Je reviens sur cette vidéo abondamment commentée sur Twitter… et largement incomprise hélas. Elle est révélatrice du degré d'obscurantisme de l'actuelle dérive animaliste.
Ce cerf ne "pleure" pas sa "compagne" et il n'y a ici ni chagrin, ni conscience. On explique ?
[thread] https://twitter.com/pierrelescure/status/1336630212960940033

Comme on le constate sur la publication originale, ces images ont été filmées en Amérique du Nord en novembre, en pleine période de reproduction des cerfs de Virginie. Ce que l'on y voit n'est rien de plus qu'un cerf en rut cherchant à s'accoupler.
https://www.facebook.com/willharrisfc/videos/10103213248297154/
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Il ne s'agit pas d'un couple, cette biche n'est pas la "compagne" du mâle. Les cerfs ne forment de couples que dans les dessins animés de Walt Disney : dans la réalité, mâles et femelles vivent séparément la quasi-totalité de l'année, en hardes distincts.
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La cellule familiale chez les cerfs se limite à la biche, son faon de l'année et celui de l'année précédente avant qu'il ne s'émancipe. Les mâles sont indifférents à leurs conquêtes d'un instant, comme à leur progéniture...
(ici, cerf élaphe, © http://www.dehondt-desmets.fr/article-cerf-qui-es-tu-116851877.html)
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Ce mâle de passage a donc simplement été attiré par les phéromones émises par la biche en chaleur fraîchement abattue, encore perceptibles. On le voit sentir la vulve de celle-ci...
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De façon très caractéristique, on le voit également "muser", c'est à dire humer l'odeur émise par la femelle en retroussant la lèvre supérieure, pour conduire celle-ci vers son organe de Jacobson situé dans la cavité nasale...
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Ce comportement, appelé flehmen, est courant chez de nombreux mammifères. L'organe de Jacobson ou organe voméronasal, complément des bulbes olfactifs, joue un rôle clé dans la reproduction des cervidés en leur permettant d'identifier le moment où les biches sont en chaleur.
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Ici, le cerf n'est pas en train de tenter de ranimer la femelle, ni de lui dire "Hé, qu'est-ce qu'il t'arrive ?" : il cherche instinctivement à la monter, rien de plus. Mais ça se passe pas tout à fait comme d'habitude...
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Obscurément dépité par l'échec de sa tentative, notre cerf finit par s'éloigner à la recherche d'une autre biche en chaleur, la précédente étant aussitôt oubliée...
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Qu'il ne manifeste pas plus de crainte à quelques mètres à peine du chasseur qui filme la scène et de sa petite fille n'est pas étonnant : sous l'effet des hormones sexuelles, le comportement du cerf est profondément perturbé en période de rut...
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Obsédé par l'accouplement, le cerf s'alimente à peine en période de reproduction, devient beaucoup moins craintif et manifeste à l'occasion des comportements... inattendus.
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Il n'y a donc ici aucune compassion, aucune empathie, aucune "sentience". Uniquement l'expression d'un comportement instinctif. Le reste n'est que projection sur l'animal de sentiments purement humains : de l’anthropomorphisme.
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Mais dans les tweets sur cette vidéo et dans leurs commentaires, d'autres sentiments proprement humains se projettent aussi sur cette scène, beaucoup moins reluisants, ceux-là : la médisance, la calomnie, l'intolérance, la haine due à l'ignorance...
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Il suffit de se reporter à la publication originale sur facebook pour constater qu'en fait de rire de cette scène, ce chasseur et les commentateurs sont simplement conscients d'assister à une expérience peu habituelle et marquante, mais naturelle.
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Si ce chasseur n'en a pas profité pour tirer ce cerf, c'est qu'il n'en avait ni désir ni besoin : ayant déjà prélevé un autre cerf, ils ne souhaitaient pas en tirer plus. Vous trouverez sur son compte d'autres vidéos, témoignant qu'il aime autant observer que prélever.
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Et oui, j'ai écris "prélever" : ce n'est ni un euphémisme ni une gêne à l'idée de reconnaître que nous tuons. Simplement l'expression exacte d'une réalité : nous prélevons de façon mesurée, sans menacer les espèces chassées.
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Ce qui est nécessaire, pour tout dire : le cerf de Virginie est en Amérique du Nord une espèce devenue très abondante, au point de causer d'importants problèmes de dégâts aux milieux, de dommages agricoles et de collisions routières...
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Enfin, oui, il semble que la petite fille de ce chasseur chasse elle aussi, avec son père. Mon Dieu, une enfant, qu'avons-nous dit là ?
Cette famille pratique simplement une activité profondément naturelle, qui ne doit rien à la cruauté ou quoi que soit de cet ordre..
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Les cerfs ne sont pas #Bambi. Les animaux ne sont pas "sentients". La question de la "conscience animale" est un champ de recherche en friche, largement incompris, instrumentalisé par les fanatiques antispécistes et les animalistes béats...
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Les exemples d'incompréhension de ces réalités naturelles pourtant très simples sont hélas légion sur les réseaux sociaux. Le témoignage d'une société citadine et néo-rurale coupée de la nature qu'elle fantasme, et à laquelle tout est à expliquer…
#IlsSachentNousChassons
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