Allez petit thread nocturne pour poser des éléments de réflexion !
Je voulais revenir sur ce genre d'initiatives, parce que loin d'être juste un truc anecdotique qui peut paraître déglingué, c'est assez révélateur d'une dérive très courante dans l'action sociale. 1/24 https://twitter.com/creapills/status/1352265231402213376
C'est le genre d'idée qui germe tous les ans, je vous invite à taper "abri pour sdf" dans google pour voir le nombre d'articles sur des ingénieurs ou des étudiants qui inventent des "abris transportables", des "igloos" ou des "cabanes isothermes" chaque année. 2/24
Avant de continuer et d'évoquer les limites de ce type d'initiatives, je veux souligner que j'ai beaucoup de respect pour les gens qui s'impliquent dans l'aide sociale, qui essaient de trouver des solutions, qui sont bénévoles etc 3/24
L'implication dans des associations etc peut être un signe de politisation, notamment dans le jeunesse, qui est très encourageante et très positive, et avec laquelle les militants politiques doivent dialoguer 4/24
Pour autant, je pense que la logique qui mène à concevoir des abris temporaires comme ça témoigne d'un manque de vision politique dans l'action sociale, ou du moins correspond souvent à une logique politique qui n'a que peu de perspectives. 5/24
La difficulté quand on travaille/s'implique dans l'action sociale, c'est qu'on se fait petit à petit ronger par une logique urgentiste du "moindre mal", justement à cause du caractère d'urgence des situations. 6/24
Par exemple, en tant que travailleur social au SAMU Social de Montpellier, je signe quand vous voulez pour obtenir une centaine d'abris comme ceux-là. Ce serait une avancée à la fois énorme comparée à la situation actuelle, et à la fois ridicule comparée aux besoins. 7/24
Autre exemple, à Montpellier on a des personnes géniales qui ont monté un projet de "camping-car/douche nomade", qui font un énorme taf vraiment essentiel pour permettre à des gens très isolés d'accéder à un minimum d'hygiène.  8/24
La limite de ces initiatives, c'est qu'elles s'adaptent complètement à la situation existante, et constituent + des éléments microscopiques d'atténuation d'un problème (le sans-abrisme) que de résolution. 9/24
Elles ne sont souvent pas accompagnées d'un questionnement et d'une lutte contre le système qui entraîne le sans-abrisme. On accepte la situation comme un état de fait et on cherche à diminuer un peu la misère sans s'attaquer à la source du problème. 10/24
Plus grave, cette capitulation devant un "état de fait" entraine une déconnexion de la réalité et de l'évolution de cette réalité. Pour rappel, selon un rapport de  @Abbe_Pierre, le nombre de SDF a doublé en France depuis 2012. 11/24
Ces chiffres montrent bien que l'heure n'est plus aux initiatives citoyennes, aux réseaux de solidarité, aux concepts innovants de type "abri isotherme". On ne vide pas avec une cuillère à café une baignoire qui se remplit. 13/24
Aujourd'hui, l'enjeu c'est la vie de centaines de milliers de personnes, l'urgence c'est d'en finir avec un système qui génère la misère et concentre les richesses dans les mains d'une toute petite minorité en faisant crever les autres. 14/24
Bien sur, les réseaux de solidarité et les initiatives d'entraide sont indispensables et maintiennent en vie des milliers de personnes, qu'on ne peut pas abandonner à leur sort au prétexte d'un but plus grand. 15/24
Mais cette solidarité ne peut être un but en soi, et reste vouée à un éternel échec si elle n'est pas articulée à lutte réelle contre le capitalisme en parallèle. 16/24
Ex : il est impensable de supprimer aujourd'hui Les Restos du Coeur. Mais il y aura toujours plus de gens en précarité alimentaire. Et c'est délirant de penser que dans le cadre du capitalisme les subventions des Restos vont juste augmenter en même temps que la demande. 17/24
Voilà, tout ce thread pour mettre des mots sur une des grosses dérives du travail social aujourd'hui à mes yeux, et de l'impasse politique qu'il constitue. Je pense qu'on ne renversera pas le système simplement en construisant des réseaux de solidarité "alternatifs", 18/24
Ou encore en essayant avec nos petits bras d'éponger toute la merde que le capitalisme génère, en faisant porter une responsabilité individuelle à ceux qui ne peuvent pas ou ne trouvent pas le temps et l'énergie de s'investir dans l'aide sociale. 19/24
Aujourd'hui l'urgence humaine qu'est le sans-abrisme impose la réquisition de centaines de milliers de bâtiments/logements vides, l'embauche massive de personnel, une augmentation énorme des moyens de la santé, la création de milliers d'emplois stables, etc. 20/24
On se rend bien compte que de telles mesures (et j'ai même pas encore parlé de lutte contre le mal-logement), ne peuvent pas passer par la constitution lente et irrégulière de solutions locales, d'initiatives individuelles, etc. 21/24
Je suis convaincu aujourd'hui de la nécessité d'abattre le système en arrachant les richesses des capitalistes par la révolution, et que seule cette voie là est à la hauteur de l'urgence écologique et sociale dans laquelle se trouve le monde aujourd'hui. 22/24
C'est pour ça que je milite au NPA-Révolution Permanente, pour l'organisation de tous les exploités et les opprimés, et l'élaboration d'un programme de combat clair qui vise à ce que les travailleurs et les travailleuses prennent le pouvoir 23/24
Afin d'organiser une société qui répondent aux besoins de tous, et d'en finir avec ce système ignoble qui fait qu'en 2021, des gens dorment dehors, vivent dans des conditions inimaginables, meurent de froid, de faim, de solitude. 24/24
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