Une étudiante de mon cours d'Intro aux DH m'a demandé d'expliquer pourquoi est-ce que je prétends qu'un logiciel comme LaTeX est mieux adapté que Word pour rédiger un long document comme une thèse de doctorat. Comme je lui ai répondu une tartine, autant en faire un thread. 1
2 Je suis pour ma part un utilisateur très convaincu de TeX et ses déclinaisons (surtout LaTeX et XeTeX). J'ai appris à l'utiliser au cours de mes études de mathématiques, et il est incontournable en sciences exactes (en tout cas en maths et physique) : ...
3 … un article scientifique dans ces matières-là ne s'envisage qu'en LaTeX. La rédaction d'équations avec ce langage est sans commune mesure avec ce que peut faire Word. J'ai beaucoup pesté contre celui-ci lorsque j'ai eu à y rédiger des équations quand je documentais ...
4 … des modèles pendant mon activité de conseil dans le secteur bancaire. Lorsque je me suis intéressé de près aux "humanités", j'ai découvert qu'il était aussi très bien adapté pour rédiger des travaux portant sur ces matières.
5 Je n'ai donc jamais cessé de l'utiliser, et je dois dire que rédiger de l'histoire (c'est ce qui occupe le plus clair de mon temps) de cette façon est particulièrement pratique.
6 Ma compagne, historienne, a rédigé toute sa thèse de doctorat en LaTeX (je faisais office de support en cas de problème), et est aussi très convaincue à présent. Voici quelques features qui rendent cette rédaction si pratique et agréable, à mon avis :
7 a) la gestion des références est extraordinaire. En combinaison avec bibtex, LaTeX gère très bien toutes les petites particularités de la rédaction en SHS, comme les ibid, IDEM, etc. (et ces règles sont parfois très spécifiques, par exemple avec des comportements différents ...
8 ... selon que la dernière citation est située sur la même page ou sur une page différente, ou des conventions différentes selon que l'auteur principal est une femme ou un homme, etc.). En fait, la gestion des références croisées en général y est très facile : ...
9 … référencer des objets (que ce soit des équations ou des extraits de texte, par exemple) qui se numérotent automatiquement et y faire référence plus loin est très facile. Avec un peu de discipline dans le nommage des identifiants, il devient très commode de faire …
10 référence à une section, une citation ou n'importe quoi d'autre (incluant évidemment figures et tableaux, mais aussi si nécessaire algorithmes, etc.) dans le même ou un autre document ;
11 b) la gestion des langues "exotiques" est aussi très facile. J'ai eu l'occasion il y a quelques années de rédiger un document dans lequel j'avais à insérer de l'arabe et du syriaque, et ça a été d'une facilité déconcertante ;
12 c) la possibilité de créer ses propres commandes/macros rend beaucoup d'éléments de rédaction très flexibles. Par exemple, si on veut créer un environnement spécial qui met le texte en italique, numérote ses lignes, le fait commencer et terminer par des guillemets …
13 ... et le fait précéder d'une numéro qui s'incrémente automatiquement, cela revient à quelques lignes de code ;
14 d) la possibilité d'inclure des fichiers dans un autre permet de générer de grands documents très longs sans avoir à les manipuler en entier. J'ai un projet de longue haleine (une thèse), que j'ai découpé en un grand nombre de chapitres.
15 Chacun de ces chapitres est un fichier texte séparé, qui peut être compilé tout seul dans son coin. Le fichier-mère appelle tous ces "petits" fichiers et sa compilation rassemble donc tous les chapitres du "livre" ;
16 e) il est possible de compiler les documents en se débarrassant des éléments qui prennent du temps à manipuler, par exemple en remplaçant toutes les images par un cadre blanc de la taille de l'image mais n'en prenant pas l'espace disque et le temps de compilation ;
17 f) c'est un point un peu bête, mais la façon dont les commentaires sont gérés me facilite énormément la vie : comme dans beaucoup de langages de programmation, un caractère signale le début du commentaire pour la ligne en question.
18 C'est idiot, mais c'est tellement plus facile à gérer qu'en Word. Quand il s'agit de traduire un texte, quelle facilité d'alterner les lignes en français et dans l'autre langue en alternant commenté et non-commenté ;
19 g) tout ce que l'éditeur manipule n'est jamais que du texte (certains éditeurs de texte dédiés à LaTeX affichent le pdf [ou autre] produit par la compilation, moi je préfère avoir le document compilé ouvert dans un autre logiciel), ...
20 ce qui fait que tout est toujours très léger quand on rédige (sauf au moment de la compilation bien entendu, pendant laquelle LaTeX nécessite des ressources) ;
21 h) changer le format sous lequel apparait l'intégralité d'un document revient à modifier l'une ou l'autre ligne d'un fichier de style.
22 Lorsque ma compagne a dû préparer un fichier pdf de sa thèse en vue d'une publication, il a suffi d'adapter le fichier de style aux normes de la collection, et le tour était joué en une heure ;
23 i) construire un index (en combinaison avec makeindex, écrit pour LaTeX) est déconcertant de facilité ;
j) une (double) compilation met d'office à jour toutes les table des matières, table des figures, etc. ;
j) une (double) compilation met d'office à jour toutes les table des matières, table des figures, etc. ;
24 k) il est possible d'interfacer LaTeX avec plein de langage de script : par exemple, j'utilise R et LaTeX conjointement, par ex. avec Sweave qui insère automatiquement le résultat de calculs dont le code est inclus dans le fichier source ;
25 l) puisqu'un fichier source LaTeX n'est que du texte, il est possible d'en générer automatiquement à partir d'un langage quelconque. C'est comme ça que je génère des éditions rudimentaires de texte depuis des bases de données contenant lesdits textes et les métadonnées : …
26 … on boucle sur les items, et on demande au programme d'écrire du code LaTeX autour des informations à insérer.
Voilà, c'est ce à quoi je pense pour le moment.
