DERNIÈRE MINUTE : selon @BloombergGov et @Arctic_Today, Donald Trump va bien organiser la vente aux enchères des parcelles pétrolières dans la Réserve Naturelle Sauvage #Arctique (ANWR) d'Alaska le 6 Janvier 2021. 😫

De fait, les enjeux sont énormes.
ENFILADE ⬇️⬇️⬇️
De quoi parle-t-on exactement ?

On parle de l’ANWR (Arctic National Wildlife Refuge), la Réserve naturelle sauvage arctique des États-Unis.

Créée en 1960 et agrandie plusieurs fois, l’ANWR atteint aujourd’hui 78000 kilomètres-carré (autant que la Suisse et les Pays-Bas réunis).
Dans ces 78.000km2, il y a trois zones distinctes. La zone d’habitat sauvage en tant que telle, 32.000km2. La zone dite de "gestion minimale", 40.900km2.

Et enfin, la zone côtière de l’Océan Arctique appelée la "Zone 1002" : 6.100km2. C’est cette partie-là qui nous intéresse…
Le sous-sol de la "Zone 1002" renfermerait, selon diverses estimations réalisées depuis les années 1960, plus de 10 milliards de barils de pétrole restants à découvrir et exploiter.

Depuis bien avant Trump (1977), ce pétrole en fait saliver plus d’un… Entrons dans le détail !
En 1980, le Congrès vote l’ANILCA : loi "pour la conservation des terres d’intérêt national en Alaska".

La section 1002 de la loi créé la zone éponyme et oblige le ministère de l’Intérieur (DOI) à conduire des études approfondies dans cette zone pour en déterminer le potentiel.
Cette section 1002 est évidemment le fruit d’un compromis entre les élus Républicains — majoritaires en Alaska et partisans de l’exploitation — et les parlementaires Démocrates qui militent pour une interdiction.

Avec l’ANILCA, ils décident de repousser la décision à plus tard…
La question de la Zone 1002 va ainsi devenir un serpent de mer de la politique énergétique américaine.

Au total, depuis 1977, le Parti Républicain va tenter 50 fois de faire voter au Congrès l’ouverture de la Zone 1002 aux pétroliers. 50 fois sans succès… jusqu'en 2017.
Des centaines de millions de dollars de lobbying auront été englouties en 40 ans pour ce faire mais les Démocrates ont tenu bon pendant que, en Alaska, la production pétrolière baissait, l’économie se contractait, la corruption augmentait et Sarah Palin est devenue gouverneure…
En 2014, un an avant que les États-Unis prennent la présidence tournante du Conseil de l’ #Arctique — l’organe diplomatique de référence dans la région — Barack Obama va proposer de renforcer les interdictions d’exploiter l’ANWR, et en particulier la Zone 1002.

En vain…
Face à cet échec, Barack Obama va interdire directement — sans l’aval du Congrès — l’exploitation pétrolière dans les eaux côtières de la Zone 1002.

On est alors quelques semaines à peine avant la passation de pouvoir avec Donald Trump et les espoirs de conservation sont hauts…
Mais vous connaissez la suite…

En 2017, les Républicains ont désormais le contrôle des deux chambres du Congrès et en Décembre ils votent une loi obligeant le gouvernement à organiser l’ouverture de la Zone 1002 à l’exploitation pétrolière; loi que Trump va appliquer avec zèle.
Ainsi, comme le prévoyait la loi de 1980, le ministère de l’Intérieur (DoI) a dû s’exécuter et préparer un plan d’ouverture à l’exploitation pétrolière de cette Zone 1002 ainsi qu’une étude d’impact environnemental.

Ce processus démarré en septembre 2019 a pris fin en août 2020.
Les élus d'Alaska sont pour. 3 raisons :

1) Relancer le secteur pétrolier en Alaska, actuellement en perte de vitesse, qui est le moteur de l’économie de l’État.

2) Tirer parti du fait que les champs pétroliers terrestres en #arctique sont de moins en moins chers à exploiter.
3) Redonner une valeur stratégique à l’Alaska sur la scène nationale et internationale.

Négligé depuis la fin de la Guerre Froide, cet État 🇺🇸 d’ #OutreMer peine à attirer des investissements publics. Les infrastructures se délitent et les militaires reviennent péniblement…
Même si les risques environnementaux sont évidents, connus, identifiés et quantifiés, les élus d’Alaska sont persuadés qu'ils n’ont d’autre choix que de passer par le pétrole et par les nouvelles "menaces" stratégiques en #Arctique pour exister et attirer des capitaux.
De plus, la principale société autochtone locale (ASRC) est aussi en faveur de l’exploitation pétrolière dans la partie Nord de l’Alaska car elle va en bénéficier.

L’alignement d’intérêts est ici quasi-total. Et tant pis pour l’environnement : c’est le développement d’abord.
Même si d'autres organisations autochtones locales (Gwch'in) ont choisi d'attaquer ces décisions favorables en justice, l'administration va pouvoir procéder à la vente des licences d'exploration pétrolière dans la zone 1002 le 6 Janvier prochain.

Biden est impuissant.
Les Démocrates ne pourront pas bloquer les contrats signés par l'administration Trump. Seule la Justice pourra (éventuellement…) les casser ou casser les évaluations d'impact environnemental réalisées en 4ème vitesse par le DoI sur lesquelles sont basés les contrats pétroliers.
Si la Justice ne casse pas ces contrats, ils seront bel et bien irréversibles.

Toutefois, ça ne veut pas forcément dire que — même munis de leur licence d'exploration — les pétroliers pourront forer dans la Zone 1002.

Si ça vous intéresse, j'en parlerai dans une 2è enfilade 😇
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