Note fondamentale de @DanielaGabor.Les politiques non conventionnelles de la BCE ne sont pas à la hauteur de la situation (sanitaire et climatique) et enferment, jusqu’ici, dans un « shadow monetary financing » et la financiarisation des technocraties comme de l’économie 👇 https://twitter.com/danielagabor/status/1355161368064905219
1. Depuis la crise financière mondiale, les banques centrales ont eu recours à des achats de plus en plus importants d'obligations d'État. « La monétisation de la dette publique n'est plus un tabou ». Néanmoins, est-ce satisfaisant?
2. À 1ère vue, les tabous paraissent tomber les uns après les autres. Les gardiens de l’ordre monétaire « les plus zélés » semblent renoncer au dogme de séparation stricte (de compartimentage) entre le budgétaire et le monétaire. Mais pas de changement structurel à l’horizon
3. Car nous vivons une « révolution sans révolutionnaire », sans articulation politique, sans pensée « bouclée » macro qui mettrait en cohérence les dispositifs de politique monétaire, d’intervention budgétaire dans l’économie, et de reprise de contrôle de la finance.
4. Les achats d'obligations souveraines par les banques centrales assouplissent les conditions de financement des États mais seulement en tant qu’ « effet secondaire » et non comme un objectif politique
5. Le QE ne s’accompagne pas d’un « retour aux puissantes autorités fiscales keynésiennes et aux banques centrales émasculées ». Au contraire, les banques centrales se sont adaptées à la financiarisation. « C'est du Minsky sans Keynes »
6. Avec ses obligations, les États jouent un rôle macro-financier « d’usine à garantie » de la financiarisation globalisée, organisé autour des valeurs mobilières, des produits dérivés et des marchés monétaires de gros.
7. Ces rachats ne vont pas avec une politique assumée, ne marquent pas le retour d’un État « investisseur » ou encore de formes administrées de financement de l’État et de l’économie (ex : circuit du Trésor)
8. Ce schéma montre que quantitativement le niveau de détention de titres publics par les BC semble ramener à la situation d’après-guerre.
9. Mais c’est un raisonnement limité, qui ignore la différence de qualité des liens sociaux, institutionnels, et politiques entre banques centrales, acteurs financiers, et puissance politique.
10. Gabor dresse une typologie historicisée : en distinguant les mesures actuelles de la configuration d’après-guerre (pour les USA, UK, Allemagne, France) renommée « financement monétaire subordonné » (le monétaire est subordonné au budgétaire)
11. Était instauré un cadre institutionnel coordonnant: contrôle des coûts de financement de l'État (partie prenante assumée du rôle des banques centrales), arme budgétaire proactive, pour ajuster demande globale + politique du crédit / politique industrielle planifiée
12. C’était le renversement : les BC indépendantes étaient conçues comme « une menace déflationniste » et il était compris co nécessaire de « réprimer les financements transfrontaliers » pour offrir une solution d’État stable au sein de « l'instabilité inhérente du capitalisme »
13. Ce schéma l’explicite :
14. Avec Théret nous dressions une typologie comparable. Après la crise de 2008, nous parlions de « régime européen de verrouillage market preserving », facilitant le crédit aux États sans régime des idées réajusté. http://fasopo.org/node/244 
15. Le grand apport de Gabor est donc de proposer de différencier ces facettes du pouvoir monétaire, financier, et budgétaire à travers l’histoire. Ces expériences de rééquilibrage entre budgétaire et monétaire renvoient à des guerres de territoire entre Trésor et BC.
16. La subordination a été de courte durée et globalement perdues par le keynésianisme. Ces batailles perdues renvoient à une transformation de la pensée de l’État sur lui-même et à la financiarisation de la puissance publique
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