Aujourd'hui, je vais vous raconter l'histoire du Vasa 🇸🇪
"Vas-y, c'est quoi le Vasa?"
Le Vasa était un navire de guerre suédois, un 3 mâts plus exactement, un des plus gros de tous les temps.
Mis en service le 10 août 1628 et coulé... le même jour !!!
Thread ⤵️
Dans les années 1620, l'Europe toute entière est embrasée par la Guerre de 30ans, apogée du conflit entre catholiques et protestants.
La Suède, quant à elle, est en plein siècle d'or (le Stormaktstiden), où elle est passé de pays insignifiant à grande puissance nordique.
Voir cette guerre sous le spectre Catholiques VS Protestants est simpliste.
Certains pays ont changé d'alliances au gré des victoires ou des défaites, bien au-delà du fond de conflit religieux.
La Suède n'était pas en reste et luttait pour assoir sa domination sur la Baltique
Le roi de l'époque s'appelait Gustave II Adolphe, de la maison Vasa, la famille royale qui a fait rentrer la Suède dans le siècle d'or.
Gustave est un roi soldat reconnu comme un des plus grands stratèges de son temps.
Et Gustave veut une marine digne de ce nom.
En effet, la marine était le talon d'Achille de la Suède (plus branchée armée de terre) et au bout de 10ans de règne, Gustave II voulait qu'on le craigne aussi bien sur mer que sur terre.
Il a en bonne partie réussi.
Enfin, il fallait un vaisseau amiral qui en impose !
C'est pourquoi il commanda un monstre flottant, qui symboliquement porterait le nom de sa famille : le Vasa.
Longueur : 69m hors de tout
58 canons et 6 obusiers
Tirant d'air (Hauteur hors eau) : 50m
437 hommes dont 300 soldats !
Une vraie forteresse sur mer!
Les travaux débutèrent en 1626, et ne subirent que quelques aléas classiques de l'ingénierie navale.
Le principal accroc (et pas des moindres) fût que le cahier des charges a été modifié en cours de route : il fallait le bateau soit ENCORE plus gros!
(Les hommes et la taille 😏)
Il fallait aussi qu'il transporte plus de canons
Le 2nd pont à canon a été semble-t-il rajouté en fin de chantier alors que les études de charge et de résistance ont été faites sur un navire plus bas
Comme avant chaque catastrophe, quelques voix se sont élevées, mais ignorées...
Les signaux d'alerte étaient pourtant bien présents : lors des phases de test (avec 30 hommes) la stabilité du navire, du fait de son poids et de sa hauteur, a été remise en question...
Mais il y avait un planning à tenir, et le roi voulait son navire amiral dans les délais !
Vint alors le jour de l'inauguration : le 10 août 1628.
Le Vasa fut mis à l'eau et déploya fièrement ses voiles dans le port de Stockholm qui l'a vu s'élever.
Il salua d'une salve de ses puissants canons et prit la mer pour rejoindre sa flotte... et là, c'est le drame !
A peine après être sorti de la zone abritée du port, une forte rafale de vent gonfla ses voiles et le bateau s'inclina violemment à bâbord !
Les voiles furent ramenées à la hate, ce qui stabilisa un moment le bateau...
Mais à peine quelques instant plus tard, une autre rafale coucha à nouveau le navire.
La catastrophe s'empira alors très vite : pour permettre les tirs de canons, les sabords ont été ouverts... et n'avaient même pas eu le temps d'être fermés !
Le Vasa commençait à prendre l'eau!
A la différence du Titanic, le drame se jouait à peine à 120m du rivage, où les riverains contemplaient la scène, complètement horrifiés !
Plusieurs villageois et pêcheurs ont pris leur radeaux ou embarcations pour porter secours aux marins en détresse.
Certains ont pu regagner les berges par leur propres moyens, mais malheureusement une 50aine d'entre eux périrent avec le Vasa... après moins de 2km de voyage...
Le roi, à l'étranger au moment des fais, ne fut informé de la catastrophe que 2 semaines plus tard.
« Imprudence et négligence » ont été la cause, écrit-il avec colère et exigeant en termes clairs que les coupables soient punis!
Le capitaine, qui a survécu, fut mis aux arrêts et jugé.
Les marins et les ingénieurs navals formèrent alors 2 camps qui s'accusaient mutuellement.
L'enquête a mis à jour des défauts de conceptions... mais qui répondaient aux demandes royales!
Le roi ayant approuvé toutes les modifications, ça ne pouvait finir qu'en non-lieu.
Le rapport de causes de l'accident mentionne même un "Dieu seul le sait"
Circulez, y a rien à voir.
Indemnisons les veuves et on n'en parle plus
On pourrait croire l'histoire finie...
Que nenni!
Il y a une 2ème partie, aussi passionnante que la 1ère.
Le renflouage du Vasa!
Les tentatives pour récupérer la carcasse du navire ont été nombreuses quelques jours seulement après le naufrage.
Puis le navire est tombé dans l'oubli...
Jusque dans les années 1950 où il éveilla l'intérêt d'archéologues !
Un certain Anders Franzen, archéologue et chasseur d'épaves était parti du constat que la Baltique préservait les épaves des navires en bois.
Ceci était dû à la quasi absence de Taret dans ces eaux froides : un micro mollusque bouffeur de bois!
Partant de là, il y avait une chance de retrouver le Vasa en bon état... 330ans après son naufrage !
Il ne restait plus qu'à le trouver.
Après plusieurs opérations de plongée et de carottage, le Vasa fut finalement retrouvé en 1956!!
Le remonter ne fut pas une chose simple
A plus de 50m de profondeur et enfoui, il fallut le dégager de la vase quasiment à la petite cuillère
Puis le remonter progressivement à faible profondeur pour le stabiliser avant de le déplacer
Finalement, il est mis en cale sèche en 1961
Pour le protéger des intempéries et pour préparer le chantier titanesque de sa reconstitution, un abri a été construit autour du navire.
Cet abri s'est enrichi en même temps que d'autres éléments étaient repêchés et le navire reconstitué.
Ce bâtiment est maintenant un musée !
Le Musée Vasa, est un endroit simplement fascinant, qui permet d'observer ce splendide navire, reconstitué par le travail de générations d'archéologues, scientifiques et historiens depuis 60ans.
Au-delà du navire, et encore plus touchant à mon sens.
Les archéologues ont repêché les corps de la plupart des personnes qui ont péri sur ce navire.
Certains ont même pu avoir leur visage reconstitué par modelage!
Les morts des grandes catastrophes étaient des personnes et non de simples chiffres
Voir leur regards ainsi reconstitués, pleins de dignité, a été une des expériences les plus troublantes de ma vie dans un musée.
On apprend alors qu'il y avait quelques femmes parmi les marins...
Le mot de la fin serait pour moi une réflexion sur l'ironie du destin et de l'histoire.
Ainsi, le Vasa, qui aurait dû faire la gloire du roi Gustave II, en coulant au bout de quelques heures a incarné la honte de sa vie.
Pourtant...
Préservé par la Baltique, il est presque 400ans plus tard, le seul bateau de cette époque encore intact et tous les suédois connaissent son nom et son histoire (sans compter les millions de touristes qui viennent lui rendre hommage)
La plus belle des revanches pour le Vasa
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