Un point important à propos du fait qu’il y aurait chaque année “70 000 femmes mariées sous la contrainte”. Ce chiffre a une histoire particulière qui éclaire les usages politiques de la cause des femmes. Ce chiffre apparaît en 2003 dans un rapport du Haut Conseil à l’Integration

A cette époque là, des débats ont lieu qui visent à aligner l’âge nubile des filles sur celui des garçons, c est à dire 18 ans.

Pour défendre cet alignement, on va procéder à de rapides calculs. On va se dire, par exemple, qu’il y a 60 millions de personnes vivant en France. On va se dire aussi qu’il y a environs 6 % d’étrangers. On va se dire que 25 % de la population à moins de 20 ans.

C’est là que tout se joue puisqu’il y a eu en effet (grossièrement, n’est-ce pas) 70 000 femmes dites “étrangères” âgées de 15 à 18 ans, en France. Et c’est donc la population entière des femmes “étrangères” âgées de 15 à 18 ans qui ont été jugées menaçables d’un mariage forcé

Donc la phrase véritable n’est pas “il y a en France 70
000 mariages forcés” mais : “il y a en France 70 000 filles qui seraient protégées de la menace d’un mariage forcé SI on relevait l’âge du mariage de 15 ans à 18 ans”.

Dit autrement, il n’y a pas (eu) 70 000 femmes mariées de force en France mais 70 000 femmes étrangères présentes sur le territoires français à un temps t et qui on été âgées de 15 à 18 ans

Ce qui est fascinant c’est que dès le départ on va considérer que le mariage sous la contrainte ne concerne qu’une partie du groupe des femmes, les “etrangeres”, et on va projeter l’idée que toutes sans exception et exclusivement elles affrontent cette violence patriarcale

Que dire alors quand on entend @MarleneSchiappa et d’autres avancer le chiffre de 200 000 ? Sûrement sont-Ils partis de l’idée que le nombre de femmes dites “étrangères” en France a explosé, qui peut savoir

Des femmes subissent des violences terribles chaque jour et ces femmes méritent mieux que voir leur vie réduite à des fiches précisant des éléments de langage, déformant à dessein la réalité empirique afin de mieux la réformer selon la modalité centrale du racisme

Cette question est régulièrement précisée par des travaux de recherche mais pour pouvoir les lire, les comprendre, et agir, encore faut-il que la condition sociale des femmes soit la boussole qui oriente