Jour 3 du #BlackHistoryMonth
! Aujourd'hui, on célèbre la 1er abolition de l'esclavage en 1794
Et pour le célébrer à ma façon, je veux vous présenter ce soir la citoyenne Corbin, aka la meuf la plus stylée du Paris révolutionnaire (à mon humble avis)



Lorsqu'on évoque l'abolition de 1794, on cite souvent l'action décisive des députés comme l'abbé Grégoire ou d'hommes politiques comme Raimond : c'est un détour essentiel mais qui a tendance à mettre en arrière-plan que l'abolition fut aussi un mouvement populaire.
Populaire car c'est avant tout le combat porté par les esclaves antillais qui accélère les changements législatifs. En métropole également, ces idées ne sont pas que le fait d'une élite mais se diffusent dans la société par des relais plus anonymes.
Parmi eux donc, la citoyenne Corbin ! Elle naît à Paris en 1749 et est baptisée dans la paroisse Saint-Germain l'Auxerrois sous le prénom de Marie-Thérèse. Elle est la fille d'André Lucidor, un ancien esclave, et de son épouse Charlotte Richard.
En 1786, Marie-Thérèse se marie avec Corbin, marchand de vin, d'où le nom de famille passé à la postérité. Les deux époux sont en contact avec d'autres Afro-descendants parisiens comme Marc-Antoine Mars.
Ce qui est clair, en lisant sa biographie, c'est que Marie-Thérèse est une filoute: en 1790, elle se fait passer pour une réfugiée des Iles pour recevoir un soutien financier de la part du club de Massiac, un club qui milite alors contre les droits des "gens de couleur"

En 1792, affaire encore plus retentissante : elle est emprisonnée à la Conciergerie car soupçonnée de complicité dans l'affaire du vol du Garde-meuble puis est relâchée pour avoir permis de faire avancer l'enquête.
Marie-Thérèse a donc du réseau, sert d'indic à la police et mène une vie mouvementée entre les différentes sphères du pouvoir. Du coup, forcément, lorsque l'abolition est prononcée, elle est aux premières loges !
Elle prononce alors un discours pour célébrer l'évènement, une de mes archives favorites qui peut se retrouver en intégralité sur @GallicaBnF : un hymne ! écrit par une femme noire ! en 1794 ! 
https://c.bnf.fr/MFJ

https://c.bnf.fr/MFJ
Après cela, en lien avec Sonthonax, elle essaie de partir en Haïti pour y éduquer la jeunesse. C'est un échec et elle meurt dans l'anonymat en 1834 à l'hôpital des Incurables.
Bref, elle a une vie extraordinaire qui mériterait une planche de @PenelopeB et toutes les séries @NetflixFR possibles !
Je dois beaucoup pour l'écriture de ce thread au travail de Pierre Bardin : sa notice sur la famille Lucidor dans le Dictionnaire des gens de couleur, volume 1. Il a aussi mis en ligne un bon paquet de découverte dans les archives parisiennes : https://cutt.ly/ekkDzxr
Et si vous voulez en savoir plus sur l'influence des Afro-descendants dans l'abolition en métropole, je vous laisse avec cet article écrit en collaboration avec la BnF 
https://histoirebnf.hypotheses.org/author/minorhist

https://histoirebnf.hypotheses.org/author/minorhist
PS : et si quelqu'un veut mettre en chanson l'hymne de Marie-Thérèse Corbin, je serai la plus heureuse du monde
