Aujourd'hui mes amis, je vous fais sortir du tribunal et je vous présente sous vos yeux interrogateurs mon plus fidèle partenaire de travail à savoir l'enquêteur ! Il peut être un policier, un gendarme & + rarement, un douanier (tres spécifique).

Attention la police & la gendarmerie ont PLEIN d'autres missions que l'enquête, de police administrative, de maintien de l'ordre...
Mais je parle de ce que je connais et donc de leurs prérogatives en matière de police judiciaire, et de leur rôle d'enquêteur.

Pour faire simple, la police à la ville, la gendarmerie à la campagne. Le policier est un fonctionnaire de l'Etat, le gendarme est un militaire : les 2 composent les forces de sécurité , civile et militaire, qui se trouvent sous l'égide du ministère de l'Intérieur.

La nomenclature de la gendarmerie est simple : elle s'articule autour de brigades, notamment territoriales (BT) regroupées en compagnies. Le gendarme de BT est très polyvalent, il fait de tout et est très proche de la population. Pour info, les gendarmes habitent en caserne.

Au dessus vous avez les brigades de recherches, les BR, qui enquêtent sur les dossiers plus complexes, et encore au dessus, les Sections de Recherche, les SR, pour les dossiers plus complexes, à dimension nationale voire internationale par exemple, ou criminels complexes.

La police a une organisation plus complexe : l'unité de base est le commissariat, qui se compose d'une multitude de services, avec des missions très différentes. Vous avez notamment les services dits de voie publique (la BAC, le roulement...)

et les services d'investigation, notamment entre autres les brigades accidents & délits routiers (BADR) les sûretés départementales, la PJ... cette dernière traitant des dossiers les plus complexes. Le travail est plus sectorisé en police à cause du grand nombre de dossier...

Policiers et gendarmes travaillent parfois ensemble : ils peuvent être co saisis sur un même dossier. De +, on trouve au sein des offices centraux des policiers et des gendarmes.

Le gendarme & le policier font peu ou prou le même travail, seules les méthodes diffèrent 1 peu. Une partie de leur travail se fait au bureau : ils prennent les plaintes, entendent des témoins, des mis en cause (notamment sous le régime de la garde-à-vue), font des confront'...

L'enquêteur peut adresser des réquisitions aux organismes publics, aux banques, aux opérateurs de téléphonie, à toute personne en fait qui détient des informations importantes pour la procédure. Il s'appuie également sur des experts, notamment les médecins (légiste par exemple)

mais pas seulement : psychologue, toxicologue, incendie, morpho analyse, ADN... Tout expert en fait dont l'avis peut faire avancer l'enquête, et que l'enquêteur requiert afin qu'il donne cet avis.

Une partie du travail se fait également en dehors du bureau : surveillances, filatures, perquisitions, & bien sur, interpellations, qui sont parfois tendues. Sous certaines conditions, l'interpellation peut se faire avec usage de la force publique.

L'enquêteur se déplace sur les lieux de commission des infractions. Il est assisté par l'identité judiciaire (IJ) pour la police et les techniciens d'identification criminelle (TIC) pour la gendarmerie, qui vont réaliser les opérations de police technique et scientifique.

Le but de tous les actes d'enquête est de récolter les preuves, ou de constater l'absence de preuves de la commission de l'infraction objet de l'infraction. L'enquêteur va tout vérifier, fouiller. Il est toutefois limité par certains facteurs. Tout d'abord les moyens

des services d'enquête sont limités & la plupart des enquêteurs, surtout dans les grosses BT et les commissariats, sont débordés. De +, certaines infractions sont difficiles a prouver et on va travailler sur des faisceaux de présomptions plutôt que sur des preuves matérielles.

L'écoulement du temps n'arrange rien : une infraction dénoncée tard sera difficile à prouver (ce qui bien sûr n'interdit pas le travail d'enquête).

L'ensemble de l'enquête est réalisé sous le contrôle du procureur, à qui il est rendu compte régulièrement, qui peut prescrire d'autres actes d'enquête. Une relation de confiance et de bonne collaboration, un vrai dialogue, doivent s'instaurer entre l'enquêteur et le parquetier.

L'enquêteur doit comprendre que le procureur aura besoin de "billes" pour défendre le dossier, mais le procureur doit garder à l'esprit les contraintes de l'enquêteur, souvent débordé et à qui il doit demander des actes d'enquête utiles, pertinents, et pas "gratuits".

1 fois l'enquête finie,l'enquêteur en fait 1 résumé par mail ou téléphone ou transmet le dossier, et 1 décision est prise par le parquet. L'enquêteur est parfois mécontent de cette décision, difficile d'encaisser un classement sans suites après une enquête où on s'est investi...

Ne me demandez pas de choisir entre la police & la gendarmerie
Les 2 sont différents mais complémentaires ! Disons que le gendarme est plus "carré" mais parfois un peu rigide, alors que le policier, plus foufou, va parfois plus suivre son instinct & obtenir du résultat!

Fiche technique de la fonction
+ : aucune monotonie, utilité sociale +++, métier passion
- : fonction exposée au danger, situations de tension, manque de moyens, manque de reconnaissance d'1 partie de la population, métier qui impacte +++ la vie de famille

Qualités requises : maîtrise de soi, rigueur, neutralité, implication
Défauts possibles : autoritarisme, nervosité, impulsivité

J'ai bien sûr beaucoup simplifié la description de la fonction, j'aurais tant à dire! Mes meilleurs souvenirs de magistrat je les ai vécus avec mes enquêteurs, coeur sur vous !!
Des questions, des observations, des compléments ? A vous!!