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#Thread Quelques réflexions sur l'attaque du #Capitol, la crise profonde de la démocratie #US, la menace de l' #extrêmedroite et la suspension du compte #Twitter de #DonaldTrump.
Je suis de ceux qui pensent que la suspension du compte #Twitter de #DonaldTrump était probablement inéluctable et nécessaire mais je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il faut s'en réjouir.
Trump banni de #Twitter, c'est plutôt le signe que la crise s'aggrave, plus qu'une preuve qu'on arrive au bout du tunnel. Cela ouvre également un certain nombre de débats complexes qui ne sont pas faciles à trancher.
Mais sur le principe, la suspension de #Trump fait sens. Il y a une différence entre liberté d'expression et bénéficier d'un service pour pouvoir faire sa communication et propager ses idées. C'est le 2ème point qui est concerné par la décision de #Twitter.
Il n'y a aussi pas de raisons solides pour que les règles que la plateforme applique aux extrémistes (djihadistes, suprémacistes blancs...) ne s'applique plus du tout s'ils arrivent au pouvoir, même si cela crée un contexte plus sensible.
On rappellera que la suspension de #Trump fait suite à l'attaque du #Capitol qui a fait 5 morts et qu'au moment des faits, il tweetait encore sur la "trahison de Mike Pence".
De multiples preuves montrent qu'un certains nombre d'individus voulaient en particulier s'en prendre violemment au Vice-Président #US durant l'attaque du #Capitol, jusqu'à un possible assassinat.
Et le cas #MikePence n'est qu'un exemple parmi des dizaines d'autres. Il n'y a pas de doutes que l'activité #Twitter de #Trump a contribué à inciter à la violence.
A partir du moment où l'activité d'un utilisateur #Twitter peut avoir des conséquences violentes pour d'autres individus, cela ne me paraît choquant qu'une plateforme agisse.
Maintenant, la difficulté est de savoir où fixer la limite de ce qu'est l'incitation à la violence. Ici on a un cas qui semble très clair. Dans d'autres situations, c'est beaucoup plus complexe et tout aussi politiquement sensible.
Il n'y a pas de solution miracle et on ne sera jamais d'accord sur où placer la jauge car il y a toujours une part de subjectivité dans l'évaluation de ce qu'est l'incitation à la violence (sauf quand comme ici il y a des conséquences réelles claires)
Est-ce que le cas d'autres chefs d'Etat ou dirigeants politiques devraient parfois être examinés? C'est fort possible aussi.
Mais une fois qu'on sort de la question #Twitter, le vrai problème initial est d'abord pourquoi on se retrouve dans une situation où le président des #EtatsUnis d'Amérique est un extrémiste incitant à des actes de violence pouvant conduire à des morts.
La responsabilité vient en partie du fait qu'on a tout un ecosystème informationnel et politique qui a contribué à normaliser des discours de plus en plus extrémistes. #Trump #Capitol
#Trump n'arrive qu'en bout de chaîne d'un processus de long terme qui est aussi en cours depuis des années. Et qui est en cours dans d'autres pays comme la #France.
Mais où #Trump a une impact majeure dans la déstabilisation de la démocratie américaine, c'est qu'il a servi de point rassembleur entre l' #extrêmedroite populiste et l' #extrêmedroite radicale.
Il a aussi emmené dans son sillage un certain nombre de conservateurs cyniques, qui pensaient pouvoir maîtriser les instincts de #Trump tout en en profitant politiquement. Et à la fin, c'est tout l'écosysteme politique #US qui a bougé encore plus vers la droite.
Pour ceux qui ne seraient pas familier de la distinction que j'essaie de faire, ce que j'appelle l'extrême droite populiste est celle qui prétend jouer le jeu de la démocratie mais qui en bafoue souvent les principes une fois au pouvoir.
Il est souvent d'ailleurs de plus en plus difficile de distincter cette #extrêmedroite populiste d'un certain nombre de partis conservateurs dans le monde, qui glissent de plus en plus à droite.
