Fil : Aujourd'hui on célèbre le Bienheureux Jan Van Ruusbroec, un des plus grands mystiques catholiques du Moyen Age. Originaire du Brabant, ayant reçu une instruction limité et modeste, il transforme le prieuré de Groenendael en une communauté spirituelle des plus rayonnantes.

Son œuvre est traduite au XVIe siècle en latin par Surius, un chartreux de Cologne. La chartreuse de Cologne est connue pour son travail de traduction des œuvres des mystiques rhéno-flamands qui vont se diffuser et ainsi influencer la spiritualité de la Contre-Réforme.

L'œuvre de Ruusbroec est lue par les jésuites, les carmes réformés, les capucins... Elle fait partie des classiques de la littérature spirituelle au XVIIe siècle. Sa mystique est toute affective, fondée sur l'imitation de Jésus-Christ qui s'élève ensuite à l'union avec Dieu.

C'est cependant une œuvre contestée surtout lorsque Ruusbroec dit que l'âme peut dépasser tout intermédiaire pour être divinisée. C'est la contemplation "suressentielle" : être avec Dieu en unité, sans différence et sans intermédiaire.

En France, l'œuvre de Ruusbroec a été violemment attaquée d'abord par Jean Gerson et surtout par Bossuet. Le fait que les quiétistes se soient revendiqués de lui n'a pas aidé à sa cause. Après la condamnation de ces derniers, Ruusbroec tombe dans l'oubli.

Il faut attendre le XIXe siècle pour entendre à nouveau parler de lui. Ce sont d'abord les écrivains qui s'intéressent à son œuvre : Huysmans, Bloy, Hello (qui la traduite) et Maeterlinck. Puis sa cause avance : il est béatifié par saint Pie X en 1908.

Ruusbroec, bête noire des gallicans Gerson et Bossuet revient en grâce dans le clergé ultramontain français. Son œuvre est présente dans le "Précis de théologie mystique et ascétique" d'Adolphe Tanquerey qui a eu une grande influence dans les séminaires français au XIXe-XXe s.

Le dominicain Garrigou-Lagrange ne craint pas non plus de citer dans ses écrits sur la spiritualité. Enfin le regain d'intérêt pour la mystique au XXe (Bergson, P. Joseph Maréchal, Henri Delacroix) lui donne un regain d'intérêt, limité certes, mais existant.