1/ Samedi 14 novembre, Cholet a été le théâtre d’un double meurtre que l’ensemble des médias n’ont pas qualifié d’attentat terroriste alors que le principal suspect a revendiqué le motif religieux de son acte. Pourquoi un tel traitement médiatique ? Avec @SelimDe :
2/La couverture médiatique a été nettement plus faible que pour l’attentat de Nice. Ce sont principalement des médias régionaux qui se sont saisis de l’affaire, tels que Nice matin, Ouest-France, Midi Libre, La Dépêche…
3/“Double Agression mortelle à Cholet”, titre BFM TV. Pourquoi pas “double meurtre” ? “Agressions à Cholet. Le suspect se dit catholique et tient un « discours de haine des non-croyants”, titrent, quant à eux, les journalistes du Courrier de l’Ouest
4/Le procureur de la République, Eric Bouillard, parle d’un “discours de haine, en tout cas de détestation des non-croyants”. “Double agression mortelle à Cholet : l'homme interpellé se décrit comme un prophète catholique pour punir les incroyants”, précise France 3
5/L'attentat de Nice a suscité un emballement médiatique important, qui mobilise le champ lexical de l’émotion : “barbarie”, “drame”, horreur”… A Cholet, le nom du suspect reste inconnu, celui des victimes également et les quelques articles sont très factuels, quasi cliniques
6/Pourtant, le bilan n’est pas si différent : trois morts d’un côté, deux morts et une blessée grave de l’autre. Des familles endeuillées et des traumatismes toute une vie. Pourquoi alors des réactions aussi différentes et des titres de presse pudiques qui changent tout ?
8/Pourtant, au moment où cette mise au point est publiée, le lendemain de l’attentat de Cholet , on ne sait toujours pas quelles sont les motivations réelles du suspect et s’il a été commis avec des complices.
9/C’est le procureur Eric Bouillard qui le suppose lui-même ce jour-là : “Cela fera partie des investigations de savoir si on a affaire à quelqu’un (...) qui appartenait à des groupes particuliers.” Il semble que pour beaucoup de journalistes, la réponse était présumée négative.
10/"On aurait eu un musulman, est-ce qu’on aurait agi pareil ? Honnêtement, je ne pense pas” nous précise, par téléphone le rédacteur en chef du Courrier de l'Ouest.
11/Il y a chez nos médias une présomption d’acte purement ou essentiellement idéologique chez les musulmans : il semble que, les concernant, c’est d’abord la religion qui définit leurs éventuels actes de violences. Les autres explications passent d’ailleurs au second plan
12/En France, il est très mal vu de parler du contexte psychiatrique ou social dans lequel ont évolué les auteurs d’actes terroristes musulmans. “Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser”, déclarait Manuel Valls après les attentats de 2015.
13/Cette règle ne vaut pas pour le suspect de l’attentat de Cholet : Le Figaro, d’ordinaire peu porté sur les explications sociologiques, va jusqu’à parler de son “burn out”. Certes, un burn-out ça fait beaucoup de mal, mais ce suspect “dit assumer, presque revendiquer les faits”
14/Derrière “l’information”, nous avons donc des préjugés assumés par les rédactions et qui les conduisent à un traitement radicalement différent des actes de violence selon la religion ou la confession de leurs auteurs. Notre analyse en intégralité ici : https://www.frustrationmagazine.fr/attentat-cholet-medias/
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