Il y a un an... à peu près à cette heure-ci... mon toubib m'interdisait d'aller faire mes deux heures de cours de 16h à 18h au lycée.
C'était l'entrée dans un long confinement jusqu'à début juillet.
Mais il avait raison de m'arrêter. C'était donc un burnoutage de raison...
C'était l'entrée dans un long confinement jusqu'à début juillet.
Mais il avait raison de m'arrêter. C'était donc un burnoutage de raison...
Or donc quel bilan (message à l'attention de ceux et celles qui ont l'impression d'être sur la corde raide par temps de grand vent) ?
D'abord c'était indispensable... Mais ça on ne le comprend qu'après. Quand on peut reprendre et qu'on retrouve des sensations normales.
D'abord c'était indispensable... Mais ça on ne le comprend qu'après. Quand on peut reprendre et qu'on retrouve des sensations normales.
Oui, il faut être convaincu que c'est indispensable... Je me suis trainé des douleurs abdominales pendant trois semaines tellement mon esprit culpabilisait de ne pas être au travail. Le temps d'accepter. Je pense que certains peuvent trainer ça encore plus longtemps.
Il est important de revenir (c'est souvent lent) vers des choses qu'on aime vraiment. Moi ça a été la lecture. Forcément j'ai retrouvé du temps pour lire et, en dépit des médicaments abrutissants, je n'avais plus cette frustration de m'endormir en 5 mn sur le livre...
J'ai donc dévoré des bouquins et dormi (et pas grand chose de plus à part quelques dvd) pendant un bon mois et demi (qui a coïncidé avec l'entrée de tout le monde dans le confinement). Mais l'état larvaire a fini par l'emporter sur ce plaisir de lire...
Et là je suis entré dans une vraie période légume : dormir, regarder le plafond, manger (une fois sûr qu'on n'allait pas crever de faim dans nos maisons isolées) et redormir. C'est là qu'on a commencé à "jouer" avec les médicaments pour trouver le moins mauvais...
Ouaip, le moins mauvais et pas le meilleur. Parce qu'un coup, ça te rend larve... un autre ça t'explose le cerveau en délires créatifs qui t'empêchent de dormir ou te réveille en sursaut en pleine nuit avec une pièce de théâtre qui s'écrit en temps réel dans ta tête.
Et avec tout ça le temps devient de plus en plus long... Et tu t'enfonces dans l'idée que tu ne pourras pas en sortir, que cette fausse euphorie, qu'elle soit exubérante ou légumineuse (j'ai découvert la sensation délicieuse de ,e rien faire ni penser), va durer toujours...
Surtout dans le contexte particulier de 2020. De visite (en présentiel ou en distanciel) chez le médecin, je ne rapportais que des doutes supplémentaires. S'il m'expliquait bien ce qu'il se passait dans ma tête et comment on pouvait le faire évoluer, ...
... je me heurtais à un mur d'absence de volonté profonde lorsqu'il fallait entrer dans une quelconque forme d'action. Avec l'impression du hamster tournant dans une roue qui irait du lit au bureau et au canapé. Ad vitam aeternam...
J'en étais arrivé à l'idée que je ne savais plus, que je ne saurais plus faire ce que je faisais avant.
C'est lorsqu'il a fallu que je sorte que ça s'est compliqué vraiment (surtout avec un masque sur le nez et la bouche).
C'est lorsqu'il a fallu que je sorte que ça s'est compliqué vraiment (surtout avec un masque sur le nez et la bouche).
Ce retour dehors, dans la "vraie" vie, j'ai bien cru qu'il allait me tuer. D'abord parce que je manquais de souffle, d'endurance, de forces... Et parce que se sentir quasi grabataire ne donnait pas spécialement envie de continuer à chercher à s'en sortir.
Je m'endormais n'importe où, je ne suivais plus les conversation, j'avais tout du chat de mauvaise compagnie...
J'attendais, j'espérais, un sursaut.
Il est venu début juillet sur les bords de la Deûle... Après avoir pensé plonger dedans...
J'attendais, j'espérais, un sursaut.
Il est venu début juillet sur les bords de la Deûle... Après avoir pensé plonger dedans...
J'ai tout arrêté (médicaments supposés me "stabiliser") et j'ai centré le mois qui a suivi sur mes seules envies immédiates en attendant que tout se remettre en place (ah le bouquin sur l'histoire anglaise, abandonné depuis).
En août j'ai commencé à me dire que je pouvais (que je voulais) repréparer des cours. Je me suis autorisé à avoir à nouveau des idées sans qu'elles se fracassent sur un mur de "A quoi bon !". Et la rentrée, malgré le contexte, a été un pied énorme...
Depuis, j'ai bien sûr peur de vaciller à nouveau et je suis sans cesse en train de guetter des signes avant-coureurs d'une éventuelle rechute. Parfois je crains que mon imagination ne vienne à les inventer lorsque le quotidien m'écrase un peu trop.
Mais je vois surtout autour de moi se multiplier les zombies... Toutes ces personnes qui vont mécaniquement d'une tâche à l'autre en cherchant toujours à faire au mieux et qui y arrivent de moins en moins ce qui leur remet un coup de pression (and so on)...
Ce qui amène à interroger sur les causes de ce craquage. A la base, des années à être mal dans un lycée parce qu'une philosophie de travail trop différente de la majorité de l'équipe disciplinaire (et donc un éloignement croissant pour me protéger)...
Mais mon changement de poste a coïncidé avec l'arrivée de JMB dont la politique est le total opposé dans les idées comme dans les pratiques de ce que je suis, de ce que je pense et de ce à quoi j'aspire pour les élèves. J'ai voulu essayer de concilier les deux...
Le cadre réglementaire avec ses exigences croissantes et déphasées (moi qui ai besoin de trucs cadrés, à l'heure et bien carrés) et ce que j'ai fini par définir comme meilleur moyen de faire "réussir" des élèves sans les traiter comme des m... mais comme des gens responsables.
Je ne suis pas du genre à détester (encore moins haïr) des gens. Chacun est comme il est et rien ne permettra jamais de dire (à mes yeux) que j'ai raison (même si je commence à avoir quelques débuts de certitudes)... Mais Jean-Mi, je lui en veux comme jamais...
Pour moi bien sûr parce que ses conneries m'ont fait exploser en plein vol... Mais surtout pour les autres. Un responsable ministériel n'est pas là pour faire souffrir ceux qu'ils dirigent mais au contraire pour les mettre dans les meilleures conditions...
Il faudra qu'un jour quelqu'un se penche sur le poids de ces attitudes malsaines (de lui et de quelques autres... coucou Frédérique) dans les déficits des régimes de la Sécurité sociale...
Savoir que le problème existe toujours est une des raisons qui me font craindre la rechute.
Savoir que le problème existe toujours est une des raisons qui me font craindre la rechute.
Donc, si vous avez ces symptômes de découragement, de fatigue, de plus goût à rien, d'impression d'être nul, de ras-le-bol intégral, il faut dire stop avant qu'il ne soit trop tard. C'est la parole que j'essaye aujourd'hui de porter.
Vous êtes irremplaçables (quoi qu'ils pensent)
Vous êtes irremplaçables (quoi qu'ils pensent)