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Depuis quelques mois, je bosse sur le bien-fondé ou non du concept de "générations" ou de "vagues" dans les mouvements féministes tunisiens.
Et en voyant le succès d'un slogan "You've fucked with the wrong generation" et le truc qui se construit autour, j'arrive pas à m'empêcher d'être gênée par ce que ça insinue.
Genre, c'est parlant, ça donne de la force, ça distingue, ça crée une ligne, mais ça le fait en disant "we are the right generation" et donc ce qui est venu avant était "wrong"
Qu'il y ait des idées, pratiques portées par d'anciennes générations avec lesquelles il faut absolument rompre, oui, absolument. Mais pour des raisons politiques et non pour des raisons "générationnelles"
Je trouve que politiquement "génération" est trop faible. On finit toujours par être le vieux croûton de quelqu'un, après avoir été le "farkh" de service.
Le concept de "génération" est pratique pour analyser des époques et des moments de lutte, mais quand il est utilisé dans une optique nouvelle génération > ancienne génération (ou vice-versa) je trouve que c'est une perte de temps.
L'optique nouveau > ancien est omniprésente en Tunisie, d'autant plus qu'elle se confond avec l'obsession "progressiste" de la pensée politique "arabe" où les anciens (penseurs, militants etc.) deviennent toujours un cran plus "arrierés" que les nouveaux.
Pour revenir au féminisme, l'idée de vague ou de génération induit non seulement un "progressisme" où l'ancien est rendu obsolète mais induit aussi un effacement permanent qui fait qu'il faut bien souvent tout refaire tout repenser.
Pour réaliser à la fin que certains debats posés aujourd'hui (coucou l'horizontalitété et le refus de l'institutionnalisation) l'étaient déjà il y a trente, quarante ans et qu'on aurait économiser bien de l'énergie en y prêtant attention.
