Je voudrais vous expliquer plus en détail l'idée derrière ce nouveau rapport.

Souvent le mot « subsidiarité » effraie, ou ennuie. Mais il faut s'y confronter. Les régions ont beaucoup souffert dans cette crise.

Et c'est aussi un problème politique. 👇 https://legrandcontinent.eu/fr/2020/12/07/gestion-de-crise-subsidiaire/
Scène de pandémie : Vous, un agent.

8 heures du matin, rue passante.

Vous sortez de votre immeuble. Vous retournant après avoir tourné la clef dans la serrure, votre regard est attiré par une barrière métallique érigée en travers de votre rue, là où vous passez d’ordinaire...
... pour aller acheter votre pain, emmener vos enfants à l’école ou consulter votre médecin.
Vous vous approchez de la barrière et interrogez l’agent de faction.

Vous : Bonjour. Pourquoi cette barrière ?
Agent : C’est pour empêcher la propagation de l’épidémie.
Vous : Il y a donc beaucoup de malades de l’autre côté de la rue ?
Agent : Pas plus qu’ici.
Vous : Et ici ?
Agent : Pas plus que là-bas, il me semble.
Vous : Et pour aller acheter mon pain, emmener mes enfants à l’école, consulter mon médecin ?
Agent : C’est interdit. Pour travailler, peut-être...
Vous : … je pourrai passer ?
Agent : D’ici quelques jours. Peut-être. On ne sait pas encore.
Vous : Et qui a décidé ?
Agent : Le gouvernement [XYZ].
Vous : Qui est venu ici, donc ?
Agent : Non.
Vous : Je n’ai jamais pu voter pour élire le gouvernement [XYZ].
Agent : Moi non plus. Vous savez, cela n’a jamais été notre gouvernement.
Vous : Mais s’il n’y a pas plus de malades d’un côté que de l’autre, on aurait pas pu au moins mettre cette barrière à un endroit...
... moins passant. En périphérie de la ville. Là où personne ne passe pour aller acheter son pain, pour … (même jeu)
Agent : Non.
Vous : Alors pourquoi ?
Agent : Mais enfin… LA FRONTIÈRE !
L’histoire schématisée ci-dessus, plusieurs millions d’Européens l’ont vécue au printemps dernier lorsque, de manière unilatérale et sans aucune consultation des autorités locales, les frontières internes de l’Union se sont brutalement refermées. Il ne s’agit pas d’une histoire..
abstraite ou purement symbolique, mais du vécu, presque toujours déstabilisant et parfois dramatique, d’un grand nombre de citoyens.

Craignant pour leur population, les États ont fermé leur frontières, pour la première fois depuis trente à soixante ans, sans tenir compte...
des réalités de bassins de vie transfrontaliers intégrés. Les ressentiments se sont accrus des deux côtés de la frontière, dans la quasi-indifférence des opinions publiques nationales accaparées par la diffusion du virus et les mesures d’urgence. Des citoyens européens ont été...
pris à partie de leur propre pays de résidence après qu’ils ont parlé leur langue maternelle en public. Des nationaux vivant à l’étranger depuis des années ont été rapatriés, alors que les travailleurs frontaliers ne pouvaient pas même faire passer la frontière à leurs enfants.
Dans le même temps, le centralisme de beaucoup d’États a empêché les acteurs locaux de trouver des solutions pragmatiques et souples et d’expérimenter une gestion de crise plus en prise avec le terrain. Beaucoup d’arrêtés (municipaux notamment) ont été cassés.
Mais la coordination s’est malgré tout mise en place. Les responsables régionaux ont pris contact les uns avec les autres pour coordonner leur action, y compris dans les zones transfrontalières. Faute de compétences, bcp de régions ont cependant renoncer à une organisation...
propre. Les populations ont subi des mesures nationales homogènes, qui, du fait des disparités dans la situation épidémiques, étaient disproportionnées dans certaines zones et inefficace dans d’autres.
À l’été, les fermetures de frontières désorganisées du printemps ont été présentées comme des erreurs à ne pas reproduire. Sans toutefois être formellement exclues à l’avenir. Une coordination s’est mise en place, et les régimes sont aujourd’hui plus souples, même si...
les mesures de quarantaine restent toujours contraignantes dans des zones extrêmement intégrées.
Cette histoire pose plusieurs grands problèmes institutionnels :

A. Un problème de _subsidiarité_ d’abord. Le gouvernement central prend la plupart des décisions sans consulter les échelons inférieurs, qui auraient pourtant été capables de traiter partiellement ou entièrement...
le problème. Les citoyens ont le sentiment légitime que la décision leur est imposée de loin.
B. Un problème de _représentativité_ dans les régions frontalières ensuite. Des territoires totalement intégrés sont dépourvus de toute représentation démocratique unifiée. Pourtant, ces territoires, de fait, « font déjà société » et pourraient légitimement – au moins autant...
par exemple qu’un département ou une métropole – se doter d’une organisation opérationnelle propre.
C. Un problème d’_autonomie_ et d’_équité_ enfin. Un gouvernement national (le vôtre ou celui du pays voisin) peut, sans considérations des spécificités de votre territoire pourtant totalement intégré en temps normal, vous imposer des mesures qui sont beaucoup...
plus contraignantes que celles qui pèsent sur vos concitoyens, simplement parce que vous vivez en zone frontalière.
Il y a là un problème politique fondamental qui mérite d’être davantage thématisé.

Dans notre rapport, nous faisons plusieurs propositions en ce sens, en s’inspirant notamment de la méthode subsidiaire qui a bien fonctionné en 🇩🇪🇧🇪🇨🇭 :
1) Fédérer les échelons locaux, régionaux et eurorégionaux en Europe autour d’une charte qui consacrerait la nécessité d’une gestion subsidiaire des crises. Une telle coalition « par le bas » politise le sujet, l'inscrit dans la durée et fait contre-poids au centralisme d'État.
2) Cartographier systématiquement les bassins de fin pr identifier les espaces qui méritent de faire l’objet d’une planification de crise et d’une institutionnalisation plus importante, et éviter les divisions arbitraires de l’espace qui créent bcp d’angoisses et d’incertitude.
3) Imposer au niveau 🇪🇺 la création de groupements régionaux (GECT) dans toutes les zones frontalières, permettant de donner une voix aux populations de ces bassins. Ces institutions devraient pouvoir rendre un avis, à chaque fermeture de frontière, voire pouvoir s'y opposer.
4) Structurer davantage la gestion de crise au niveau du Conseil européen pour permettre un échange constructif et éviter les mesures unilatérales.
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