Petit thread sur les combattants de l'oppression sur Twitter. Ceux dont le hobby consiste essentiellement à juger leurs pairs, s'immiscer dans leur vie privée et distribuer des mauvais points. C’est parti 1/n
Tout d’abord, le point de départ. La plupart de ces spécimens ont deux traits de caractères communs.
1. sont intimement convaincus de leur supériorité morale et du fait que nous autres
(i) nous ne savons pas ce qui est bon pour nous 2/n
(ii) (nous ne savons pas identifier ce qui est mal et
(iii) ils sont légitimes à s’immiscer dans nos choix même les plus intimes 3/n
2. Ils sont convaincus que leur certitude repose sur les données acquises de la science. A titre d’exemple, ils invoquent la notion de « white privilege » comme notion scientifiquement étayée et faisant l’objet d’un consensus. Petite parenthèse sur ce dernier point. 4/n
Ce qu’ils identifient au « consensus scientifique », ici, c’est le fait d’être conforme à ce qui est publié dans les revues de sciences sociales. Or, cela pose un problème fondamental. 5/n
Cela ne veut pas dire que les sciences humaines et sociales sont mauvaises et inutiles (coucou l'homme de paille à venir). C'est bien "une partie" de ce secteur qui est problématique, pas tout le secteur dans son entier. 6/n
A titre illustratif, une page twitter recense depuis plusieurs années les "études" publiées dans des revues parfois (voire souvent) prestigieuses en sciences sociales qui sont en réalité de la junk science pure et simple: @RealPeerReview 7/n
A titre d'exemple https://www.journals.uchicago.edu/doi/full/10.1086/704991 Extrait: « Disentangling physics from the norms of patriarchal white supremacy must begin with an honest accounting of the roots of the Western scientific project in the project of slavery.” 8/n
Dans cet article, l’auteur cite des articles qui exposent des théories sans socle factuel, ou bien portant sur des sujets non directement liés à la démonstration (par exemple l’article cité sur l’impact du féminisme sur la recherche en biologie). 9/n
Ainsi la « validité » scientifique de la thèse de l’auteur résulte-t-elle, en pratique, de deux éléments : le fait de se référer à ses pairs (une longue liste de références donne le change) et le fait d’être publié dans une revue à comité de lecture. 10/n
On est donc en droit de s’interroger sur la scientificité des thèses constamment invoquées par les sjw pour intimider leurs contradicteurs. 11/n
Pour s’immuniser contre la critique, les personnes du métier ont développé plusieurs mécanismes de défense intellectuelle. 12/n
Parmi ceux-ci, la "standpoint theory", issue du féminisme radical, qui cherche à justifier le fait d'écarter le concept de faits objectifs et indépendants du locuteur au moyen, notamment, d'idées telles que "l'injustice épistémique » https://plato.stanford.edu/entries/feminism-epistemology/. 13/n
En pratique, sur la plupart des discussions Twitter avec les combattants de l’oppression, la standpoint theory, aujourd'hui pierre de touche de l'approche intersectionnelle, est évidemment abondamment employée pour couper court à toute critique 14/n
Vous savez, cette petite musique que vous avez déjà dû entendre "il faut écouter les concernés/ tu n'es pas un(e) concerné(e)"). En outre, la réduction du monde en deux camps, les "dominants" versus les "dominés" dans tous ces débats est un invariant de toute ... 15/n
... cette littérature pseudo scientifique. Qui rend rigoureusement impossible tout débat factuel puisque (i) vous n'êtes probablement pas "concerné" (et donc pas légitime à parler) et (ii) vous êtes probablement "dominant" (et donc pas légitime à parler). 16/n
Quel est le but de ces combattants de l’oppression ? Je me suis longtemps dit qu’ils étaient simplement des gens sincères qui avaient vrillés, impressionnés par les beaux atours de scientificité que se donnaient leurs idées. Je pense aujourd’hui que c’est faux. 17/n
