Thread sur la notion philosophique du secret
Il faut avant tout faire la distinction entre mystère et secret, c’est un lapsus que de faire d’en faire des synonymes. En philosophie, comme en étymologie, les deux termes sont différents:
-Le mystère c’est avant tout un concept mythologique, religieux. Initialement les mystères ( orthographiés à l’epoque comme « mistère) étaient des représentations théâtrales de légendes bibliques. Il y a un aspect sacré dans le mystère. On parle par exemple, du mystère de la foi.
-Le secret lui dans sa définition est beaucoup plus centré sur sa relation avec l’autre, c’est une vérité connue par un nombre limité d’individus, connue par le privé . Et il vient directement étymologiquement s’opposer à la république, ( en latin la chose publique)
C’est interessant parce que de nos jours on dit baigner dans les secrets avec l’élaboration de théorie du complot alors que nous vivons paradoxalement en république, où toute chose devrait être connue du grand nombre.
Pourtant les tensions de la crise du corona, sont la preuve (avec les nombreuses théories du complot au sujet du virus) qu’une fissure informe s’est faite entre ce qui caractérise la transparence et ce qui caractérise la chose secrète.
Le secret est justifiable lorsqu’il est assumé pour une cause plus grande. C’est un des principes du machiavélisme ( le fait de penser que la fin justifie les moyens ) et que de ce fait cacher pour le bien commun recèle une cohérence et finalement une morale.
Prenons par exemple le cas de Kira dans death note (l’exemple le plus simple j’en conviens), il considère que sa vision du monde et de la justice amènera au salut de l’humanité et que pour cela il doit se salir les mains, lui le « dieu » .
L’Homme étant trop con pour le comprendre, lui le Dieu, il se doit de masquer son identité et sa façon d’opérer pour ne pas compromettre les plans de light Yagami. Pour cela il se complaît dans le secret, il cache la vérité. C’est la vision machiavéliste du secret.
Alors pourquoi un secret ne doit il pas être révélé, puisque chacun est libre d’interpréter un secret?
Tout simplement parce que le secret ne vit que par son inexistence par rapport à autrui. Au moment même où le secret est révélé, il perd sa nature pour devenir une vérité. Si Miura avait brisé le secret autour du Behelit, l’Histoire n’aurait pas eu de sens car pas d’éclipse.
L’intérêt même du secret c’est de provoquer la surprise. Si toute chose est une vérité, yaurait-il réellement une saveur dans ce monde ?
On en revient donc aux principes du secret. Si le secret a pour vocation de provoquer la surprise, alors le secret doit par essence être révélé. Le secret pour exister ne doit pas être connu mais sa nature fait qu’il doit disparaître pour laisser place à une vérité.
Bien sur on peut objecter en disant qu’un secret qui disparaît avec celui qui a formé son secret, ne pourra jamais devenir une vérité puisque son maître est mort. Néanmoins un secret existe que par celui qui en ai le maître donc si maître meurt le secret existe il vrmt?
Comme dans toutes notions l’Homme arrive encore à prouver son aspect paradoxale avec le sujet du secret :
-On vit dans un monde où la transparence est de plus en imposée. Les gens demandent la fusion entre le public et le privé. On affiche celle qui a couché avec un tel parce que c’est « une pute » alors que tout ça relève du privé.
-Ce qui est contradictoire puisque de plus en plus de secrets se forment. L’humain vient cacher, ses sentiments, ses envies comme ses dégoûts dans une envie de « paraître» devant les autres. Et cela à cause de sa peur profonde de ce qu’il est. Il se cache dans le secret pour fuir
Effectivement, celui qui sait, celui qui est dans la confidence d’une vérité cachée sera au dessus de celui qui ne connait pas ce secret. Il y a donc une hiérarchisation des forces entre deux individus sur une échelle purement dérisoire.
Puisque le secret est une création humaine, et que la Vérité est universelle et transcende l’Homme. Alors pourquoi yaurait il un rapport de force entre celui qui est dans la confidence et celui qui ignore un secret?
Celui qui doit garder le secret n’est il pas dépendant de son rapport à l’autre et ne vit il pas dans la peur de devoir révéler un jour ce secret? On peut revenir à la relation de maître et esclave de Hegel. Celui qui connaît un secret est il plus libre que celui qui ignore?
Et d’ailleurs n’est il pas l’esclave de celui qui ne connait pas le secret car révéler son secret ça serait perdre cette petite domination qu’il a sur l’autre? En somme il y a dépendance.
Le secret est donc un outil machiavélique, un moyen de mettre de la vie dans nos vies, mais aussi un rapport biaisé à la domination.