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L'intersectionnalité est l'expression la plus vicieuse, la plus sournoise, du racisme systémique suprémaciste blanc. Un thread.
L'un des principes de l'intersectionnalité est une antienne sociologique extrêmement mal maîtrisée chez la plupart des sociologues contemporains. On pourrait l'appeler "déterminisme social".
L'idée est simple. Nous croyons que nous pensons par nous-mêmes, que nos choix se fondent sur notre libre arbitre, et que nous agissons de notre propre initiative. Le sociologue est là pour dissiper cette illusion:
chacune de nos pensées, chacun de nos choix, chacune de nos actions est l'effet de notre milieu social. Nous ne pensons jamais, ne choisissons jamais, n'agissons jamais, c'est notre milieu social qui le fait pour nous.
Bien entendu, l'illusion d'être libre est elle-même l'expression de ce déterminisme.
Les points faibles de ce principe sont nombreux, j'en relèverai un seul. Il n'y a plus d'individus, il n'y a que des modes d'expression de forces sociales. Or sans individus, on ne voit pas de quoi la société serait formée.
La sociologie, avec le déterminisme social, élimine son propre objet d'examen, et par là supprime sa raison d'être. A ce stade de la réflexion, du reste, l'intersectionnel moyen a cessé de suivre.
Passons. L'intersectionnalité affirme donc que, si on est raciste, c'est en vertu d'influences croisées dont nous ne savons pas que nous les subissons. Nous sommes, en d'autres mots, déterminés à être racistes.
Ainsi, les héros des films sont blancs, ce qui suggère qu'il y a plus de valeur à être blanc. Ainsi, les poupées représentent des marmots blancs, ce qui suggère à l'enfant noir que sa couleur de peau le rend indigne d'être représenté.
Les exemples sont infinis. Il en résulte une ambiance générale par laquelle on trouve normal que les blancs aient un statut plus avantageux que les noirs. C'est donc un système, et c'est pour cela que les intersectionnels disent que le racisme est systémique.
Là aussi, les faiblesses de cette thèse sont nombreuses. D'abord, de ce qu'il y a un système raciste, il n'y a aucune raison de dire que le racisme est, par définition, systémique. C'est une inversion.
D'autre part, si vraiment nous sommes racistes en fonction d'influences que nous ne percevons pas comme telles, il n'y a pas de faute dans le racisme. Pas plus qu'il n'y en a à éternuer quand notre nez est chatouillé.
En faisant du racisme le produit d'un déterminisme social, l'intersectionnel absout tout simplement les racistes de l'être. Là aussi, du reste, l'intersectionnel moyen a cessé de suivre.
Pour lutter contre le racisme, l'intersectionnalité a trouvé un magnifique outil, qui est la déconstruction. En un mot, il faut, quand on est blanc, passer en revue tous les réflexes qui exprimeraient inconsciemment la conscience (!)
d'accorder plus d'importance aux blancs qu'aux noirs. Ai-je dit "Bonjour" à un noir comme je l'aurais fait à un blanc? N'y avait-il pas dans ma poignée de main une nuance condescendante qu'il n'y aurait pas eu si j'avais serré celle d'un blanc?
Cela, quoique d'un travail infini, semble convaincant, mais laisse de côté le principe dont j'avais parlé, savoir le déterminisme social. Si je suis déterminé à être raciste, alors je suis tout autant déterminé à me déconstruire.
Ou alors mes pensées, mes choix et mes actions ne sont pas dictés par mon appartenance à mon milieu, et toute la théorie est invalidée.
En d'autres termes, en me déconstruisant, je continue à exprimer mon statut de blanc privilégié, puisque j'ai un privilège à déconstruire. Et, partant, je continue à affirmer ma supériorité aux noirs.
Ainsi de bons bourgeois piaffent-ils de plaisir à voir Assa Traoré en couverture du Times. Sont-il plus lucides que les autres, à se déconstruire!
Et sont-il gentil envers les noirs, à leur faire l'aumône d'une couverture de magazine! Ils utilisent ainsi les noirs pour se faire valoir.
Tant qu'une domination est visible, on peut se révolter contre elle. Mais quand elle se donne les apparences de ne pas en être, alors elle assoit tranquillement son pouvoir.
Vous voulez en finir avec le racisme? Il faut en finir avec l'intersectionnalité.