Mon hypothèse est désormais la suivante : ce qui se joue pour ces personnes, c’est le pouvoir. Avec ces thèses « critiques », ils trouvent l’opportunité d’exercer un petit pouvoir au sein d’une communauté donnée. 18/n
Pourquoi rechercher cette position d’ascendant moral ? Celle-ci procure probablement une intense satisfaction narcissique. Mais pas seulement. 19/n
Avec le développement des meutes justicières, la posture « critique » es « combattants de l’oppression » me semble aussi être devenue une question de préservation individuelle 20/n
En effet, quoi de mieux pour éviter les flèches que de les lancer soi-même ? Afficher sa vertu, de manière si possible intransigeante et autoritaire, est un moyen comme un autre d’éviter de passer du côté des accusés. 21/n
Déjà vu ça par le passé? Si oui, ne cherchez pas trop loin : ces mécanismes de défense intellectuelle sont omniprésents chez les défenseurs de la psychanalyse. 22/n
Nier toute scientificité au freudisme, pour eux, cela en confirme la validité; et bien sûr, cela prouve que vous "refoulez", le concept de "white fragility" étant le pendant actuel de celui, autrefois, de "refoulement", dans ces échanges. 23/n
Comme la prétendue « sociologie » « critique », la psychanalyse a occupé le haut du panier à l’université, comme la « sociologie » « critique », elle a pu se targuer d’innombrables publications dans des revues prestigieuses. 24/n
Comme les "combattants de l'oppression" aujourd'hui, l'argument d'autorité a été un fouet abondamment manié. De même, les luttes de pouvoir ont été intenses dans le monde de la psychanalyse. 25/n
Et, comme la psychanalyse, les personnes rationnelles (taxées de fascisme, cela va de soi), ne s’y laissent pas prendre. 26/n
Alors que faire ? Je pense que la première chose est de comprendre que, derrière chaque commentaire, chaque rappel à l’ordre de la part d’un « combattant de l’oppression », il y a un enjeu de pouvoir d’abord pour ce dernier. Ne soyez pas naïfs. 27/n
Que faire d’autre ? Demander des références précises et les lire. Personnellement, j’ai lu à peu près toutes les références « scientifiques » qu’on a bien voulu me donner. 28/n
Quand vous lirez cette littérature, vous serez instantanément rassurés – tous les articles disent pareil, se citent entre eux et fonctionnent en mode circulaire. Plus vous en lirez, plus cela vous semblera simple. 29/n
Une fois cette étape passée, vous pouvez vous attaquer à quelques lectures de best sellers. Par exemple « White Fragility » de Robin diAngelo. 30/n
Lire ce qu’ils écrivent est le meilleur moyen de ne pas se laisser intimider. C’est tellement idiot, tellement prévisible, que cela vous décomplexe très vite. Vous réalisez que la personne qui tente d’exercer une autorité sur vous n’a, en réalité, pas la moindre légitimité. 31/n
Je ne passe pas ma vie sur Twitter. Quand j’y suis, je dévore les échanges (en y participant très rarement) qui impliquent des figures de la « Justice sociale ». J’ai appris à connaître leurs patterns. Je crois sincèrement que nous avons affaire à de gros problèmes d’ego. 32/n
Alors les amis détendez-vous. Ne devenez pas la victime collatérale d’un égo mal dégrossi. Détendez-vous. Vous n’avez aucun compte à leur rendre, pas plus qu’à votre voisin de pallier ou votre coiffeur. Bon weekend ! 33/33
Une belle illustration de mon propos : cette réaction à mon thread, présentant la posture des "combattants de l'oppression" comme un "contre-pouvoir" - tentative d'habiller la caporalisation du débat sous les oripeaux d'une lutte prétendument noble https://twitter.com/CNQTheorie/status/1350121830787538945
Ceci illustre à merveille mon propos. Vous ne pouvez pas être en désaccord avec ce qui est écrit, puisque sinon, cela voudrait dire que vous êtes le complice du pouvoir en place, forcément. Le piège de kafka peut se refermer sur vous. Désolée ça ne prend pas...
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