Read on Twitter
C'est quoi, au fond, évoquer un complot ?
(petit thread à dérouler, à critiquer ou à compléter). https://twitter.com/XtopheMincke/status/1327566783503544321
(petit thread à dérouler, à critiquer ou à compléter). https://twitter.com/XtopheMincke/status/1327566783503544321
c'est une façon de se donner une chimérique marge de manœuvre face à une réalité en effet compliquée : on ne maîtrise pas grand chose (individuellement en tous cas).
C'est refuser de considérer le fait que, dans l'histoire des sociétés, nos dépendances (par exemple à la météo pour manger) ne disparaissent pas, elles sont juste transférées (par exemple à des techniques d'agriculture)
C'est la perversion d'une attitude pourtant utile, en particulier dans les sciences (ne pas prendre les choses pour acquises), dans d'intéressants sophismes : "puisque je ne sais pas (comment se transmet le covid) alors JE SAIS (que c'est un complot) !"
(Autres exemples :
- "plus on en parle, moins c'est vrai !"
- "Moins c'est vraisemblable, plus c'est probable !"
- " j'ai d'autant plus raison que tout le monde me dit que j'ai tort !"
- Plus on dit que c'est compliqué, plus en fait c'est très simple ! ")
- "plus on en parle, moins c'est vrai !"
- "Moins c'est vraisemblable, plus c'est probable !"
- " j'ai d'autant plus raison que tout le monde me dit que j'ai tort !"
- Plus on dit que c'est compliqué, plus en fait c'est très simple ! ")
Ce n'est donc pas un pur anti-rationalisme, c'est une forme pervertie de rationalisme dans laquelle on fait confiance à sa propre raison, mais pas à celle des autres, ni au dialogue.
C'est de ce fait une façon d'utiliser un outil pour détruire cet outil.
C'est de ce fait une façon d'utiliser un outil pour détruire cet outil.
C'est un mélange à dessin (!) de niveaux : celui très concret et micro de mon expérience immédiate et perceptible (j'ai faim) et celui abstrait et macro d'entités massives ou invisibles (des gens ont installés une puce dans mon cerveau qui me donne faim pour que je meure).
C'est une façon d'attribuer des responsabilités pour tout ce qui arrive, en mobilisant les langages de l'intérêt, de la domination, des rapports de pouvoir, de la construction discursive (poke sciences sociales).
C'est une attitude dans laquelle on refuse de faire confiance à autre chose qu'à son expérience immédiate, et du coup impossible à tenir de façon cohérente, sauf à rentrer dans un doute radical et à confiner à la folie (comment être sûr que c'est bien du sang dans mes veines ?)
C'est une façon de penser aujourd'hui socialement prestigieuse, même si, pour exister, elle a besoin de presupposer qu'elle est rejetée aux marges de "la société", entité jugée oppressive par excellence.
C'est une façon de chercher du sens, des raisons, à des événements, en mobilisant le registre de la volition (comme si ce qui m'arrive de désagréable devait être forcément voulu par d'autres).
C'est donc une façon de disqualifier le propos d'autrui par des arguments ad hominem, en le ramenant à ses intérêts supposées, à sa position sociale éventuelle, à son hypothétique désir de me dominer et de me faire du mal.
Ce que je me demande, au final, c'est si le succès des théories du complot n'est pas en soi un complot des machines et des robots pour accélérer l'auto-destruction de l'humanité.
PS : relire Elias et la Société des individus.
