- 𝙌𝙪𝙚 𝙨𝙞𝙜𝙣𝙞𝙛𝙞𝙚 𝙚̂𝙩𝙧𝙚 𝙛𝙧𝙖𝙣𝙘̧𝙖𝙞𝙨 ?
- 𝙌𝙪'𝙚𝙨𝙩-𝙘𝙚 𝙦𝙪𝙚 𝙡'𝙞𝙙𝙚𝙣𝙩𝙞𝙩𝙚́ 𝙣𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣𝙖𝙡𝙚 ?
- 𝘾𝙤𝙢𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙡𝙖 𝙙𝙚́𝙩𝙚𝙧𝙢𝙞𝙣𝙚-𝙩-𝙤𝙣 ?

Ces questions sont primordiales dans le débat public aujourd'hui, apportons-y quelques réponses.
L'identité collective, d'un groupe donné, donc, se définit comme la « conscience de la continuité de ce groupe ».
Elle est une dimension ethno-culturelle du groupe, c'est à dire qu'elle concerne à la fois la biologie et la culture.

Car très logiquement, la continuité d'un groupe est à la fois biologique (il faut bien se reproduire et les chiens ne font pas des chats) et culturelle.
Par exemple, un asiatique de culture française n'est pas dans la continuité biologique du pays, il vient d'ailleurs, mais un Français de Souche complètement intégré à une autre culture n'est pas dans la continuité culturelle de la France, il vit ailleurs.
Rien de bien compliqué.
Le biologique est le substrat sur lequel s'inscrit le culturel.

Je ne traiterai pas ici de la continuité biologique, de l'appartenance par la filiation, ce sera pour une autre fois, je parle ici de la continuité culturelle.
L'identité collective a plusieurs caractéristiques selon Jean-François Chantaraud :
- la mémoire collective ;
- les codes relationnels ;
- le projet collectif ;
- le lien au territoire.
Autrement dit, cette identité collective, cette conscience de la continuité du groupe concerne logiquement le passé (mémoire collective), le présent (les codes), et l'avenir (le projet) de ce groupe sur *UN* territoire donné.
La mémoire collective est la somme des récits concurrents, contés pour représenter le passé et enraciner le groupe sur le territoire.

La mémoire étant une reconstruction, toutes les mémoires collectives sont des variantes de romans nationaux.
Les codes relationnels sont la somme des gestes et signes symboliques utilisée pour codifier et encadrer les interactions quotidiennes et individuelles.

Cette somme est porteuse d'un sens propre, sens qui peut différer entre nations et cultures distinctes.
La spécificité des codes relationnels est que leur diversité est moins facilement intégrable dans une société donnée.

On peut avoir un roman national différent, avoir des coutumes différentes est plus difficile et dit quelque chose des individus choisissant ce positionnement.
Il ne peut y avoir une infinité de langues sur un même territoire, ni une infinité de manières de dire bonjour, de se saluer, nous avons besoin d'une ou plusieurs normes pour accélérer les interactions sociales.
Le projet collectif est l'ensemble des schémas politiques, religieux ou idéologiques dans lesquels la population souhaite se projeter ou diriger son avenir.
Enfin, rien de tout cela n'est désincarné, cela prend place sur un territoire qui est donc marqué par ces trois temporalités.
Le lien au territoire examine donc la façon dont un peuple s'approprie un territoire et lui attribue des marques reconnaissables concernant la mémoire, les codes ou les projets de cette population.
Pour chaque peuple, on pourrait poser des caractéristiques précises selon ces critères.

Il peut y avoir plusieurs projets, plusieurs catégories de codes, plusieurs mémoires, mais ils sont généralement tous inclus dans une perspective culturelle donnée.
Ainsi, les projets collectifs peuvent être assez divers dans une nation comme la France, mais un projet politique telle que la chariah n'est pas cohérent avec celle-ci.

Pourquoi ?
Parce que ce projet n'est cohérent ni avec l'histoire, le passé, ni avec le présent, les codes culturels du pays, sauf pour une minorité.

