Fierté du Pays Basque, l’Athletic Club évolue dans un stade historique qui, par sa rénovation, transcende l’idée même d’un simple lieu de football, pour prendre sens dans tout un espace urbain, tout un territoire

San Mamés, « la Cathédrale » du Pays Basque

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1937 : Pablo Picasso expose pour la première fois son tableau Guernica, qui illustre le bombardement de la ville basque du même nom le 26 avril 1937 lors de la guerre d’Espagne et qui devient un symbole de la violence de la dictature franquiste sur la population basque

Un an plus tôt en avril 1936, l’Athletic Club remportait son quatrième titre de champion au terme du dernier championnat organisé sous la guerre d’Espagne. Une nouvelle ère politique et sociale s’ouvrait alors dans le pays

Durant une quarantaine d’années de dictature le Pays Basque lutte face à la répression franquiste, parfois de manière violente comme avec l’Euskadi Ta Askatasuna. La violence étatique se retourne comme un « effet boomerang » (Antonio Elorza) contre le régime de Franco

Durant cette période de conflits politiques et sociaux, le football vit toujours, l’Athletic Club aussi, remportant deux titres de champion et neuf coupes d’Espagne

Franco meurt le 20 novembre 1975, la transition démocratique s’initie alors, avec la volonté de reconnaître les particularismes locaux. La Constitution Espagnole de 1978 octroie au Pays Basque son autonomie et un drapeau, l’ikurriña, symbole du Parti National Basque

C’est dans ce contexte que nous retrouvons Bilbao, ville majeure du Pays Basque, dans les 70’s. A cette époque, Bilbao prospère, s’appuyant sur 1 industrie minière et sidérurgique, ainsi que des chantiers navals sur la Ria de Bilbao, embouchure des rivières Nervión et Ibaizabal

Toutefois la crise pétrolière des 70’s et la crise industrielle des 80’s mettent fin aux 30 Glorieuses et poussent Bilbao dans les « 30 Piteuses ». La ville s’appauvrit économiquement et démographiquement, le chômage augmente, la ville est polluée par l’industrie

La ville de Bilbao voit néanmoins dans le départ des industries une opportunité de récupérer de nombreux espaces afin d’orienter la ville vers le secteur tertiaire et un tissu économique centré sur les services ou la culture, via notamment le plan Bilbao Ria 2000

Le renouveau de la ville s’exprime aussi du côté footballistique, notamment dans les 2000’s et 2010’s et particulièrement avec le passage du génialissime Marcelo Bielsa, qui porte le club sur la scène continentale et en fait une place toujours + forte. La renaissance est totale

Mais revenons-en d’abord à la ville avant d’évoquer la place du stade. Les berges de la Ria, 1 temps lieu du développement industriel, servent dorénavant une stratégie urbanistique globale. Les chantiers navals/hauts fourneaux sont remplacés par des galeries d’art ou des parcs

Elément central du plan Bilbao Ria 2000 le musée Guggenheim dessiné par Franck Gehry, situé sur les berges de la Ria, symbolise le renouveau de la ville. Du fait de son architecture et son originalité il permet un certain rayonnement mondial à Bilbao, qualifié d’ « effet Bilbao »

Le renouveau urbain s’exprime par ailleurs à travers le plan Bilbao Ria 2000, plan global qui s’étend à toute la ville et notamment dans le quartier Basurto-San Mamés, où 297 millions d’euros ont été investis afin de redonner du dynamisme à cette zone

Cet investissement se traduit de différentes manières :
- Nouveau centre social de Basurto
- 1 100 nouvelles habitations dont + de la moitié de logements sociaux
- Nouveaux bâtiments universitaires
- Parc Garellano
- Nouveau stade de San Mamés

Le nouveau San Mamés prend donc place dans ce plan d’urbanisme de la ville et voit le jour en 2013, 100 ans après l’inauguration du stade original. Le nouveau stade mêle 2 aspects qui peuvent paraître contradictoires et que beaucoup de clubs ne parviennent à combiner

- Volonté de transmettre les traditions du San Mamés et son histoire notamment via un musée dans le stade, son ambiance grâce à des tribunes + proches et + inclinées + 1 toit incliné, sa passion
- Création d’un stade moderne, accessible, confortable et adapté aux temps modernes

L’exemple de ce mélange de styles est l’extérieur du stade composé de LED constituant un écran de 30 000 pixels, servant notamment à éclairer le stade aux couleurs du club mais aussi à faire correspondre le stade avec son environnement immédiat à savoir le paysage urbain

Implanté aux bords de la Ria, le San Mamés a les mêmes objectifs que des monuments comme le musée Guggenheim ou le palais Euskalduna : la transition économique et écologique de Bilbao ou l’orientation vers les nouvelles technologies

Comme le musée Guggenheim, San Mamés s’inscrit dans les anciens espaces industriels de la Ria, devenant 1 géosymbole (J. Bonnemaison) : un lieu qui pour des raisons culturelles notamment prend aux yeux de certains peuples 1 dimension symbolique qui les conforte dans leur identité

Il est aussi un outil de rayonnement continental et mondial, une marque de fabrique de la ville. En mai 2018, il accueille les finales de la Champions Cup et est même nommé stade hôte de l’Euro 2020, opportunité de développement touristique pour Bilbao

San Mamés n’est pas un stade comme un autre : témoin d’histoire, il s’inscrit aujourd’hui dans le développement de la ville de Bilbao afin de redynamiser un espace touché par 1 crise polysémique et répond à des défis environnementaux, économiques et sociaux

Ce rayonnement de San Mamés est sublimé par celui de son équipe, l’Athletic Club, comme en attestent l’arrivée du talentueux entraîneur Marcelino ou la présence de joueurs comme Iñaki Williams ou Iker Muniain

L’effet du stade est double : élément architectural novateur qui assure la transition de la ville d’1 côté, il est de l’autre le théâtre d’1 club historique dans la région et catalyseur d’1 projet sportif, créant de différentes manières une demande économique bénéfique à Bilbao

Elément indispensable d’une politique urbanistique globale, San Mamés, par son rayonnement continental, sert le territoire dans lequel il s’inscrit pour le développer. « La Cathédrale » du Pays Basque s’est modernisée mais fait toujours autant la fierté de son peuple

FIN

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