[Blog] La mobilité vers l’école : un enjeu de santé publique trop souvent oublié des politiques publiques

👉L'article complet : https://blogs.alternatives-economiques.fr/chassignet/2020/12/07/la-mobilite-vers-l-ecole-un-enjeu-de-sante-publique-trop-souvent-oublie-des-politiques-publiques

Synthèse ici (à dérouler) ⤵️
12 millions d’élèves sont scolarisés dans nos écoles, collèges et lycées. Ceux-ci se déplacent au moins 2 fois/ jour, 5 jours / semaine, 36 semaines / an…

Et pourtant, la mobilité de ces 12 millions d’élèves reste un angle mort des politiques publiques
https://www.education.gouv.fr/les-chiffres-cles-du-systeme-educatif-6515
Très peu d’enquêtes permettent de quantifier et comprendre cette mobilité. Les grandes enquêtes nationales n’étudient pas cet enjeu.

De même, les EMC² réalisées dans les grandes agglomérations françaises laissent généralement de côté cet enjeu.
En septembre 2020, @UNICEF_france a publié un sondage qui permet d’y voir plus clair :

➡️Le moyen de déplacement principal des écoliers est la voiture (47%), devant la marche (38%), les transports collectifs (5%), le vélo et la trottinette (4% chacun).
https://harris-interactive.fr/opinion_polls/sondage-aupres-des-parents-deleve-sur-les-trajets-domicile-ecole-et-le-principe-des-rues-scolaires/#rapport
Cette part importante de la voiture se retrouve aussi pour des distances courtes

➡️Même lorsque l’établissement scolaire est situé à une distance comprise entre 500 m et 1 km (soit une dizaine de minutes à pied) 34% des élèves se font accompagner en voiture.
Cette thèse de Stéphane Godefroy donne des résultats qui concernent les collégiens du Nord et de l’Aisne.

➡️En 2002 – 2004, 50% d’entre eux se rendaient au collège en transport collectif, 20 à 25% accompagnés en voiture, environ 20% à pied et 3% à vélo
https://ori-nuxeo.univ-lille1.fr/nuxeo/site/esupversions/76f6b368-3860-4225-ad97-d6c1f22d8057
On y découvre également que pour 36% de ces collégiens, le choix du mode de transport est imposé par les parents.

👉Cela pose la question de l’autonomie des élèves dans leur mobilité, mais aussi du danger perçu par les parents (notamment pour le vélo)
C’était mieux avant?

Selon @Onaps_officiel «ces 30 dernières années, la proportion de déplacements effectués à pied par les enfants et adolescents de plus de 6 ans pour se rendre dans leurs établissements a diminué de 20 points, passant de 52,1% à 32,3%»
http://www.onaps.fr/data/documents/190917_ONAPS_RC%202018%20final.pdf
«La proportion de déplacements à 🚲 pour le même motif a diminué de + de la moitié, passant de 7,5% à 3,3%»

Alors que presque 60% des enfants se rendant sur son établissement scolaire par une «mobilité active» à la fin des années 1980 ce n’est plus le cas que de 36% d’entre eux
Pourquoi un tel effondrement des mobilités actives ?

Parce que les distances ne permettent plus de marcher vers l’école ?
👉C’est peu probable puisque le maillage territorial des établissements scolaires a peu évolué ces dernières années
En raison de contraintes professionnelles ?

C’est peu probable également :
👉Le taux d’emploi est le même aujourd’hui qu’à l’époque (environ 80% pour les 25 – 49 ans)
👉Le temps de travail a diminué entre ces 2 périodes
Plus généralement, @MatttRab et @cyprien_richer montrent que le pourcentage des trajets réalisés à vélo (tous modes de déplacement confondus) par les publics scolaires s’est effondré à Lille et Grenoble sur les 3 dernières décennies
https://journals.openedition.org/belgeo/35298 
Les chiffres sur la mobilité des publics scolaires et l’effondrement récent de leur pratique d’une « mobilité active » sont inquiétants du point de vue de l’effet de l’inactivité physique sur la santé.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) recommandent au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée chez les adultes et 60 minutes par jours chez les enfants.
Or selon l’ANSES, « seulement un tiers des adolescents de 11 à 17 ans pratique au moins 60 minutes par jour d’activité physique, et 63% des adultes de 18 à 79 ans pratiquent au moins 150 minutes par semaine d’activité physique »
https://www.anses.fr/fr/content/plus-d%E2%80%99activit%C3%A9-physique-et-moins-de-s%C3%A9dentarit%C3%A9-pour-une-meilleure-sant%C3%A9-0
Par rapport aux autres pays, la France se classe parmi les mauvais élèves, et même dernière en Europe pour le niveau d’activité des filles de 11 à 17 ans (et antépénultièmes pour les garçons du même âge).
https://www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S2352-4642%2819%2930323-2
Selon le Pr Paul Menu, chirurgien cardiaque et membre de la Fédération Française de Cardiologie :
« en 1971 les enfants mettaient 3 minutes pour faire 600 mètres, aujourd'hui il leur faut plus de 4 minutes. Ils ont perdu 25% de leurs capacités cardiaques» https://www.laprovence.com/article/sante/6148768/la-sedentarite-tue-plus-que-le-tabac-pr-paul-menu.html
Or, un des moyens les plus efficaces pour atteindre le niveau d’activité physique recommandé (et le pérenniser) c’est de l’intégrer dans ses habitudes du quotidien, et notamment en réalisant certains déplacements à pied et à 🚲 plutôt que se déplacer (ou se faire déplacer) en 🚙
Alors quelles sont les solutions pour sortir de cette impasse ?

Sans chercher à être exhaustif, voici quelques initiatives efficaces et simples à mettre en œuvre ⤵️
La 1ère solution est toute simple mais rarement appliquée : faire respecter le code de la route aux abords des établissements scolaires…

👉Et oui, une école n’est pas un drive !
Solution n°2 : certaines villes prêtent des vélos aux élèves, comme par exemple la ville de Labège qui prête un vélo aux enfants à partir de 3 ans. https://twitter.com/M_Chassignet/status/1326440810368430082?s=20
Solution n°3 : les « Challenges de l’écomobilité scolaire », comme celui organisé dans les Hauts-de-France qui permet de commencer à faire changer les habitudes en misant sur l’aspect ludique.
https://challenge-ecomobilite-scolaire.fr/ 
Les premiers retours d’expérience montrent que les parents sont globalement satisfaits et souhaitent la pérennisation des rues scolaires

Bien sûr, quelques automobilistes pourront se sentir dépossédés de leur liberté et ils trouveront le moyen de le faire savoir haut et fort
Mais nul doute que les maires qui auront le courage de généraliser les rues scolaires en récolteront les fruits dans les urnes :
le sondage réalisé par l’UNICEF montre que 87% des parents sont favorables à la mise en place d’un tel dispositif autour de l’école de leurs enfants.
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