1) On pourrait voir, en 2021, une "révolution" au #USSenate: la formation d'un "bloc centriste" faiseur de roi (et de lois). Trois conditions favorables:
- Un sénat sans majorité forte
- Des "centristes" (R et D) libérés des contraintes partisanes
- La tension Biden / McConnel ⬇️ https://twitter.com/NateSilver538/status/1329633974587695110
2) Traditionnellement, il n'y a que deux "blocs" au sénat américain: républicains et démocrates. Il y a deux membres par Etat, soit 100 sénateurs, donc une majorité à 51, ou 50+le Vice-Président qui a alors le vote décisif.
En 2021, la VP sera @KamalaHarris, démocrate.
3) Le 5 janvier 2021, deux "runoffs" (seconds tours) auront lieu en #Georgia, état gagné par Biden et les démocrates en novembre pour la première fois depuis... 1992. Les deux sortants républicains sont donc favoris.
On aurait alors au sénat: 52 R - 48 D, petite majorité R
4) Ce faible écart n'est pas inhabituel, la dernière fois qu'un parti a eu une majorité de 60 c'était en 2008-2010 (voir graphe).
Mais le faible écart 52-48 est majeur: il permettrait à seulement DEUX républicains d'inverser la majorité. https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/72/Combined--Control_of_the_U.S._House_of_Representatives_-_Control_of_the_U.S._Senate.png
6) Mais Jim Jeffords avait un profil assez particulier pour un républicain: pro-avortement, pro-environnement, pro-dépense publique...
Il était en fait proche de l'électorat "libéral" de son Etat, le Vermont. C'est d'ailleurs @BernieSanders qui l'a remplacé au Sénat.
7) Quels républicains aujourd'hui pourraient être les "centristes" formant ce bloc "révolutionnaire"?
Deux républicaines modérées, @SenatorCollins (Maine) et @lisamurkowski (Alaska), et un conservateur non-trumpien, @MittRomney (Utah).
8) @SenatorCollins vient d'être réélue, largement, sénatrice en novembre. Son mandat court jusqu'en 2026. Elle vient par ailleurs d'être élue malgré une très forte pression des démocrates suite à ses votes pour les juges nommés par Trump à la cours suprême.
9) Collins, républicaine, a gagné 51-42, alors que Biden, démocrate, gagnait le Maine 53-44. Sacrée performance.

Dans un état qui aime les indépendants et penchant plutôt à gauche, elle n'a pas grand chose à craindre à travailler avec le démocrates.
10) Elle a par ailleurs 68 ans, en aura 74 à la fin de son mandat, qui est son 5ème... Susan Collins est donc libre de toute pression électorale.

Elle est modérée (vote avec Trump 45% du temps seulement), même si sur les votes importants elle a tendance à tomber coté R.
11) @lisamurkowski est toute aussi libre, mais pour d'autres raisons. D'abord, elle est sénatrice de l'Alaska, Etat conservateur mais qui apprécie les indépendants.

En 2010, Murkowski, sénatrice sortante, avait perdu la primaire R, mais gagné en tant que candidate indépendante.
12) Elle sait donc convaincre l'électorat au delà des limites de son parti, et gagner contre celui-ci. Les républicains l'ont d'ailleurs soutenue quand elle a été réélue en 2016.

Un frein potentiel, c'est que Murkowski a un mandat qui se termine en 2022, dans deux ans seulement.
13) La perspective d'une élection qui arrive, quand la réélection dépend souvent beaucoup du soutien du parti, ça incite plutôt les élus à rester bien au chaud et plaire aux leaders et à la base du parti en question.

Mais en 2020, l'Alaska innove!
14) L'Alaska vient d'instaurer un scrutin préférentiel à deux tours, les 4 premiers du premier tour étant qualifiés pour le second.
Le scrutin préférentiel pousse à tenter de convaincre les électeurs des candidats qui ne gagneront pas (3è et 4è), parfait pour les modérés.
15) Et la qualification des 4 premiers pour le second tour veut dire qu'il n'est pas nécessaire d'être le préféré d'un des deux partis pour réussir à se qualifier.

