Macron dit comprendre. Vidal a dit comprendre aussi. Les présidents d'universités disent comprendre aussi. Mais non, ils ne comprennent pas. C'est le week-end, je vais m'expliquer le plus objectivement possible... https://twitter.com/BFMTV/status/1350150895011557378

1. Le fait qu'au deuxième semestre de l'année dernière les décisions ont été prise au fur et à mesure, c'est compréhensible, on ne savait pas de quoi il s'agit. Mais pour l'année universitaire 2020-2021, il n'y a pas d'explication.

Tous les pays avec un système universitaire digne de ce nom ont pris, dans la période mai-septembre 2020, la décision de faire des cours à distance pour une année ou pour au moins un semestre.

Cela a donné de la visibilité à moyen terme aux étudiants. Ils ont pris leurs dispositions pour s'installer, certains ont demandé des années blanches en sachant qu'ils ne pourront pas travailler à distance. Pas l'idéal, mais ils ont pu décider.

Mais la France a pris la décision de faire "une rentrée normale". Pour toute personne avec un minimum de logique, la suite de l'épidémie était déjà claire.

Ok, on ne savait pas prédire les dates et l'amplitude des pics. Mais faire venir des milliers d'étudiants dans des campus, c'était évident.

Ils sont venus, certains de très loin, voir d'autre pays, pour s'installer en collocations ou en chambres universitaires, des espaces de vie de 10-20 m2 par personne.

Quelques cours en présentiel, avec un protocole sanitaire impossible, et, bien sûr, passage en distanciel. Mais pas pour toute l'année. Nooon. Pas pour tout le semestre non plus. On avance semaine par semaine. Comme ça les étudiants ne peuvent pas rentrer chez eux.

Non, ils restent dans leurs chambres car ils n'ont aucune visibilité. Ils vont peut-être devoir faire des TPs en présentiel, ou passer des examens en présentiel. Un semestre entier comme ça.

Et maintenant, quand c'est évident qu'on va bouffer le variant anglais jusqu'au printemps, il dit quoi Macron? Encore quelques semaines. Mais qu'est qui va se passer en quelques semaines? On va refaire 2 TPs en présentiel et le reste à distance ou, encore pire, en hybride.

Ca va garder les étudiants dans cet état intermédiaire, et c'est le pire. Tout le monde sait que faire du présentiel n'est pas possible. Pourquoi on a fait revenir les étudiants après les fêtes? Pourquoi on ne ferme pas réellement les universités pour le deuxième semestre?

Donner une vision de 6 mois aux étudiants, même si elle est mauvaise, serait largement préférable à cet état de limbes. Les étudiants qui n'ont pas les conditions pour travailler à distance, on sait les aménager. Ils feront un semestre blanc, ils trouveront peut-être un job.

Mais non, on continuera avec des décisions chaque 2 semaines, sans comprendre le vrai problème.

2. La charge de travail n'a pas été adaptée. Car on a fait une rentrée normale, vous comprenez. Au printemps, des cours ont été annulés, car on ne pouvait pas les passer à distance rapidement.

Mais pas cette année, les profs ont passé l'été à s'enregistrer, à se filmer, à créer du contenu. Du coup, on fait une année complète, avec le même nombre d'heures par crédit ECTS, avec la même matrice de compétences, la totale.

C'est juste que, pour certains étudiants, parfois ça fait 36h, ou même 40h, de cours en visio par semaine... On est à la limite de la torture. C'est dur en temps normal, quand tu peux boire une bière en fin de journée avec les copains.

Ca devient insoutenable d'un point de vue psychique même pour les plus forts en temps de pandémie. Pourquoi on ne demande pas aux formations d'alléger de 20-25% leurs maquettes pour S2? Oui, les profs râleraient, mais ils le feraient.

3. Le couvre-feu à 18h. Je pense que c'est la partie qui montre le mieux le fait qu'en réalité Macron ne comprend pas.

Pour le reste de la société, un couvre-feu à 18h est peut-être une restriction moins forte qu'un confinement. Mais pas pour les étudiants. Si tu as cours jusqu'à 18h (voir point 2) et après tu dois rester dans ta chambre en résidence (voir point 1), comment ne pas déprimer?

4. Il n'y a pas de campagne de test massifs dans la population étudiante pour voir s'ils sont immunisés. On sait bien ce qui s'est passé au S1, les campus étaient des clusters ignorés et non-déclarés.

Les quelques campus où on a eu des campagnes de tests PCR, on était à 30% d'étudiants infectés à l'instant t. Ca se trouve, si on fait une campagne de tests sérologiques, on trouvera que les étudiants sont déjà immunisés.

Du coup, les gens "qui comprennent" font depuis 10 mois des mauvais choix, l'un après l'autre...