1. Sur les nouvelles mesures de santé publique, sur ce qui se passe dans le réseau, sur les urgences et sur ce qu'il faut surveiller. Une analyse parmi tant d'autres. Celle d'un médecin en hôpital et en clinique dans une région mitoyenne de la grande région métropolitaine.
2. Les nouvelles mesures du gouv ne semblent pas si drastiques. Les écoles/usines/chantiers demeurent ouverts. Le couvre-feu est un débat pour spécialistes en santé publique et je n'en suis pas un. Les arbitrages sont difficiles à faire. On voit aussi du positionnement politique.
3. Pour ce qui est de l'organisation du système de santé, c'est bien bien différent. Ça change radicalement et rapidement en ce moment. Notamment, nous entrons dans une phase de délestage massif afin de garder les taux occupation des urgences stables.
4. La bataille est réelle dans les tranchées, même si elle n'est pas nécessairement ressentie par la population générale d'un point de vue sanitaire (abstraction des impacts économiques). Notre travail est plus compliqué. Ça se répercute sur les listes d'attente.
5. Parce que la COVID s'est infiltrée dans les milieu de soins (professionnels malades), il y avait du délestage depuis le début de la 2e vague. Maintenant l'augmentation des cas d'hospitalisation force le délestage de la majorité des activités moins urgentes (mais importantes).
6. Concrètement ça veut dire que des infirmières qui faisaient des suivis en clinique, ou donnaient des soins ambulatoires doivent se rapporter à des activités en CHSLD, en hôpital, en clinique pour remplacer celles qui sont tombées notamment etc...
7. Ça veut dire des chirurgiens qui pourraient faire de l'assistance chirurgicale pour libérer l'infirmière du bloc opératoire pour qu'elle soit déployée ailleurs. Ou des travailleurs sociaux qui seront envoyés faire des tâches cliniques dans d'autres milieux.
8. Concrètement, ça augmente le stress sur les employé(e)s. L'écosystème de la santé est fragmenté en professionnels qui ont une expertise dans un domaine et un milieu. Ils/elles ont aussi des vies domestiques à gérer et cherchent équilibre travail-famille.
9. Les professionnels de la santé ont majoritairement une grande capacité d'adaptation, mais elle n'est pas infinie et certains en ont moins que d'autres. Les déplacer de leur milieu mène parfois à des arrêts de travail, ou des démission (vers le privé notamment).
10. Je ne suis pas épidémiologiste. Ceci dit, l'épidémiologie n'est pas une mathématique brute. C'est le résultat de la culture d'une société, de l'histoire, de la géographie, des ressources sanitaires, de la démographie etc... Plusieurs éléments qui ne peuvent être changés.
11. Il y a un peu de fatalisme (cynisme?) dans le point #10. Mais je crois férocement, que l'on peut se forcer au meilleur de soi-même, tout en acceptant une part de fatalité (nos ainés le faisaient bcp mieux que les générations plus récentes d'ailleurs).