Ce qui n'est pas le cas d'autres projets, soit actuel, comme la République ou qui ont été appliqués en France, comme la Monarchie.
Il y a toujours eu des militants de la République en France depuis la fin du Moyen-Age, et des militants monarchistes depuis 1793, on ne peut pas vraiment dire la même chose de la chariah, idée très neuve sur le territoire, pour le moins.
Dans les codes relationnels, on trouve beaucoup de dimensions cachées, que l'anthropologue Edward T. Hall avait examinées.

Par exemple :
- la proxémie et la temporalité ;
- le langage et ses composantes ;
- l'habillement ;
- les relations jeunes/vieux, hommes/femmes, etc.
Ces codes relationnels permettent de mettre en forme de fluidifier les rapports sociaux entre eux, par l'établissement d'une référence locale.
Et beaucoup sont inconscients, comme ici :
En l'absence d'intégration ou de compréhension du référentiel local, l'interaction entre deux personnes donne lieu à des malentendus, des petits chocs sociaux, que nos amis d'en face appellent les « micro-agressions ».
Le référentiel, dont la politesse fait partie, est l'outil auquel les individus se raccrochent pour gérer ces interactions. Evidemment ce référentiel dépend énormément de la culture locale.
Vous trouverez quelques exemples dans ce fil.

Celui-ci concerne la relation homme/femme par le truchement de l'habillement.

C'est on ne peut plus clair. https://twitter.com/Polydamas/status/1019880673522446336
Comme nos amis d'en face ne cessent de le répéter, changer un seul de ces éléments est anodin.
Mais modifier toute une palette cohérente de ces éléments au profit d'autres palettes aussi cohérentes, chacune homogène culturellement, c'est modifier la manière dont le présent est vécu, c'est le signe d'un changement de codes relationnels, donc d'un changement sous-jacent.
Ce changement sous-jacent peut être un changement politique (entre la Monarchie et la République, certaines coutumes ont été considérablement modifiées), ou plus simplement un changement de population.
La mémoire collective comprend les événements qu'a vécus cette collectivité.
L'individu reconnait il ses aïeux dans cette histoire ? 
S'y reconnait-il ?
Il peut y avoir plusieurs récits concurrents, mais tous concerne un seul et même territoire, pas la planète Mars.
Ces éléments permettent d'expliquer pourquoi une nation universaliste, au sens littéral du terme, n'a aucun sens.
Si seul le projet collectif peut se projeter dans cette idée d'universalité (parce qu'il s'agit d'une idée non impliquante), dans les faits, ce n'est pas possible car les autres dimensions ne peuvent être universelles :
- les codes relationnels ne peuvent pas tout dire à la fois, et être tous acceptés en même temps, on a besoin d'une norme locale ;
- la mémoire collective peut accepter plusieurs récits, mais ceux-ci doivent concerner le territoire en question. Si le récit passé concerne (...)
(...) une autre terre, une distance identitaire et culturelle commence à se créer ;
- et enfin, le territoire n'est pas extensible à l'infini.
Si on interprète le projet universaliste de manière moins naïve, celui-ci peut proposer des droits à n'importe qui dans le monde, il n'empêche que, socialement, la vie quotidienne est remplie de coutumes marquées qui ne sont pas adaptées et adaptables à tous.
C'est dans ce sens qu'une certaine droite affirme que la République a trahi la France.

Le système politique propose des droits universels à tous sans tenir compte des micro-agressions extrêmement nombreuses au niveau des interactions sociales entre communautés distinctes.
Le système politique est censé représenter et gérer le pays, il fait exactement l'inverse en supposant un Homme déraciné, sans cultures, sans coutumes, auquel il accorde des droits, et c'est la société qui est chargée de vivre au quotidien avec ces personnes qui ont (...)
d'autres codes, d'autres cultures, avec toutes les conséquences que cela suppose.
En ce sens, « aimer la France » NE SUFFIT PAS, ce sentiment n'existe que d'un point de vue politique, futur, ce n'est qu'une intention, mais s'il n'est pas secondé par un enracinement, un attachement au terroir et aux codes, ce ne sont rien d'autre que des paroles en l'air.
Admettons par exemple que la France devienne instantanément peuplée de gens venant d'ailleurs.

Pourquoi ne serait-ce plus la France ?
Parce que le passé commun de ces peuples ne serait plus celui de la France métropolitaine, mais celui de leur pays initial.

