PRÉCARITÉ ET PAUVRETÉ CHEZ LES ÉTUDIANTS DEPUIS LA CRISE DU COVID-19 : CHIFFRES, TÉMOIGNAGES ET ARTICLES
Le but de ce thread rapide n’est pas de vous livrer une analyse complète des problèmes qui touchent les étudiants, mais de faire un rapide tour d’horizon de ces problèmes avec quelques chiffres. Je traiterai plus tard les sujets un à un plus en profondeur.
Tout d’abord, parlons chiffres.
En 2016, 46% des étudiants déclaraient avoir un travail à côté de leurs études. Ce temps de travail, c’est du temps en moins pour lire et réviser, c’est parfois aussi des cours auxquels nous ne pouvons pas assister. https://www.lemonde.fr/campus/article/2017/05/22/46-des-etudiants-travaillent-pendant-leurs-etudes_5131551_4401467.html
À côté de ça, on sait qu’en 2019 20% des étudiants vivaient sous le seuil de pauvreté. Et 23% des étudiants disaient avoir des difficultés financières. 23%, retenez ce chiffre parce qu’il triple en 2020, nous y reviendrons après. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/11/14/precarite-pres-de-20-des-etudiants-vivent-en-dessous-du-seuil-de-pauvrete_6019163_4355770.html
Les bourses sont souvent très insuffisantes pour beaucoup d’étudiants. Tout d’abord, beaucoup n’y ont pas droit alors qu’ils se serrent déjà bien la ceinture. Et pour ceux qui y ont droit, ce n’est pas toujours suffisant.
Seul 37,5% des étudiants sont boursiers, et dans le lot un tiers des boursiers n’ont droit qu’à la gratuité des frais d’inscription. https://www.ledauphine.com/france-monde/2019/11/13/logement-bourses-travail-comprendre-la-precarite-etudiante
Ainsi, en pleine crise du COVID-19, la Fédération des Associations Générales Étudiantes (FAGE) réclame une réforme des critères sociaux des bourses. https://start.lesechos.fr/societe/vie-ecole/precarite-etudiante-limpossibilite-pour-les-jeunes-de-vivre-dignement-1256114
Selon une enquête Ipsos commandée par la FAGE, 74% des étudiants ont eu des difficultés financières depuis le début de la crise du COVID-19. Je rappelle : ils étaient 23% en 2016. https://www.letudiant.fr/lifestyle/precarite-etudiante-on-n-a-jamais-connu-une-telle-situation.html
En temps normal, c’est 70% des étudiants ont un job d’été. Pour beaucoup ce job leur permet de financer leurs études et ainsi de moins travailler voire de ne pas du tout travailler pendant l’année scolaire. https://www.madmoizelle.com/job-ete-vacances-statistiques-809823
Avec la crise du COVID, une grande partie de ces étudiants n’ont pas pu trouver de travail cet été car énormément de commerces non-essentiels employant des étudiants sur la période étaient fermés. Même chose pour ceux qui travaillent au cours de l’année. http://etudiant.aujourdhui.fr/etudiant/info/coronavirus-les-jeunes-face-a-la-penurie-de-jobs-d-ete.html
Maintenant qu’on a donné quelques chiffres qui donnent une idée de la proportion de ce dont on parle, comment la pauvreté chez les étudiants se traduit concrètement au quotidien ?
Commençons par l’alimentation. En lisant Marianne, on apprend qu’en 2019, 60% des étudiants sautent des repas. https://www.marianne.net/societe/etude-exclusive-les-etudiants-litteralement-malades-de-la-precarite
Une partie des étudiants sont dépendants de l’aide alimentaire. https://www.lavoixdunord.fr/902801/article/2020-12-04/precarite-etudiante-sans-l-aide-alimentaire-je-ne-mangerais-pas
Dans des cas extrêmes, certains étudiants ne mangent qu’un repas par jour. https://etudiant.lefigaro.fr/article/precarite-etudiante-certains-sont-obliges-de-louper-deux-repas-dans-la-journee_148fc678-2a56-11eb-b69e-6fd578484a8d/
Maintenant parlons logement. Pour l’anecdote, j’ai eu l’occasion de vivre un logement du CROUS de Mont-Saint-Aignan pendant ma L2 : pas de chauffage l’hiver à part en février, très mauvaise isolation, ampoules changée des jours après une panne, pas d’isolation sonore...
Et encore, j’étais très très loin d’être le plus mal loti. J’étais en couple et nous avions le privilège d’avoir 23m² ! Du grand luxe par rapport à d’autres. Mon ex-copine avec qui je logeais avait vécu auparavant dans un 13m² à 450€ par mois !
Au CROUS, deux bâtiments avaient des appartements pour une personne de 9m², encore plus mal insonorisés. Beaucoup d’étudiants surnommaient ça les “cages à poules” en raison de la promiscuité.
À cause du manque de logements étudiants, des étudiants doivent se tourner vers des logements plus couteux au m², ce qui accentue leur mal-logement et leur pauvreté. C'est comme ça que mon ex s'est retrouvée avec 13m² au prix hallucinant de 450€ /mois.
https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2007-1-page-95.htm
https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2007-1-page-95.htm
Les mauvaises conditions de vie et le travail créent des problèmes de décrochage scolaire. La crise du COVID-19 a accentué ces problèmes matériels et donc les problèmes de décrochage scolaire. https://www.franceinter.fr/precarite-etudiante-pendant-le-confinement-j-ai-du-vendre-mon-ordi-je-n-ai-plus-rien-pour-travailler
Les cours à distance rendent l’apprentissage plus compliqué, surtout pour les L1 qui découvrent la scolarité post-bac. https://www.francebleu.fr/infos/education/strasbourg-j-ai-plus-envie-de-rien-faire-le-decrochage-des-etudiants-face-au-confinement-1607971362
Dans les logements étudiants comme dans beaucoup de banlieues et de campagnes, nombreux sont les étudiants qui ont un débit Internet insuffisant pour suivre des cours en webcam. Une barrière en plus pour les plus pauvres. https://www.elwatan.com/edition/actualite/le-faible-debit-dinternet-un-ecueil-pour-lenseignement-a-distance-25-08-2020
Tous ces problèmes créent de graves problèmes de dépression, dépressions qui ont augmenté avec la crise du COVID-19. https://www.letudiant.fr/lifestyle/Sante-mutuelle-et-assurance/solitude-depression-les-etudiants-sont-severement-touches-par-le-confinement.html
Ces problèmes ne sont pas à prendre à la légère. Dans les cas les plus graves, cela peut aller jusqu’au suicide comme nous l’avons vu en novembre 2019. https://www.liberation.fr/france/2019/11/11/a-lyon-la-tentative-de-suicide-d-un-etudiant-alerte-sur-la-precarite_1762726