Ecouter ses peurs.

- Petit Thread -

#emprise
La peur est une émotion extrêmement puissante. Elle est instinctive, quasi animale, et l’emporte svt sur la rationalité. Elle a pour objet de vous protéger du danger, de vous garder en vie, entraine des changements physiologiques et mobilise énormément d’énergie.
EX - Vous êtes seul, en pleine nuit, et dormez dans une maison vide. Vous entendez un bruit étrange, comme si quelqu’un était a l’intérieur. Vous avez peur.

C’est insupportable, il vous faut une stratégie.
La plupart des gens vont se cacher sous leur couverture (au moins en partie), sans bruit.
> disparaitre, si on me voit pas on me fera rien. Recherche d’une protection.

Le corps, tendu, immobile, devient une oreille géante.
> Hypervigilance.
Ces tactiques vont vous permettre de gérer la peur. Sous votre couette, vous vous sentez un petit peu plus a l’abris. Votre super oreille est parfaitement opérationnelle pour identifier l’origine du bruit. Vous essayez de rationaliser. Ce doit être une fenêtre.
Il y a bien quelqu’un chez vous.

Le bruit entre dans la chambre. Vous êtes désormais terrorise.

Un homme, un couteau dans la main, vous regarde. Il a l’air fou.

Vous ne faites pas un seul mouvement.
> sidération

Il passe le couteau sur votre cou, vous dit de ne pas bouger
Le lendemain, il ouvre la porte de votre chambre. Vous n’avez pas dormi de la nuit. Il a toujours une arme dans la main, mais il sourit. Vous propose un petit dej. Il fait comme si c’était normal.
Il dit qu’il ne faut pas avoir peur de lui, il ne vous fera rien, en fait c’est lui qui a eu peur de vous en vous voyant. C’est pour ca qu’il a utilise son couteau. Vous êtes terrorise, vous êtes pleinement concentre sur ses paroles. Il peut vous tuer.
Il dit qu’il a eu peur car il pensait qu’il n’y aurait personne. Vous essayez de comprendre ses réactions, sa logique, vous devancez ses demandes, vous évitez tout ce qui pourrait l’énerver. Vous êtes incapable de réfléchir a autre chose. Vous êtes centre sur lui. Hypervigilance
Vous contrôlez vos réactions. Vous réprimez toute la colère qu’il suscite chez vous, et votre désir de le voir partir. Vous faites au mieux pour faire comme si tout était normal. Vous disparaissez en vous meme. Comme un robot.
> Détachement émotionnel
Il discute avec vous, il a l’air calme et tranquille, il pose l’arme a cote de lui. Vous avez envie de la prendre mais c’est trop dangereux. Vous oubliez cette idee, vous vous raccrochez a ses traits rassurants : il dit qu’il ne vous fera rien, il vous tend une tartine.
Il dit qu’il va partir dans quelques heures, que tout ira bien, vous respirez un peu. Vous voulez le croire, vous essayez de le trouver sympa, de créer du lien, c’est la meilleure stratégie pour qu’il vous aime bien et vous laisse en vie.
Vous vous surprenez a rire a une de ses blagues, vous lui faites une autre tartine, vous vous habituez un peu a lui. C’est mieux que la terreur.
> stratégie d’attachement : si je l’aime bien, il m’aimera bien.
Soudain, il s’agite. Il pense que vous allez le dénoncer des qu’il sera parti. Il a parfaitement raison, mais vous tentez de lui démontrer le contraire, vous y mettez tout votre coeur. Il ne vous croit pas. Vous finissez par presque y croire vous meme.
De toute manière, si vous parlez, dit il froidement, il vous retrouvera et vous tuera. Meme après être allé en prison, il ne vous oubliera pas. Votre sang se glace.
Il entame un geste détranglement. Il s’excuse immédiatement, vous donne un cafe, il se detend. Il a peur, il est triste, il ne sait pas comment il pourrait réagir, et comment vous faire confiance. Vous le rassurez, vous cachez votre terreur grandissante.
Il n’a plus de cigarettes, il veut que vous alliez en acheter. Il vous rappelle qu’il sera parti dans quelques heures, il est sdf et avait juste besoin de dormir et manger, il veut vous faire confiance, il vous aime bien. Vous jurez. Promis pas de police.
Vous vous dirigez vers la porte, mais il a change d’avis. « Attends », dit il. Vous obéissez immédiatement. Vous alliez le trahir, il le sait, il vous raconte sa vie, pathétique, sans amour. Il est fragile. Vous compatissez, vous n’avez pas le choix, vous l’écoutez.
Il vous trouve sympa, vous savez écouter, il dit que vous lui faites du bien, qu’il ne faut pas avoir peur de lui, vraiment. D’ailleurs il met le couteau dans la poubelle. Et puis si vous voulez qu’il parte il va le faire. Vous vous entendez dire « non, c’est bon »
Il aimerait juste que vous lui rameniez des cigarettes, et après il sera parti dans une heure. Il va juste prendre une douche et il s’en ira et ne reviendra jamais. Promis. Il rit, vous auriez du bien fermer votre porte, vous avez eu de la chance de tomber sur lui, qui est cool.
Vous êtes dehors, libre. Vous êtes littéralement épuisé, votre cerveau semble anesthésié, vous ne savez que faire. Si vous appelez la police, que feront ils ? Est il certain qu’il aille en prison ? Pas de trace d’effraction.
Vous n’avez aucune blessure. Vous croira t on ? Et puis vous venez de lui dire qu’il pouvait rester, c’est un pauvre bougre, et il vous a laisse sortir... est il si dangereux ? Si oui et que vous le trahissez, il pourrait revenir se venger. Tout s’emmêle.
Maintenant imaginons que ce n’est pas un inconnu. Cet homme, c’est votre ex, votre compagnon, le pere de vos enfants, quelqu’un que vous connaissez bien, que vous avez aime ou aimez encore. Qui ne partira pas dans deux heures. Qui ne vous oubliera pas non plus.
Maintenant revenons au début, avant les violences. A la première fois ou vous avez eu peur.
Il y a quelque chose qui vous inquiète chez lui. Vous ne sauriez pas dire quoi, c’est diffus. Vous êtes très vigilante, comme un réflexe, quand vous lui parlez. Vous anticipez, vous vous oubliez un peu, vous essayer de ne pas l’énerver...

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