Le lien ENTRE les habitants du passé ET les habitants d'aujourd'hui serait coupé.
Rappelez vous, l'identité collective, c'est

« LA CONSCIENCE DE LA CONTINUITE D'UN GROUPE ».
Tous les mots sont importants.
La conscience survit à travers la coutume et l'histoire. Modifier les coutumes et l'histoire, c'est donc modifier l'identité.
La continuité d'un groupe est l'enchaînement des générations, des pères et des fils, sur un même territoire.

Couper cet enchaînement, c'est modifier l'identité.
Et très logiquement, modifier le groupe, c'est modifier son identité collective.
Pardon, je ne fais que rappeler des évidences, mais nous vivons un temps durant lequel elles sont contestées de toutes parts.
Deux Sénégalais en France s'approprient et discutent du passé du Sénégal, ils ne peuvent pas se reconnaître dans celui de la France qui n'est pas leur pays initial, ni même celui de leurs ancêtres, qui n'affichent aucun des codes dont ils ont l'habitude dans leur peuple.
Et ce n'est faire injure à personne de le constater.
Un Sénégalais et un Marocain parleront de ce qu'ils ont en commun, à savoir le continent africain.
Un Sénégalais et un Vietnamien parleront en France parleront de ce qu'ils ont en commun, à savoir l'expérience d'être différent en France, mais cette expérience commune ne sera toujours pas assimilable au passé de la France.

Alors qu'avec des Français de Souche, si.
Lorsqu'on admet des gens d'autres cultures, la quantité d'informations à transmettre pour intégrer et assimilée est nettement plus importante que pour des gens d'une même culture.
Le territoire fait l'objet de marquages qui deviennent concurrents dans le cadre de cultures différentes. Difficile de ne pas voir que l'islam progresse quand on ferme une église pour ouvrir une mosquée à côté.
Ce changement de marques sur le territoire est donc le symbole d'un changement identitaire, et plus probablement, d'un changement de peuple.

Car chacun sait qu'on ne change pas de religion comme de chemise, il faut du temps.
Avec tous ces éléments, on peut discerner facilement à quelle identité collective appartient ou pas un individu en repérant les éléments structurant sa personnalité : quels sont ses codes culturels, le territoire de ses aïeux, son projet ?
Evidemment, il y a toujours des exceptions : quelqu'un qui ne se reconnaîtrait pas dans un ou plusieurs de ces critères identitaires peut parfaitement se reconnaître dans cette collectivité.
En revanche, il est évidemment douteux que quelqu'un se reconnaisse dans cette collectivité si les nombreux sous-critères la caractérisant ne sont pas élaborés.

D'où les hiatus qu'on constate à foison aujourd'hui. La langue ou l'amour du pays ne suffisent pas, il en faut plus.
Enfin, les critiques n'ont évidemment pas la même portée lorsqu'elles sont prononcées par quelqu'un appartenant à la communauté, montrant tous les signes d'identité que lorsque cette personne est extérieure à la communauté.
Cf ceci : https://twitter.com/Polydamas/status/1328381665106866177
Le changement de ces codes peut se réaliser, évidemment, mais il PREND DU TEMPS, il est LONG.

Quand il est rapide, il est plus probablement le signe d'une offensive politique ou d'un changement de population.
Evidemment, cette vision sociologique de l'identité peut s'appliquer à la politique, aux religions, toutes englobées dans le cadre d'une identité plus large qui est celle de l'identité culturelle ou civilisationnelle, les ensembles s'emboitant les uns dans les autres.
Chaque communauté a sa propre identité identifiable de la même façon, de manière plus réduite. Il existe une identité catholique française, comme une idée républicaine, les deux étant profondément enracinées dans le pays.
Concluons.

Un Français de Souche est un individu dont le patrimoine génétique est celui des Français depuis plusieurs siècles ET qui se reconnaît dans le passé du pays, en vit selon les codes et se projette selon les débats en cours.
Un Français, au niveau social, est quelqu'un qui se reconnaît dans le passé du pays, en vit selon les codes et se projette dans les différents options proposées.

Voilà ce que ça signifie, cela demande du travail, une assimilation, un arrachement aux origines, ce n'est pas inné.
Et c'est ainsi que je termine ce fil à rallonge.

La patrie, c'est la terre des pères défunts qui gouvernent les vivants.

Soyez patriotes.

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