L’universalisme au défi de l’intersectionnalité et ses dérives décoloniales-indigénistes, et de l’usage politique du «sentiment d’offense».
Thread philosophico-politique
Thread philosophico-politique

Tour d'horizon...
1. Origine de l'intersectionnalité et communautés identitaires
2. L'universalisme?
3. Décolonialisme-indigénisme et leurs emprunts
4. L'usage du sentiment d'offense
5. La logique à l'oeuvre
6. Attaque de la démocratie libérale
7. Conclusion
8. Sources
1. Origine de l'intersectionnalité et communautés identitaires
2. L'universalisme?
3. Décolonialisme-indigénisme et leurs emprunts
4. L'usage du sentiment d'offense
5. La logique à l'oeuvre
6. Attaque de la démocratie libérale
7. Conclusion
8. Sources
A l’origine, l’intersectionnalité est un procédé de sociologie "critique» utilisé pour rendre manifeste la situation particulière d’individus qui cumulent les discriminations (couleur/genre//classe, etc)
Issu de l’afroféminisme, il répond à un problème juridique : l’obligation de préciser en droit US la nature de la discrimination subie- le genre ou la couleur ? Les situations de discriminations conjointes (femme + noire) sont déboutées.
Le concept fait florès dans les unifs américaines, épouse d’autres mouvements jusqu’à métaboliser les groupes d’action collective contre les discriminations en communautés identitaires, fermées, "non-mixtes".
L’intersectionnalité y catégorise, distingue et rassemble les êtres humains sous des qualités (race/genre/...) qu'ils "sont", et constitue leur identité à l’intersection de ces qualités, exclusives les unes des autres (blanc vs non-blanc).
A rebours, l’universalisme affirme que l’humain (comme essence, comme nature) possède, en tant qu’individu, des qualités qui sont secondes/secondaires et ne font «que» qualifier les êtres humains sans les affranchir de la communauté humaine
Sans les affranchir de ce commun que l’intersectionnalité évapore dans ses catégories, et qui fonde immédiatement une communauté de compréhension possible entre «nous» via le partage de facultés: l’âme au MA, la raison pour les modernes...
Cette communauté d’essence est, pour rappel aux distraits, au fondement des luttes historiques que nous avons menées pour l’égalité en droit dans les sociétés occidentales, et poursuivies depuis le 17es vers l’égalité concrète des droits et des libertés
Pour donner naissance au décolonialisme et à l’indigénisme durs, le procédé intersectionnel a mué en doctrine et amalgamé les ressorts d’autres thèses relativistes, issues du tournant linguistique et des pensées de la déconstruction dont
1/Les thèses de Wittgenstein, pour qui a) les groupes se définissent par des jeux de langage, des formes de vie qui répondent à des règles/normes/valeurs internes, b) dont la définition et l’usage sont "incompréhensibles" aux autres groupes
2/ Les thèses de penseurs libéraux comme Rorty pour qui, dans le cadre démocratique libéral, multiculturel, chacun/groupe a le droit de se vivre et de se comprendre selon ses normes, ses valeurs, et au respect de ses choix. (indigénisme)
3/ Pour «assurer» la coexistence, un critère : «ne pas humilier, offenser» où humilier signifie décrire les autres dans son «langage», imposer ses règles du jeu, ses normes et valeurs, ses concepts et constructions (décolonialisme)
C’est l’origine du «sentiment d’offense» qui est mobilisé par la "cancel culture" pour faire taire les «discours sur» des (présumés) dominants. Le sentiment est brandi, non l’argument, puisque ce dernier supposerait une communauté de langage.
N.B: L’universalisme interdit aussi de se figer et figer les autres dans des concepts/valeurs/jugements, mais pour des motifs à l'opposé : comme principe d’ouverture nécessaire à l’exercice de la raison, à l’autocritique et l’intercompréhension
Etre universaliste n’est pas un état, une autre identité, un subterfuge, la défense d’une doctrine métaphysique. C’est l’effort inlassable de la raison/conscience comme ouverture et projet des libertés pour un monde plus libre/intelligent en commun
Politiquement, les thèses identitaires ont servi à la gauche culturaliste US, et autres affidés, pour déconstruire le système politique : si chaque groupe a ses normes/valeurs, au nom de quoi leur imposer celles de la démocratie libérale?
Si tout groupe a ses valeurs, au nom de quoi imposer l’égalité plutôt que la complémentarité (féminisme intersectionnel), la liberté plutôt que l’obéissance (totalitarisme), la démocratie plutôt que l’oligarchie (libertariens)?
Seul un projet de liberté et d’égalité peut supprimer les différentes formes de domination et de discrimination –ce que garantit la démocratie en droit, et qu'elle doit sans cesse concrétiser en fait.
Conclusion: deux modèles qui s'opposent
Relativisme-universalisme
Identité-individu
Qualités-facultés
Communautés fermées–communauté humaine
Incompréhension-compréhension possible
Cancel culture (domination)-culture critique (ouverture)
régime politique ?-démocratie
Relativisme-universalisme
Identité-individu
Qualités-facultés
Communautés fermées–communauté humaine
Incompréhension-compréhension possible
Cancel culture (domination)-culture critique (ouverture)
régime politique ?-démocratie
Sources:
Crenshaw: https://law.ucla.edu/news/intersectionality-30-qa-kimberle-crenshaw
Ludwig Wittgenstein, Recherches philosophiques, Éditions Gallimard.
Richard Rorty, Contingency, irony and solidarity, Cambridge University Press
David Barral, https://journals.openedition.org/transatlantica/3053
Crenshaw: https://law.ucla.edu/news/intersectionality-30-qa-kimberle-crenshaw
Ludwig Wittgenstein, Recherches philosophiques, Éditions Gallimard.
Richard Rorty, Contingency, irony and solidarity, Cambridge University Press
David Barral, https://journals.openedition.org/transatlantica/3053