Petit thread sur la pensée dominante au sein des « élites » et leur adhésion quasi sans faille à toutes les thèses néolibérales 


(thread inspiré par les tweets de @mclucal)



(thread inspiré par les tweets de @mclucal)
En première analyse on pourra dire que cette adhésion est la manifestation de leur intérêt de classe : ils défendent le système économique qui les avantage.
Mais il faut creuser un peu plus, pour deux raisons :
1/ Dans la réalité le néolibéralisme est vraiment favorable à une part de plus en plus faible de la population (sans doute moins de 1%).
C’est moins vrai pour les 20% suivant, la sous-bourgeoisie comme l’appelle @NicolasFramont, qui aspire à « en être », fait fonctionner le système et bénéficie de quelques retombées. Elle est de plus en plus malmenée, en burn out ou en déclin relatif par rapport à ses parents.
On renverra aux derniers ouvrages d’Emmanuel Todd sur le sujet et à son concept de fausse conscience. La sous-bourgeoisie a de moins en moins de raisons objectives de défendre le système: https://comptoir.org/2020/04/17/emmanuel-todd-et-le-retour-des-luttes-de-classes/comment-page-1/
2/ Mais au-delà de la défense d’un intérêt de classe plus ou moins avéré, il y a une vraie croyance des classes éduquées supérieures dans la pertinence « scientifique » des théories néolibérales.
Après 40 ans d’échecs et de démentis, la plupart des assertions de ces théories ne devraient pourtant plus déclencher qu'un immense fou rire. Mais il faut constater que ce n’est pas le cas, loin de là.
Comme dirait Frédéric Lordon : "À l’époque du néolibéralisme, « réalisme » nomme la transfiguration continuée de l’échec patent en succès toujours incessamment à venir."
Et c’est là qu’il est intéressant de regarder le rôle que joue l'enseignement scolaire à tous les niveaux pour assurer cette adhésion.
C’est tout d’abord dès le lycée que les cours de SES sont construits pour expliquer « le sens de l’histoire », sans alternative possible: https://twitter.com/mclucal/status/1361278518257156101?s=20
Oui bien l’indépassable austérité budgétaire à cause de la dette et des marchés: https://twitter.com/mclucal/status/1361293328520798209?s=20
Et tout continuera dans le même registre, même dans les écoles prestigieuses comme Polytechnique: https://twitter.com/Les__Infiltres/status/1033293815115927554?s=20
Voir aussi ce témoignage sur notre blog: https://infiltres.fr/2018/12/14/la-fabrique-de-la-pensee-unique-en-economie/
Ainsi, les meilleurs élèves qui font de longues études sont ceux qui auront été le plus exposés à cette propagande néolibérale pendant leur scolarité.
Mais il faut aussi ajouter qu'ils ont été sélectionnés pour leur adaptation au système scolaire, adaptation qui réclame d’eux un respect de la parole du professeur, de l’autorité de l'enseignant.
Pourquoi remettre en question l’économie enseignée plus que le théorème de Pythagore ou la loi de la gravité, toutes ces matières partageant le même formalisme fait d’équations savantes et de calculs mathématiques?
Le manque criant de mise en perspective historique, de lien avec les sciences sociales laisse très peu de place à l'esprit critique en économie. Et l'évolution des programmes de SES au lycée ne va pas dans le bon sens, loin de là...
La pensée unique ne vient pas de nulle part.
La pensée unique ne vient pas de nulle part.