire en même temps que, oui, ça ne marche pas.»

«Pour Rokhaya Diallo dont les parents venaient du Sénégal et de Gambie, des images fugaces de Noirs à la télévision française ont touché une corde sensible chez elle: elle adorait une émission intitulée "Club Dorothée" avec un épisode dans lequel l'animatrice, une femme blanche..

... est bouillie vivante dans un chaudron par trois hommes noirs. En revanche, des émissions américaines qui ont été diffusées plus tard en France, comme «The Fresh Prince of Bel-Air» ou «The Cosby Show», ont montré des Noirs «à l'aise dans leur peau».

«Grâce à un programme du gouvernement américain, Mme Diallo, qui a fondé une organisation antiraciste appelée Les Indivisibles en 2007, s'est rendue aux États-Unis en 2010 pour en savoir plus sur la «gestion de la diversité ethnique aux États-Unis».

«L'ambassade des États-Unis à Paris a commencé à tendre la main aux minorités ethniques et raciales en France après les attentats du 11 septembre dans le cadre d'une campagne mondiale visant à «gagner les cœurs et les esprits».»

«L'ambassade a organisé des programmes éducatifs sur des sujets tels que la discrimination positive, un concept tabou en France, attirant pour la première fois un public français non blanc, a déclaré Randianina Peccoud, qui a supervisé ces programmes.»

«Almamy Kanouté, acteur, activiste et leader des manifestations contre la violence policière en France, s'est rendu aux États-Unis en 2011 pour en savoir plus sur les politiques à l'égard des nouveaux immigrants...

... À Minneapolis, il rencontre un Laotien francophone dont les racines sont reconnues malgré le fait qu'il soit devenu citoyen américain - contrairement à la politique d'assimilation de la France. »

«Ici, ils veulent que nous nous fondions en un seul corps social et que nous mettions de côté notre diversité», a déclaré M. Kanouté, 40 ans, dont les parents sont maliens, «Avec nous, ce n'est pas possible. Nous sommes français, mais nous n'oublions pas ce qui nous rend entier.»

«Une auteure, Rhoda Tchokokam, 29 ans, a grandi au Cameroun avant d'immigrer en France à l'âge de 17 ans. Si sa conscience raciale a émergé en France, elle a évolué aux États-Unis, où elle est allée étudier pendant deux ans, avec les films de Spike Lee...

... et les œuvres de Toni Morrison et de féministes noires comme Angela Davis et Audre Lorde../..aujourd'hui je me définis comme noir politiquement. À l'époque, j'ai commencé à prendre conscience et quand je suis arrivé aux États-Unis c'est en fait là-bas que j'ai pu le formuler"

Cet article du NYT est vraiment très intéressant car il décrit en fait une guerre culturelle assumée, menée par les services diplomatique du gouvernement US en France, y compris sous Trump, pour détruire la conception de l'universalisme républicain et l'assimilation républicaine.