THREAD ⚠️ Quelques analyses sur la conclusion aujourd’hui des négociations entre l’🇪🇺 et la 🇨🇳 sur un accord bilatéral portant sur les investissements.

LE TIMING: Les négociations ont débuté en 2013, il y a donc sept ans. Ce n’est donc pas un accord négocié en vitesse.
2/ En mars 2019, Macron, Merkel et Juncker avaient insisté sur la nécessité de finaliser l’accord avant fin 2020, un objectif également partagé par la présidence 🇩🇪 du Conseil 🇪🇺 qui se termine demain. On reste donc dans l'agenda prévu initialement.
3/ Il y a bien eu des réunions organisées juste avant cette deadline, auto-imposée, mais qui sont en lien avec des avancées concrètes, notamment des concessions 🇨🇳 faites à la dernière minute. On ne peut donc pas parler de rush côté 🇪🇺.
4/ De plus l’accord n'est pas entré en vigueur, après six mois d’analyse juridique du texte, et quatre mois de traduction, il y aura un débat et un vote au parlement 🇪🇺. La question se pose de savoir s'il y aura aussi besoin d'un vote des parlements nationaux, on le saura vite.
5/ LES AVANCÉES: Il faut reconnaître que la 🇨🇳 a fait des concessions attendues depuis longtemps par les 🇪🇺. C’est le cas en matière d’accès au marché 🇨🇳 pour les investissements 🇪🇺. Cette demande d’une meilleure réciprocité est au cœur des échanges depuis des années.
6/ La 🇨🇳 doit aussi faire preuve d’une plus grande transparence en matière de subventions publiques à ces entreprises, une demande également récurrente et constante des 🇪🇺 ces dernières années. Sur ces deux points, l’accord va donc dans le bon sens.
7/ Également, les concessions 🇪🇺 sont limitées, les concessions étant avant tout celles de la 🇨🇳. Cela est assez logique puisque le problème était surtout la nécessité d’amener la 🇨🇳 vers des pratiques depuis longtemps mise en œuvre par les 🇪🇺.
8/ Enfin, pour la première fois deux l’accord bilatéral, la 🇨🇳 s’engage sur un chapitre dédié au développement durable (un concept qui va bien au-delà des simples questions environnementales) ce qui n’était par exemple pas le cas dans l’accord phase 1 entre la 🇨🇳 et les 🇺🇸.
9/ LES INQUIÉTUDES. Des préoccupations légitimes et anciennes des 🇪🇺 portent, par exemple, sur la question du travail forcé, en témoigne notamment la conditionnalité faite entre des engagements 🇨🇳 et un accord bilatéral par le ministre délégué Frank Riester dans Le Monde.
10/ Sur ce point, si la question du travail forcé est évoquée dans l’accord, c’est une première, il n’y a pas d’engagement ferme de la 🇨🇳 à ratifier les conventions dédiées de l’OIT, notamment les #29 et #105. La 🇨🇳 s’engage simplement à « travailler à la ratification ».
11/ C’est donc une promesse assez vague faite par la 🇨🇳 qui, on le sait, n’a pas respecté de nombreuses engagements, notamment certains pris il y a 19 ans lors de son accession à l’OMC... La vigilance reste donc de mise.
12/ Cependant cela n’empêche en rien les 🇪🇺 de continuer à faire pression sur la 🇨🇳 à travers d’autres leviers, bilatéraux et multilatéraux, afin d’améliorer la situation des droits de l’homme notamment au Xinjiang, une préoccupation ancienne et constante des 🇪🇺.
13/ Une interrogation se pose également sur la nature contraignante, et à quel degré, du mécanisme de règlement des différends prévu. On sait que ces mécanismes ont parfois une portée limitée en témoigne le récent différend entre l’ 🇪🇺 et la 🇰🇷 ...
14/ Au-delà, se pose entre autres la question de l’adoption récente par la 🇨🇳 d’un nouveau mécanisme de surveillance des investissements pour des raisons de sécurité nationale qui pourrait in fine être utilisé, à des fins discrétionnaire, contre certains investissements 🇪🇺.
15/ LES CRITIQUES. Une des critiques porte sur l’absence de coordination avec les 🇺🇸. Elle est quelque peu paradoxale quand depuis quatre ans, mais également auparavant, les 🇺🇸 n'ont pas fait de cadeau aux 🇪🇺 et que la coopération sur la 🇨🇳 a été limitée.
16/ L’🇪🇺 n’a évidemment pas besoin de l’accord des 🇺🇸 pour signer un accord avec la 🇨🇳, un accord qui ne se fait pas contre les 🇺🇸, et qui est soutenu par des pays européens très proche des 🇺🇸 dont la 🇲🇨 qui ne s’y est pas opposée.
17/ Cet accord n’empêche par ailleurs en rien une meilleure coordination entre l'🇪🇺 et les 🇺🇸 sur de nombreuses questions liées à la 🇨🇳, du travail forcé à la question plus large des droits de l’homme, du changement climatique aux enjeux de compétition technologique.
18/ Une critique porte également sur l’accroissement de la dépendance des 🇪🇺 vis-à-vis du marché 🇨🇳. Alors on a vu récemment que des pays très dépendant de la 🇨🇳 pouvaient en souffrir en cas de détérioration des relations politiques, comme c’est le cas pour l’🇦🇺.
19/ Sur ce point, la 🇨🇳 essaye évidemment de nous seulement maintenir des investissements 🇪🇺 en 🇨🇳 mais aussi d’éviter une trop grande diversification des chaînes de production des entreprises 🇪🇺 au détriment de la 🇨🇳. Sur ce point, la balle est dans le camp des entreprises 🇪🇺...
20/ CONCLUSION: Un accord qui n’est pas parfait mais qui va dans le bon sens car répond à des demandes anciennes des 🇪🇺. Un accord qui satisfait les intérêts éco et politiques 🇪🇺et 🇨🇳, car tout gain 🇨🇳 ne se fait pas forcément au détriment des 🇪🇺, à nous donc de rester vigilants.
21/ Un accord limité, normal car il porte sur les investissements et n'est pas un accord de libre échange, qui n’empêche en rien ni aux 🇪🇺 de continuer à faire pression sur la 🇨🇳 sur des sujets clés, comme le travail forcé, ni n'empêche une plus grande coordination 🇪🇺🇺🇸.
22/ Reste à (1) évaluer, une fois l’accord ratifié et entré en vigueur, les bénéfices concrets pour les entreprises 🇪🇺 en 🇨🇳, (2) continuer d'accroître la coordination 🇪🇺sur la 🇨🇳. En cela une visite conjointe de Macron et Merkel en 🇨🇳 , courant 2021, pourrait être un tournant...
You can follow @AntoineBondaz.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

Latest Threads Unrolled:

By continuing to use the site, you are consenting to the use of cookies as explained in our Cookie Policy to improve your experience.