Curieux sentiment de voir Joakim Noah prendre sa retraite. Stix from Hell’s Kitchen. C’est le joueur qui aura été le plus fascinant à couvrir. C’est l’anti Tony Parker. TP, la 1ère fois où je l’ai vu jouer, à 15 ans, je n’avais aucun doute sur sa réussite...
Joakim, c’est une autre histoire. J’ai croisé sa route pour la 1ère fois au ABCD camp de 2000, oui le ABCD ayant révélé LeBron. Stix, ce surnom lui allait comme un gant, était tout dégingandé, avec un sourire dévoilant ces dents du bonheur made in Noah. On lui donnait 13 ans.
Au ABCD, il était ball boy, assis avec un balai pour régulièrement essuyer les gouttes de sueur perlant sur le parquet. « L’année prochaine, je serais sélectionné parmi les meilleurs lycéens du pays » m’a-t-il alors annoncé sans forfanterie. Je n'y ai pas cru une seconde.
C’est idiot je le sais et condescendant au possible sans l’avoir vu jouer mais avec son allure chétive je ne l’imaginais pas une seule seconde se frotter aux spécimens physiques et athlétiques d’alors, les OJ Mayo, Bill Walker, Kendrick Perkins, Leon Powe…
Joakim ne sera pas sélectionné pour les ABCD camps de 2001 et 2002. Un soir d’octobre 2002, je le croise par hasard. Enthousiaste, avec sa dégaine habituelle rehaussée par son poignet éponge rastafari « Viens me voir jouer à Poly Prep ! ». Il est délire ce kid. Quelle confiance !
Jo adolescent à New York, c’est tout un poème. Natif de la Grosse Pomme, il l’a quitté très jeune pour y revenir à 13 ans. Gotham a immédiatement reconnu l’enfant du pays. Un hustler, un ovni Frenchie/New Yorker/Kamer/Viking made in NYC. Unique.
Quand il se promène dans son quartier de Hell’s Kitchen, les gars du block ont le sourire. « Hey Stix is here ! Wadup Stix ! » C’est l’un leurs. « Je kiffe mon quartier, quand tu te balades là-bas, ça pue mais c’est bon ! »
Avec le homie @ThomasUrbain1 on va le voir jouer lors de sa saison 2002/2003 au lycée de Poly Prep. Mouais. On découvre une asperge rageuse, volontaire un brin trop lente, tirant à 3 pts, évoluant contre des lilliputiens….
Après le match Thomas s’est transformé en photographe pour une séance photos culte pour France Soir, où Joakim posait tout en se tenant au filet, flashant son poignet éponge rastafari. L’air désinvolte. On adore le gamin, mais le joueur ne passe pas le eye test.
Son mentor Tyrone Green n’a lui aucun doute. Pendant toute l’année il fait bosser Joakim sur les terrains du Queens. L’été Noah reste à NY, il s’entraîne sans relâche, se fait humilier lors des tournois mais ne recule jamais. Never ever !
Il est sélectionné au ABCD Camp 2003. Je crains de le voir se faire plier par Dwight Howard ou Andray Blatche. Quel idiot. Associé à Robert Swift, il terrorise l’opposition. He is dominating. Les scouts NCAA me demandent de lui refiler leurs cartes de visites. Ça sera Florida.
En 2004/2005, je vais le voir sur le campus de Gainesville, le freshman joue peu et se fait terrasser par une mononucléose. Il partage sa chambre avec un autre freshman, Al Horford, qui brille sur le terrain. Joakim me semble très loin du niveau du fils de Tito…