Le Conseil de l’UE s’apprête à voter un accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable entre l’Union européenne et la République des Seychelles (ADDP). Cet accord sera néfaste pour les ressources halieutiques.
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Ce nouvel accord, prévu pour la période 2020-2026 prévoit des possibilités de pêches importantes pour les navires européens dans les eaux des Seychelles en échange d’une contribution financière de l’UE.
Pourtant, un récent rapport de @WWF alerte sur la surpêche dans l’Océan Indien, qui met en danger les ressources de cet espace, déjà fortement touché par la pêche illégale et non réglementée.
https://wwfeu.awsassets.panda.org/downloads/wwftmt_unregulated_fishing_on_the_high_seas_of_the_indian_ocean_2020.pdf
https://wwfeu.awsassets.panda.org/downloads/wwftmt_unregulated_fishing_on_the_high_seas_of_the_indian_ocean_2020.pdf
En effet, l’océan Indien représente 14% de la pêche mondiale, et 30% des poissons ne sont pas pêchés de manière durable. Cela fragilise les ressources halieutiques et entraîne de graves conséquences sur le court et le long terme.
La surpêche diminue les capacités de reproduction des ressources, et certaines espèces sont même menacées de disparition. Les poissons n’ont plus le temps de se reproduire, et les juvéniles sont pêchés avant maturation.
Cela entraîne une immense diminution des stocks de poissons pourtant nécessaires à la survie collective et contribue à une insécurité alimentaire mondiale: des millions de personnes dans le monde sont dépendantes des ressources de l’océan.
On estime que 34,2% des pêcheries mondiales sont surexploitées, tandis que 59,6% sont pêchées à leur capacité maximale. Cela entraîne aussi un déséquilibre dans la chaîne alimentaire, dû à la disparition de certaines espèces.
Un rapport publié dans @ScienceAdvances met aussi en avant le rôle des poissons dans la protection contre le réchauffement climatique : les poissons, lorsqu’ils meurent de mort naturelle coulent dans les fonds marins en emprisonnant des quantités de carbone très importantes.
Ainsi, plus on favorise la surpêche, plus on empêche ce phénomène naturel de se produire et on libère donc des quantités très importantes de carbone. La séquestration du carbone par les poissons est essentielle dans la protection de l’environnement. https://advances.sciencemag.org/content/6/44/eabb4848/tab-pdf
Ainsi, l’ADDP entre l’UE et les Seychelles est un non sens dans la lutte environnementale que la commission européenne prétend pourtant défendre dans chacune de ses décisions.
Cet accord entraînera une augmentation importante des pêcheries dans l’Océan Indien, déjà fortement fragilisé par ces phénomènes. Il n’est pas responsable de favoriser une augmentation non durable des pêcheries.
L’APPD est principalement un accord thonier. Pourtant le stock de thon albacore de l’océan Indien a atteint depuis plusieurs années le niveau d’alerte et les scientifiques recommandent une réduction drastique de l’effort de pêche visant ce stock sous peine de le voir disparaître.
De plus, cela va contribuer à la précarité des pêcheurs locaux dans ces zones déjà touchés par la diminution des stocks: ils ne peuvent pas rivaliser avec les capacités de pêche industrielle massives des navires européens. De plus ils n'ont pas été concertés dans les négociations
Il est grand temps que l’UE prenne ses responsabilités et arrête d’adopter des actes différents de son discours sur l’écologie. Les décideurs se revendiquent de contribuer à une Europe verte, mais aucune décision prise ne va dans ce sens : cette hypocrisie doit cesser.
Écoutons les experts et scientifiques sur ces sujets : ils alertent sur les ravages écologiques, sociaux et économiques de la surpêche et prônent pour une pêche durable qui protège les stocks halieutiques.
Une immense partie de la population mondiale dépend de ces ressources: en les surexploitant au titre d’un profit sans fin, dont ne bénéficie qu’une infime part d’individus, les décideurs mettent en danger la sécurité alimentaire mondiale.
Revenons à la raison. Une autre politique commune de la pêche est possible : respectueuse des ressources, de l’environnement, et soucieuse des pêcheurs artisanaux. Arrêtons de piller nos océans.