THREAD : Pourquoi lutter contre l'intersectionnalité.

Je remercie @blackbobca_t d'avoir exposer de bonne foi bon nombre d'arguments de la pensée intersectionnelle. Je vais essayer d'expliquer pourquoi une partie du champ politique, notamment les marxistes, les refusent. https://twitter.com/blackbobca_t/status/1359453212122771457
La pensée intersectionnelle s'établit comme ceci : elle prend la situation présente, s'intéresse à différents individus, et abouti à la compréhension qu'il y a des disparités entre individus basés sur différents critères dont l'individu particulier n'est pas responsable.
Ces critères définissent des "oppressions" quand ils sont considérés péjoratifs. Quand celles-ci se répètent dans un groupe humain, dans un système, elles sont qualifiées de "systémiques". L'approche intersectionnelle vise alors à analyser ces oppressions pour les combattre.
A partir de là, l'oppression sociale/de classe ne semble pas primordiale, elle n'est qu'une oppression comme une autre. On peut même penser que la classe est une oppression moindre car potentiellement dépassable : on peut devenir bourgeois mais pas devenir blanc. #MichaelJackson
L'intersectionnalité est donc un raisonnement a posteriori. Elle voit les inégalités présentes et propose des travaux socio-historiques pour montrer comment telle système d'oppression à pu s'installer dans la société et y perdurer.
(certains travaux sont d'ailleurs intéressants)
Seulement voilà, n'ayons pas peur de le dire, l'intersectionnalité n'est qu'une approche naïve, idéologique et inconsciemment morale, qui aime se parer de scientificité pour berner celui qui souffre mais n'a pas le bagage épistémologique suffisant pour comprendre la supercherie.
1) Elle est théoriquement naïve car elle ne questionne pas ses présupposés. Elle se développe a postériori, sans épistémologie explicite, comme si on pouvait penser des faits humains comme on le fait avec n'importe quel fait physique, sans questionner l'humain lui-même.
En raisonnant a posteriori, à partir des effets, elle s'empêche de voir la dynamique réelle des sociétés humaines et la primordialité de la prod°.
Elle met tout sur le même plan et peut alors se faire récupérer selon les besoins de la bourgeoisie en se targuant de scientificité.
Au contraire, Marx ne fait pas cette erreur. Il pose la question anthropologique. C'est ainsi que l'analyse philosophique de l'Idéologie Allemande abouti à la compréhension que de ce qui fait l'homme lui-même : la production humaine !
L'homme dépend d'un environnement qu'il transforme durablement par la production : ainsi l'homme s'autoproduit. A partir de là, l'homme se développe à travers l'histoire, avec comme moteur le développement de la production. C'est la cause primordiale du champ anthropologique !
Ca ne veut pas dire que l'oppression de classe est ressentie de manière + forte par les individus, être juif en 1941 en Allemagne est plus dur à vivre qu'être prolo, seulement c'est la production qui explique l'histoire en dernier lieu car c'est la cause 1ère (mais pas unique!) !
Analyser les systèmes d'oppressions scientifiquement, càd dans leur totalité, c'est donc comprendre comment ils s'imbriquent entre eux et comment ils sont en dernier lieu l'expression des rapports de production. Sinon l'explication est partielle, non scientifique, donc fausse.
L'analyse marxiste abouti non plus à des oppressions systémiques éparses qui vont s'opposer sur le plan pratique (un bourgeois noir est à la fois oppresseur et oppressé pour l'intersectionnalité), mais à la nécessité de d'interpréter ces oppressions dans la lutte des classes.
On résout alors le paradoxe que les intersectionnels ne peuvent résoudre : la multiplication infinie des oppressions. Un exploiteur noir reste un exploiteur, un exploité blanc reste un exploité. Jamais l'exploiteur noir ne pourra brandir sa couleur au nez de l'exploité blanc.
Là où l'intersectionnalité aboutissait à une pluralité de privilèges d'oppressions, nous expliquant qu'un milliardaire noir était un opprimé qui devait s'allier avec les autres noirs (prolos) et revendiquer sa noirceur, le marxisme déniche la supercherie.
Contre l'union des noirs en tant que noir, l'union des femmes en tant que femme, le marxisme prône l'union des exploités, des prolétaires, à l'intérieur de laquelle il n'y a aucune hiérarchie entre couleurs, genre, orientation sexuelle (l'égalité réelle, ni classe ni couleur).
En ce sens, le marxisme énonce qu'il serait faux voire indécent de définir Lilianne Betancourt comme opprimée ou alliée parce que c'est une femme, c'est sa fortune qui définie sa position sociale et non son genre.
Autrement dit, on a beau être descendant d'esclave, si dans le monde présent on est propriétaire d'esclave, notre couleur de peau ne fera pas de nous un opprimé, on est dominant. Lebron James n'est pas un opprimé.
Le marxisme ne s'oppose donc en rien au féminisme et à l'antiracisme, il les sublime en en extrayant leur part révolutionnaire et en démasquant les faux dévots, exploiteurs, qui se cachent derrière ces luttes légitimes. C'est d'ailleurs lui qui a porté ces luttes dans l'histoire.
2) l'intersectionnalité ne fait pas qu'être faible théoriquement, elle aboutit à perpétuer l'exploitation dans la pratique !
En mettant sur le même plan lutte des classes et lutte des races/sexes, elle aboutit à perpétuer l'exploitation et invisibilise la lutte des classes.
En ne comprenant pas la nécessité primordiale d'abolir l'exploitation, elle ne permet pas l'immense organisation qu'il faudrait pour y arriver. Elle laisse alors la possibilité à la bourgeoisie de choisir les luttes qu'elle souhaite mettre en avant à travers les médias.
La lutte des sexes, la lutte des races, la lutte contre les lgtbqphobie, et les luttes inverses (manif pour tous, nationalisme, etc.), toutes ces luttes sont mises en avant à tour de rôle par les bourgeoisies réac et prog, empêchant de fait l'évocation de la lutte des classes.
Ceci se produit au détriment de la majorité et abouti à une quasi-guerre civil entre prolos blanc et noir qui n'inquiète guère la bourgeoisie, qui est bien entendu plus contente de voir ça que de voir les gilets jaunes (noirs et blancs) évoquer la nécessité d'une vrai démocratie.
En vérité, si l'intersectionnalité s'imposaient l'exploitation se perpétuerait tout autant. Il y aurait toujours autant de personne exploité ou à la rue, seul leur couleur de peau et leur sexe serait mieux réparti. Tout aurait changé sans que rien ait changé.
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