Pour certains, le néo-libéralisme est une sorte de libéralisme radicalisé en ce qu'il défend le libre-échange, les privatisations, et la concurrence. À croire que les libéraux classiques défendaient les nationalisations, le protectionnisme et les monopoles. C'est n'importe quoi. https://twitter.com/JulienAubert84/status/1358368088106954753
Julien Aubert confond donc le libéralisme orthodoxe avec le mercantilisme ou une forme soft de colbertisme. Dans tous les cas, c'est un contresens total.
Par ailleurs, ceux qui pensent que les néolibéraux du 20e siècle étaient + radicaux que les classiques seraient effrayés en relisant la littérature libérale des 17, 18 et 19e siècles, laquelle faisait moins de compromis qu'aujourd'hui (alors qu'on sortait de l'absolutisme)
Au 19e siècle, un penseur comme Bastiat écrivait que le libre échange devait être unilatéral et inconditionnel. Peu importe la réciprocité. Aujourd'hui, il serait taxé de mondialiste complètement fou par les bureaucrates de l'UE, de L'OMC et du FMI.
Adam Smith, qui n'était pas le plus radical, écrivait qu'un peuple était fondé à déclencher une révolution dès que la fiscalité excédait 20% de la richesse nationale. S'il avait vécu en France en 2021, il aurait tenté de prendre la Bastille tous les jours en gilet jaune.
Turgot écrivait que les habitants d'un village pouvait librement décider de faire sécession de l'État pour former un nouveau gouvernement s'ils estimaient que c'était dans leur intérêt. Aujourd'hui, les jacobins l'accuseraient de séparatisme et de vouloir détruire la République.
Ce même Turgot s'est fait virer en essayant, 13 ans avant la révolution française, d'abolir les privilèges des corporations. Aujourd'hui, il appellerait au démantèlement de toutes les professions réglementées et ferait frémir le CEO d'Uber tout comme celui de TaxiG7
Gustave de Molinari se plaisait à pousser la logique de marché jusqu'au bout en proposant d'ouvrir tous les services gouvernementaux à la concurrence. Compte tenu du niveau du débat français, il serait sans doute qualifié d'ultra-néo-nazi-libéral aujourd'hui.
Le Marquis d'Argenson méprisait tellement la bureaucratie qu'il proposait de réduire le salaire des bureaucrates pour les dégoûter de la fonction publique et les obliger à aller dans le privé. Aujourd'hui, il serait canceled par tous les énarques.
Frédéric Passy considérait le papier monnaie comme de l'arnaque. Aujourd'hui, il assignerait Christine Lagarde, Mario Draghi et Jean-Claude Trichet en justice pour faux-monnayage.
Vauban, dans son projet de réforme de la fiscalité, proposait au 17ème siècle de remplacer la quasi-totalité des impôts d'ancien régime par une Flat tax unique. Aujourd'hui, il serait traité de poujadiste gilet jaune.
Henry David Thoreau théorisait le devoir de désobéir à toutes les lois qui violent la liberté et la propriété privée. Il serait aujourd'hui considéré comme un factieux.
Benjamin Constant estimait que "dans les domaines où la loi n'a pas à légiférer, le voeu de la majorité n'est pas plus légitime que celui de la plus petite minorité." S'il était au Conseil constitutionnel, 99% des lois fr. sauteraient.
Bref, ceux qui s'effraient du "néolibéralisme" dans le pays aux 10 000 lois et 100 000 règlements et où 50% de la richesse est confisqué sans la moindre grimace devraient réserver quelques préfixes au cas où une orthodoxie libérale se reconstituerait un jour en France :)
Notre époque dite "néolibérale" se définit en effet par un niveau de tolérance beaucoup plus élevé aux diverses mesures vexatoires qui entravent ici et là l'autonomie des hommes, si on le compare à celui des disciples de l'école libérale classique.
En soi, je ne suis pas vraiment étonné par les prises de position de Julien Aubert. Il ne fait que s'aligner sur les préjugés dominants (indépendamment de leur incidence sur la prospérité nationale), ainsi doit le faire tout politicien avide de réélection.
La politique partisane ne recompense pas la rigueur idéologique. C'est donc à nous de continuer à faire preuve de pédagogie pour obliger demain tous les politiciens de gauche comme de droit à manifester leur attachement à la liberté pour être crédible.