@lisamurkowski est donc libre des pressions partisanes, et même incitée à s'en éloigner.
16) Murkowski est elle aussi modérée, ayant voté 59% du temps avec Trump (la moyenne des républicains est à 90%). Elle est à la fois plus conservatrice que Collins, et plus "rebelle", ayant été plus courageuse sur les votes importants que cette dernière.
17) Enfin le dernier est @MittRomney. Conservateur, candidat républicain à la présidence en 2012, mais anti-Trump, et lui aussi libre des contraintes partisanes.
Il a ainsi été élu à 60% 2018, année de vague démocrate, alors que Trump n'avait fait que 45% en 2016.
18) @MittRomney est par ailleurs riche (ancien magnat de la finance), et aura 77 ans à la fin de son mandat. Sa réélection, il peut donc s'en passer, si d'aventure le parti républicain réussissait à l'empêcher.
19) Enfin, sur le fond, Mitt Romney est un conservateur. Pourquoi irait-il contre le parti républicain?
En rejoignant le groupe centriste, il obtiendrait un pouvoir bien plus grand que marginalisé dans une majorité républicaine trumpiste.
20) Bref, 3 républicains, Romney, Collins, Murkowski. Cela ferait un Sénat avec 49 républicains, 48 démocrates et 3 "centristes". Vraiment?

En fait il y aurait sans doute des démocrates intéressés par ce groupe "centriste". Parce que modérés eux-mêmes, ou venant d'Etats "rouges"
21) On commence avec @JoeManchinWV, démocrate anti-avortement, pro-charbon, et anti-déficits. Elu de West Virginia, Etat qui a voté pour Trump à 68%...
Sortir du parti démocrate serait par ailleurs utile pour récupérer son ancien job qu'il adore, gouverneur de son Etat, en 2024.
22) On continue avec @SenatorSinema, démocrate qui professe son centrisme depuis son élection en Arizona en 2018, malgré son passé chez les Verts américains.
@SenMarkKelly, fraichement élu en Arizona, est dit modéré, de même.
23) Au delà de ces deux, peut être trois, démocrates, de nouvelles recrues sont peu probables.

On aurait donc un sénat avec: 49 républicains, 5/6 centristes, 45/46 démocrates.

Qui a le pouvoir?
24) Au Sénat US, le leader de la majorité contrôle l'ordre du jour, et c'est très très important. Même si certains sénateurs de la majo ne sont pas d'accord avec leur patron, ils ne peuvent pas le forcer à mettre un sujet à l'ordre du jour.
25) Et Mitch McConnell, le leader de la majorité R, en est le spécialiste, il en abuse depuis 2014. Il a refusé de mettre à l'ODJ les juges nommés par Obama, et refuse toute loi votée par la chambre des représentants à majorité démocrate. Un roi de l'obstruction.
26) Faiseurs de rois, les centristes auraient intérêt à pouvoir travailler avec les démocrates et les républicains, selon les sujets. Et donc à devenir maîtres de l'ordre du jour.
Sauf que s'ils rejoignent formellement les démocrates, le "majority leader" serait sans doute D...
27) à savoir @SenSchumer.
Ils ont donc tout intérêt à former un groupe (caucus) indépendant, permettant d'imposer l'un des leurs en tant que "majority leader".
Dans ce cas je mets une pièce sur @lisamurkowski.
28) Parce que la dernière raison qui pousse à cette "révolution", c'est la situation post-Trump. Biden est président, mais pour la première fois un président n'aura pas la majorité au Sénat en début de mandat.
29) Avec l'obstruction systématique de Mitch et les républicains pro-trump radicalisés, c'est l'assurance que rien ne pourra être voté au congrès pendant deux à quatre ans.
Aucun problème pour les conservateurs radicaux, mais pour nos centristes, c'est insupportable.
30) Pour finir ce (trop) long #thread, est-ce probable?

- peu de chances que les démocrates gagnent les deux runoffs en Georgia, ce qui ferait tout capoter
- toutes les autres conditions sont réunies.
- pour autant ça ne s'est jamais produit avant.

Improbable, mais possible !
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