Trois modalités de relations chercheur-journaliste, un thread un peu présomptueux mais evidence-based 1/
*Préambule*: je donne pas mal d'itws et confesse volontiers un petit plaisir narcissique à avoir des quotes par-ci, par-là. Cyniquement, la visibilité médiatique est aussi encouragée par mon employeur 2/
Mais il y a au moins deux raisons plus nobles de se livrer à l'exercice: i) c'est aussi mon job, je n'aime pas trop l'idée du chercheur perché dans sa tour d'ivoire 3/
ii) préparer une itw, c'est ultra-utile pour mettre ses idées en ordre et appliquer à ses réflexions le salutaire rasoir d'Ockham. C'est aussi utile pour mettre à distance le pédantisme pourri qu'affectent de trop nombreux collègues 4/
Modulo: il faut se convaincre d'avoir qq chose d'intéressant à dire, que d'autres ne pourraient pas dire mieux. Or c'est une configuration assez rare et, de fait, je renvoie l'essentiel des sollicitations vers des collègues, de préférence sahéliens 5/
Venons-en aux trois modalités du tweet d'en haut.
*Modalité numéro 1*, la relation soutenue au fil du temps
La Terre est peuplée de reporters hyper-professionnel·les, à la curiosité insatiable, à l'esprit hyper-affûté et disposé·es à échanger sur la durée 6/
*Modalité numéro 1*, la relation soutenue au fil du temps
La Terre est peuplée de reporters hyper-professionnel·les, à la curiosité insatiable, à l'esprit hyper-affûté et disposé·es à échanger sur la durée 6/
Ces reporters parviennent à placer auprès des rédactions qui les embauchent (souvent de manière très précaire) à peine 10 pourcent de ce qu'ils / elles apprennent. Je suis éperdu d'admiration et d'affection pour ces gens et heureux d'être l'ami de certain·es 7/
*modalité numéro 2*, l'interview à chaud. Survient généralement quand tombe une mauvaise nouvelle. On sait pertinemment que "l'analyse" instantanée est une case à cocher dans l'exercice de style journalistique et qu'un universitaire ça donne un air sérieux et c'est gratuit 8/
Rien à foutre perso de ce genre d'exercice: on a pas les faits en main; le direct c'est stressant; on a le temps de rien dire. Une seule exception: faire passer un message en deux phrases. Mais ça devient de l'advocacy, pas de l'analyse, d'autres le font très bien 9/
On entend parfois l'argument "ouais mais dis oui, sinon c'est l'autre charlot de XXX qui va passer à la télé et dire n'importe quoi". Comme si on pouvait seul, par sa force de persuasion, endiguer le torrent des âneries dites "à chaud". Pas pour moi 10/
*modalité numéro 3*, l'envoyé·e spécial·e qui s'apprête à faire un grand reportage, n'y connaît rien et espère un cours magistral privé de rattrapage parce qu'il/elle est à la bourre. Son temps est important, voyez-vous, pas le vôtre évidemment 11/
Pluie de questions débiles, festival d'approximations. Inutile de préciser que ce sont généralement ces journalistes dont on entend généralement plus parler par la suite. Je me laisse encore piégé à dire oui et je ne sais pas pourquoi 12/
Le must (true story): "je pars la semaine prochaine au Burkina, il me faudrait un village qui a été attaqué par les djihadistes et des témoins qui ont perdu leurs proches, pourriez-vous m'aider?" On flirte avec la ligne rouge éthique: ignore list direct 13/
Récap:
- modalité numéro 1
- modalité numéro 2
- modalité numéro 3
Excellent weekend à toutes et tous 14 et FIN/
- modalité numéro 1

- modalité numéro 2

- modalité numéro 3

Excellent weekend à toutes et tous 14 et FIN/