Il y a ensuite l' #extrêmedroite radicale qui se revendique pleinement anti-démocratique. Aux Etats-Unis, ce sont les néo-nazis, les suprémacistes blancs, un certain nombre de milices anti-governementales, etc...
L' #extrêmedroite radicale a toujours été extrêmement forte au #USA et n'a jamais vraiment hésité à avoir recours à la violence. La liste des attentats d'extrême droite au #USA est sans fin. https://www.nytimes.com/2020/10/24/us/domestic-terrorist-groups.html
Même si c'est discutable, #Trump est pour moi avant tout un leader d' #extrêmedroite populiste et l'impact premier qu'il a eu sur la démocratie #US est d'avoir fait évoluer une partie du parti républicain vers la même ligne idéologique.
Même si cette évolution idéologique avait déjà commencé avec le Tea Party. Mais dans le même, #Trump a eu d'une certaine manière aussi le rôle d'un leader de l' #extrêmedroite radicale, en montrant une sympathie constante pour ces groupes.
On se souviendra par exemple du "Very fine people on both sides" après les émeutes de #Charlottesville qui avait vu aussi une attaque terroriste d' #extrêmedroite faire un mort. https://www.reuters.com/article/virginia-protests-idINKCN1AV0WP
On peut aussi rappeler le "Proud Boys, stand by and stand back" où les attaques contre la gouverneure du #Michigan alors qu'une attaque terroriste d' #extrêmedroite avait été déjouée contre elle. https://www.latimes.com/politics/story/2020-10-17/trump-michigan-governor-extremism
Progressivement, #Trump est finalement devenu également un leader de l' #extrêmedroite radicale, certainement plus par cynisme égocentrique que par une adhésion idéologique profonde.
Il s'agit à mon avis avant tout pour lui d'aller dans le sens de ceux qui sont ses supporters, qu'il est incapable de critiquer, et aussi de les utiliser pour atteindre ses objectifs pour rester au pouvoir.
Au final, Trump a contribué à rassembler les #extrêmedroites (+ conservateurs) et à les pousser vers plus d' #extrémisme.
Et si certains conservateurs vont certainement faire machine arrière, les dégâts sont faits pour la démocratie #US. Une partie de la population a totalement basculé vers l' #extrêmedroite radicale et les groupes prêts à les accueillir ne manquent pas.
Le système politique #US étant peu flexible (comme en #France d'ailleurs), la construction rapide d'alternative d' #extrêmedroite populiste semble peu probable.
Et donc on va se retrouver avec entre 15% et 25% de la population qui a une défiance extrême de la démocratie et qui est vulnérable aux stratégies de recrutement des groupes suprémacistes blancs et aux milices.
Même si des réalignements politiques se font, le futur me paraît très sombre pour les #USA en matière d'extrémisme et de terrorisme. C'est pour cela qu'il ne faut jamais normaliser les idées de l' #extrêmedroite sous peine de s'offrir des longues années de chaos.
Et de devoir prendre des décisions radicales à la dernière minute (comme la suspension du compte #Twitter #Trump) qui ne sont qu'un modeste pansement sur une plaie d'une blessure par balles.
Mon thread n'est pas parfait car ce sont des sujets complexes et je dois vous avouer que je réfléchis aussi beaucoup au fil de l'écriture mais j'espère que cela vous donnera des clés pour réfléchir sur ce qui se passe au #USA.
En particulier parce que les défis posés par la radicalisation d' #extrêmedroite au #USA ont certainement plus de similitudes que de différences avec ce qui se passe en #France. C'est un enjeu vital pour le futur de nos démocraties qui implique une lutte sans relâche.
Pas seulement au niveau sécuritaire mais aussi du point de l'éducation, de la recherche, de la gestion de l'environnement médiatique.... Avec beaucoup de détermination et de sang-froid qu'importe les obstacles.
