À la fin des années 1990, des chenilles résistantes aux insecticides envahissent les champs de coton du Burkina Faso (70% des exportations du pays).

La production chute.

Monsanto arrive avec sa solution miracle : le coton transgénique (OGM) qui produit lui même l’insecticide.
Les expérimentations commencent dès 2003 sans étude d’impact ni débat public ni contrôle. Monsanto clame que c’est un succès total : des rendements exceptionnels, des paysans en meilleure santé... le tout prouvé par des études financées par Monsanto.
Pourtant, dès les 1er essais, les burkinabés ont vu qu’il y avait un problème. Avant l’introduction des OGM, les soies longues représentaient 93% de la production, et les courtes 0,44%. En 2015 : respectivement 21% et 56%. Le coton burkinabé a perdu en qualité et donc en valeur.
Au village de Konkolekan, M. Badoun et ses amis honnissent désormais le coton OGM : trop cher, il les contraignait à s’endetter ; il n’atteignait pas les rendements promis ; il rendait malades les femmes qui le récoltaient ; il tuait les bêtes qui mangeaient ses feuilles.
4 producteurs sur 10 disaient mélanger coton OGM et coton conventionnel dans les champs

La plupart des agriculteurs pensaient acheter de simples variétés améliorées, pas des OGM

Finalement, le Burkina Faso a chassé Compaoré en 2014 et Monsanto en 2016 https://survie.org/billets-d-afrique/2017/268-juin-2017/article/burkina-faso-les-mensonges-de-monsanto
Pour vaincre les réticences, les industriels declarent poursuivre deux objectifs : le combat contre la faim et la diminution des pesticides.

Mais les OGM sont en réalité au service des intérêts mercantiles de firmes agrochimiques qui privatisent, polluent et affament la planète
De fait la plupart des OGM cultivés en Afrique (coton et soja) ne sont pas destinés à nourrir les populations. Le Cirad rappelle en outre qu’il existe d’autres modèles agricoles et des solutions sans OGM et pesticides de synthèses comme l’attestent des expériences menées au Togo.
Les semences sont stériles et doivent être rachetées tous les ans. Elles sont inaccessibles aux scientifiques africains et aux petites et moyennes entreprises semencières africaines sans un accord (PPP partenariats public-privé, qui servent d’hameçons).
Les firmes s’appuient sur des filières pyramidales, dans lesquelles le paysan achète les semences et les pesticides qu’elles leurs imposent. Les cotonculteurs sont souvent comparés à des serfs dépendant entièrement des sociétés cotonnières.
À partir des années 2000, Monsanto est rejoint par Bayer 🇩🇪, DuPont 🇺🇸 et Syngenta 🇨🇭(racheté par ChemChina 🇨🇳) qui s’implantent à leur tour sur ce continent où se situent 60% des terres arables inexploitées de la planète.
Ces firmes ont suscité une galaxie d’associations, de fondations et d’ONG acquises à la cause des OGM: Africa Harvest, African Biosafety Network of Expertise, AfricaBio, African Agricultural Technology Foundation (AATF) ou Isaaa qui organise des voyages de paysans et de décideurs
Elles se présentent comme des entités désintéressées mais sont financées par Dupont, Syngenta, Bayer-Monsanto et de grandes fondations (Bill et Melinda Gates, Rockefeller) ainsi que la United States Agency for International Development (USAID).
Ces multinationales ont d’abord vendu leurs OGM aux régimes peu susceptibles de céder à la pression des citoyens:

L’Égypte de Moubarak (maïs, blé), le Soudan d’Al-Bachir (coton), l’Ouganda de Museveni (maïs, banane, riz, patate), le Burkina Faso de Compaoré (coton, maïs, niébé)
Ont suivi le Cameroun où Bayer finance toute la recherche, le Ghana (coton, niébé), le Kenya (maïs, coton, sorgho), le Malawi (coton, niébé), le Mozambique (blé), le Nigeria (niébé, sorgho, riz, maïs), la Tanzanie (blé), le Swaziland, l’Ethiopie...
Selon un ancien de Monsanto : « les produits comme le niébé n’ont pas d’intérêt économique pour Monsanto. Ça leur permet de redorer leur image auprès des décideurs et des chercheurs — plus enclins à s’intéresser à ce type de culture locale, et à favoriser les lois pro-OGM.
Les firmes ont su tirer parti de la fragilité de l’Afrique du Sud, qui sortait de l’apartheid lorsqu’elle a cédé aux semences transgéniques en 1997.

Aujourd’hui, 80% du maïs, 85% du soja et 100 % du coton sont OGM dans ce pays.
En 2016, pour répondre à l’enjeu de la sécurité alimentaire, le Nigéria approuve la culture des OGM : un marché potentiel de 400 millions d’habitants en 2050.

2ème puissance du continent, un PIB dépendant à 80% du pétrole et 20% de l’agriculture qui emploie 70% de la population.
La privatisation du vivant y est cependant loin de faire l’unanimité. En 2016, une centaine d’organisations nigérianes (syndicats d’agriculteurs, mouvements étudiants, associations...) contestent les projets de Monsanto.
Au même moment, 300 organisations ouest-africaines lançaient une caravane allant du Burkina Faso au Sénégal en passant par le Mali. L’objectif était de sensibiliser les paysans et les pouvoirs publics, aux dangers que font peser les OGM sur l’économie rurale et la biodiversité.
En 2018, le Nigeria approuve officiellement sa première culture de coton modifié génétiquement (coton Bt), brevetée par Bayer-Monsanto.

La production commerciale du coton Bollgard II de Monsanto a commencé avec un groupe de 1000 agriculteurs. http://www.commodafrica.com/31-05-2019-les-ogm-toquent-la-porte-du-nigeria
En Afrique, les paysans cultivent généralement de petites parcelles, en associant plusieurs cultures et en intégrant l’élevage à l’agriculture, ce qui est très écologique. Les OGM imposent une voie diamétralement opposée : des monocultures polluées sur de vastes portions de terre
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