+ 150% de consommation d’antidépresseurs en Seine-Saint-Denis en nov. 2020 par rapport à 2019…
Et le gouvernement ne propose qu’un “chèque psy” pour les étudiant.e.s ?

Ca ne va pas du tout.

La santé mentale c’est politique.
Éclairage depuis le 93 avec des données inédites ⤵️
Au tout début du 1er confinement, la @Cpam93 a lancé une démarche rare de publication de ses données de remboursement.

Consultations médicales, prescriptions de paracétamol etc. avec un suivi à la semaine et parfois à la commune.
Et en accès libre 🤓!

http://www.odds93.fr/?babrw=racine/menuhaut/realisations-/portrait-social/babArticle_263
Donc dès cet été sont ajoutées les dispensations de psychotropes.
(moi non plus j'avais pas la moindre idée de ce que c'était 🙃)

En gros c'est des médicaments qui agissent sur le système nerveux central pour modifier notre activité cérébrale.

L'évolution est... alarmante😱
Un préalable important : on n'évalue pas la santé mentale d'une population juste sur la base de la conso de médicaments. Il faut la prendre comme un "indice".

Il en manque d'autres : en amont (les situations dégradées sans recours aux médicaments) en aval (hospitalisations) etc.
Les chiffres restent effrayants 😨

1er exemple les antidépresseurs. Qui régulent donc l'humeur, pendant les états dépressifs.

La consommation moyenne par patient est stable.
Mais le nombre de nouveaux patients explose par rapport à 2019, et ce dès la rentrée / fin août 2020 📈
On appelle "nouveaux patients" ceux qui n'avaient pas eu de dispensation d'antidépresseurs dans les derniers mois.
Au tout début du reconfinement, ils étaient 450 par semaine dans le 93, contre 150 l'année passée.

Soit une augmentation de plus de + 150%... 😨
Les données sont très similaires pour les dispensations :
📈d'hypnotiques (ou somnifères, pour les troubles du sommeil)
📈d’anxiolytiques (ou tranquillisants, qui régulent notamment l'anxiété. A noter qu'on en prescrit parfois aussi pour le mal de dos)

A savoir :
➡️ Dès la fin du mois d'août, forte hausse du nombre de nouveaux patients

📈 Au reconfinement : explosion..
Début novembre, on est à + 81% de nvx consommateurs d'hypnotiques par rapport à 2019
+75% pour les anxiolytiques (1400 nvx patients chaque semaine, 400 de + qu'en 2019...)
Les données s'arrêtent début novembre (j'actualise pourtant frénétiquement la page🥺) et se limitent au 93.
On voudrait en savoir + : quels âges ? quelles csp ?
De creuser avec d'autres indicateurs potentiels (arrêts de travail hors covid ?)

Mais déjà, trois leçons importantes⤵️
1. Le confinement est loin d’être neutre.

Certains professionnel.le.s de santé mentale nous disaient déjà, après une accalmie pendant la 1ère vague, qu'ils voyaient revenir leurs patients chroniques avec des symptômes + graves : hausse des tensions dans les familles, deuils etc.
Dans le secteur des soins psy sans consentement (“hospi d’office”), certaines mesures ont aggravé les tensions.

Pour se protéger, certains préfets ( #notallprefets) ont systématisé un “deuxième avis” psy avant de laisser sortir les patients et supprimé les permissions temporaires
... avec des conséquences en chaîne :

➡️ embolisation de l'activité des psychiatres + moins (ou pas) de sorties des patients pour aller voir les proches
➡️ donc rétablissement plus lent
➡️ donc rallonge des délais d'hospitalisation
➡️ donc embolisation de l'activité des (...)
Attention⚠️Je ne dis pas que les restrictions de contacts ne sont pas nécessaire contre l'épidémie. Mais elles ont des conséquences réelles.

Dès lors, il apparaît nécessaire 1) d'assurer la transparence des données
2) d'organiser un vrai débat démocratique

poke @gouvernementFR
2) La santé mentale, c'est un problème social.

Ca n'est pas individuel mais collectif (cf. les chiffres).
Et c'est dépendant de nos conditions de vie.
Le 1er confinement est très illustratif : ce ne sont pas les confiné.e.s au Vouvray dans leur manoir du Gers qui l'ont mal vécu
A ce titre on parle bcp des étudiant.e.s, mais est-ce qu'on les écoute ?

Il disent un problème de lien social bien sûr.

Mais tout autant des conditions matérielles de vie (revenus, logement, connexion..) très dégradées.

C'est aussi ça, la santé mentale. http://www.ove-national.education.fr/enquete/la-vie-detudiant-confine/
3e leçon : du coup, à un problème social, on n'apporte pas des solutions individuelles. Et c’est là qu’on va se mettre un peu en colère contre le @gouvernementFR.

On est sérieux ?
Un “chèque psy” ?
Et je parle pas même pas de l’idée de s’endetter pour sortir de la pauvreté...
Au-delà du fait qu’on ne sait pas comment va fonctionner ce chèque psy ; ou qu'il faudrait agir sur les causes sociales plutôt que traiter les symptômes.

Qu’est-ce que ça renvoie aux étudiant.e.s ?

🗨️“C’est vous le problème. Tenez, voilà des sous pour vous faire soigner”
Ca devient une habitude..

“Si vous attrapez le Covid c’est que vous n’avez pas été précautionneux”.
“Si vous ne trouvez pas de travail c’est que vous n’avez pas traversé la rue”.

Et maintenant, “si les jeunes n'ont pas de perspectives d’avenir, qu'ils aillent voir un.e psy.”
Alors, qu'en conclure ?

Que trop restreindre les libertés aussi, nuit à la santé.
Que la première des préventions, c'est la dignité des conditions de vie.
Et que peut-être qu'il serait temps d'ouvrir vraiment des droits sociaux aux étudiant.e.s ? #RSAmoins25ans

@EmmanuelMacron
PS : Merci encore beaucoup aux équipes de la @cpam93 pour ces données, cette démarche et ce travail (car c’est un gros travail !)

Et @ameli_actu : si vous vouliez faire pareil au niveau national n'hésitez surtout pas, ce serait d’utilité publique... 😇
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