Un petit thread sur l'utilisation du glyphosate.
Car au dela du désir désormais bien connu des agris de tout ravager, son utilisation peut aussi être motivée par des raisons écologiques.
Déjà pour situer le propos, je suis éleveur herbager et on fait des céréales (17%de la sau) pour être autonome en paille et grain (blé, orge, avoine).
Je suis un petit producteur de céréales en zone de montagne et en alternance avec de la prairie.
J'ai découvert le semis direct en 2007 sur un forum dédié appelé AGRICOOL.
Traditionnellement, mon père labourait et je crois qu'il aime bcp ça.
Néanmoins, au delà de l'aspect esthétique et simple de la démarche, certains aspects problématiques m'ont poussé à me questionner.
1/L'érosion.
On a des sols légers très sensibles à l'érosion.
Divers épisodes cevenols ou tout simplement orages m'ont fait prendre en compte ce pb qui peut prendre des dimensions impressionnantes.
Surtout lorsque l'on sait que le rythme de création est d'1 cm/siècle.
C'est très clairement la fertilité qui part en premier. Reste les cailloux.
C'est à ce titre que l'on a généralisé les semis de prairies sous couvert de céréales et quasiment arrêté les semis d'herbe à l'automne.
2/La vie du sol.
Très clairement, le labour détruit une bonne partie de la vie du sol. En premier lieu les vers de terre, mais il faut imaginer un carabe enfoui sous 20cm de terre suivi d'un passage de herse rotative.
On n'a jamais non plus été de grands fans du dechaumage.
Le dechaumage en pleine chaleur détruit et assèche tous les réseaux mycellaires qui alimentent les plantes notamment en phosphore.
En gros les plantes troquent du sucre contre du P.
3/Le travail.
Le labour +semis, c'est long, souvent imparfaitement nivelé et surtout ça sort les pierres.
Sur certaines parcelles, le ramassage des pierres est de loin, l'opération la +chronophage.
Il m'est aussi arrivé de passer plusieurs jours/ha après avoir dechaumé au chisel
Mais tout ce travail, c'est aussi bcp de gnr(carburant), de vieillissement du matériel, de pièces d'usures, donc au final pas mal de consommation d'énergie.
Je précise que l'on a des terres assez usantes.
4/Le carbone.
Toutes ces consommation de carburant émettent bien sûr du co2.
3 kg/litre de gnr. Mais c'est aussi valable pour le gazole.
Mais ce que je n'avais pas appréhendé avant AGRICOOL c'est ce que le retournement et le travail du sol émettait comme co2.
L'humus c'est du carbone et de l'azote.
Lorsque l'on parle de minéralisation, on parle de la destruction de ce lien qui va amener de l'azote à la plante,du lessivage de nitrates et aussi du co2 dans l'atmosphère.
Ce que j'ai découvert sur ce forum donc c'est une méthode de semis couplé avec une volonté de maximiser la photosynthèse par l'omniprésence de couverts en interculture qui vont venir enrichir le sol, idéalement des légumineuses qui amènent aussi de l'azote.
C'est l'agriculture de conservation.
Ça répond complètement à toutes les problématiques suscitées.
Seul inconvénient :sortir d'une prairie sans travail du sol nécessite d'utiliser une matière active qui a engendré toutes les polémiques possibles et imaginables.
Le glyphosate.
A ce stade, je précise le couvert qui puisse étouffer une prairie de dactyle ou de fétuque n'existe pas.
Pour faire factuel :
S'il a été considéré comme cancérigène probable par le circ(je ne vais pas le comparer aux boissons chaudes sinon on va me dire que je reprends les éléments de langage de l'agrochimie), aucune agence (inter)nationale n'a trouvé de caractéristique de ce type.
C'est probablement un des phytos les plus inoffensifs.
Néanmoins, il est aussi à noter que son utilisation en interculture ne laisse aucun résidus dans les aliments.
Il se degrade en phonophosphate qui est aussi la molécule qui a remplacé les phosphates dans les lessivés.
Sa demi vie est très courte et il n'est pas rémanent. (on peut même désherber en post semis pré levée)
L'utilisation que j'en fais ne profite nullement à Bayer puisque j'achète du générique vu que la molécule est tombée dans le domaine public il y a pas loin de 20 ans.
Quant à l'impact carbone de la production de glyphosate, c'est autour de 3 kg de co2 /kg de matière active.
Soit 1l de gnr.
Voilà un peu pourquoi dans mon contexte j'ai choisi cette option.
Je résume :
Pas d'érosion, respect de la vie du sol, consommation de gnr/3,stockage de c
Des rendements équivalents, moindre obsolescence du matériel...

Je mesure qu'avec tout le tapage qui a été fait autour de ce produit, ce thread puisse interpeller, néanmoins je ne manquerai pas de répondre à toutes vos questions avec toute l'objectivité possible.
Je voulais aussi préciser qu'on laboure encore certaines parcelles (le père) et que ça donne aussi des repères pour comparer.
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