Thread: Gael le chevalier-esclave ou le requiem d’un mort. ( dark soul 3 )

« Donnez votre âme sombre, pour la peinture de cette chère enfant »

Gael est le chevalier esclave, un titre honorifique mais aussi profondément tragique. C’est l’incarnation de la vertu par le devoir et du fatalisme que propose le maudit. Destiné à une vie asservie, on le rencontre ainsi dans la chapelle de la purification.

La tête contre le sol, il se montre soumis et demande à la Morteflamme que nous sommes d’accomplir le destin d’Ariandel.

Le feu doit bruler la peinture qu’est le monde d’Ariandel, tout cela afin qu’un nouveau peintre redessine un monde chaleureux et froid, doux et sombre.

Tel sera la mission de la Morteflamme, jouant encore son rôle de serviteur du feu.

Ainsi dans le monde d’Ariandel, nous ferons la rencontre d’une petite peintre qui après des péripéties nous demandera de lui montrer la chaleur de la flamme, l’odeur des cendres.

La vue de la flamme lui permettra de peindre une nouvelle toile, un nouveau monde où les âmes trouveront une place.

Elle expliquera alors qu’elle attend encore Gael, parti chercher l’âme sombre de l’humanite, permettant à la petite fille de faire les pigments pour son tableau.

Gael et notre personnage sont donc les serviteurs de la petite fille. Mais là où la Morteflamme que nous sommes a accompli son devoir, le chevalier esclave lui n’a pas terminé sa mission. Il n’a pas assouvi les désirs du monde, les désirs d’une petite fille.

On décide donc de partir à sa recherche dans un monde alors détruit, un monde de cendre: le Capharnaüm des confins.

Ainsi on rencontre une mégère bossue: une vielle femme contemplant dans ses derniers moments la fin de ce monde, l’éclipse lui indiquant la destruction par le feu.

Elle nous dit ces mots:

«  Tachez de continuer à conserver votre tête mon enfant... N’allez pas mourir bêtement, sans vous la vue perdrait de son charme ».

« Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une raison d’être, une mission importante à accomplir ».

Elle reconsidère donc par sa philosophie la conception du destin et du devoir. Comme une motivation pour continuer, elle disparaît avec ses mots.

Nous apparaît alors les traces de Gael le chevalier esclave, qui comme un fantôme nous indique le chemin à suivre pour le rejoindre.

Suivant le spectre on arrive à la cité enclavée. Une magnifique ville désertique habitée à l’origine par les pygmées, les premiers humains.

Des derniers gardiens désespérés nous empêchent d’accéder à l’Eglise où se trouve la princesse Filianore, où l’on trouvera l’âme sombre...

Tout le long des êtres immondes nous interpellent pour nous inciter à continuer notre quête vers l’âme sombre, vers les ténèbres.
Répétant constamment la mm phrase :

« N’ayez pas peur des ténèbres mon ami, et que le festin commence »

Arrivant devant la princesse endormie, on détruit le mythe, l’illusion en touchant l’œuf.

Comme dans un élan platoniste, on quitte le monde sensible pour atteindre le monde intelligible. On voit la vérité, la nature de la cité enclavée, la cité de l’Homme.

C’est enclavée par le désertique que la cité prend tout son sens, dans l’illusion elle était vide de vie mais pleine par son objectif.

Dans la réalité, les murs sont à l’image de sa population, ravagée pr le temps. Un pauvre pygmée rampera sur le sable implorant notre aide.

C’est alors que l’on découvrit le chevalier esclave, n’étant plus le Gael, animé par l’empathie et le respect de l’autre. Il devient par sa vocation, un monstre informe dévorant les derniers pygmées pour accomplir désespérément son devoir.

Il donne d’ailleurs sens à la prédiction « le festin commencera » lui qui ne vit que pour manger des âmes sombres pour la toile de la petite peintre.

Il se jette ainsi sur nous par folie, et il fait comme un miroir à ce que nous sommes, à ce que nous aurions pu devenir.

Tout est orchestré pour mettre le joueur dans une situation malsaine.
Notre personnage affrontant celui qui comme nous, été animé par ce devoir inaccompli.

Son armement est d’ailleurs intéressant, son épée n’a plus la mm envergure qu’avant, elle est rouillée de sang.

Sa cape est trouée, prête à s’envoler en lambeau et son bouclier montrant initialement son aspect protecteur a laissé le pas à une arbalète à rafale, à l’allure génocidaire.
En affrontant Gael, on affronte ce que l’on aurait dû devenir, et ce que finalement on est.

Car le jeu a tjr été explicite à ce sujet, nous somme un mort vivant comme Gael, n’existant que pour accomplir une destinée.
D’ailleurs ce dernier rejoint une doctrine kantiste, faisant de la Raison par le devoir, une légitimité à l’horreur. Le fond prévalent à la forme.

Le combat finit on récupère le sang de l’âme ténébreuse, comme pour montrer que la quête tragique de Gael a finalement trouvé son salut.
Que mettre fin à sa vie de soumission lui a permis d’accomplir son devoir.

Mais le fait que lui tombe et que nous restons en vie.

Notre mission n’est pas terminée et c’est au moment où l’on décide de retourner vers la petite fille, que Shira une « descendante des dieux » nous attaquera. Nous confondant avec Gael et nous incriminant pour les crimes de notre ami mort.

Elle dit alors:
« Je vous ai longtemps cherchée, créature des ténèbres. Vous n’échapperez pas au châtiment sanctionnant vos ambitions éhontées »

Elle nous invite donc à une introspection. Notre combat contre Gael était il celui d’un chevalier contre monstre, d’un Homme contre ses démons, ou alors deux personnes identiques combattant dans une folie meurtrière les abysses ?

Notre aventure a-t-elle était celle de la vertu ou alors comme Gael avons nous basculé dans les ténèbres à trop vouloir accomplir notre destin ?
La chose étant que nous pourrons donner le pigment de l’âme sombre pour le tableau du monde à la petite fille.

Petite fille qui espèrera offrir un foyer chaleureux à celui qu’elle considère comme sa famille et que nous avons tué sans rien lui dire, Gael le chevalier-esclave....

Et c’est ainsi que se finit l’histoire de Gael le mort vivant, chevalier esclave et parent de la petite fille au tableau.

Je viens de me rendre compte que j’ai fait énormément de faute de frappe, on m’excusera hein.