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Aḥmad al-Manṣūr al-Dhahabī le sixième sultan des Saadiens 🇲🇦
Al-Sharīf Abū al- ʿAbbās Aḥmad al-Mansūr Billah ibn Muḥammad al-Shaykh al-Qurashī al-Hāshimī, "al-Dhahabī", "l’émir des Croyants", "le calife des Musulmans", et sixième sultan de la dynastie marocaine arabe des Saadiens (ou Saʿdides).
Il accéda au pouvoir en 1578 après la mort de son frère Abū Marwān ʿAbd al-Malik - alors sultan de l’empire - lors de la bataille de Wādī al-Makhāzin (aussi appelée bataille des Trois Rois) face aux croisés portugais.
Selon l’historien marocain Abū al-Qāsim al-Zayyānī, les rangs marocains étaient composés de plus de 50 000 combattants :

- 14 000 mawālī (gardes du corps renégats)

- 14 000 du contingent des Andalous
- 10 000 du contingent des Shrāgah/Orientaux (coalition composée de tribus arabes et berbères de l’Est)

Arabes : Banī ʿĀmir

Berbères : Banī Snūs, Trarah etc

- 5 000 du contingent des arabes du Gharb (les Khluṭ, Ṭlīq, Sufyān & Banī Mālik)
- 5 000 du contingent des arabes du Ḥawz (les Zurārah, Shabānāt, Awlād Muṭāʾ, Awlād Jarrār, Manābhah & Awlād Dalīm)

- 10 000 berbères du Sous

[Voir Lévi-Provençal, Les historiens des Chorfa, p. 175]
La bataille se solda par une grande victoire des Musulmans sur les forces chrétiennes et Aḥmad prit le surnom de "al-Manṣūr" (le Victorieux).
Il était également surnommé "al-Dhahabī" (le Doré) en raison de l’abondance en or dans son grand royaume.
1. Aḥmad al-Manṣūr et la conquête du Bilād al-Sūdān

Le territoire d’Aḥmad al-Manṣūr s’étendait du Maghrib al-Aqṣā jusqu’aux terres du Bilād al-Sudān occidental, contrôlant notamment les villes de Tombouctou, Gao et Djenné.
Le souvérain Saʿdide conquit la région de Touat (l’Adrar algérien) en 989/1582 grâce à ses généraux Aḥmad ibn Barkah et Abū al-ʿAbbās Aḥmad ibn al-Ḥaddād al-Maʿqilī, de la tribu arabe des Banū Maʿqil.

[Voir al-Ifrānī, Nuzhat al-Ḥādī, pp. 154-155]
Suite à ce succès les troupes d’Aḥmad al-Manṣūr se tournèrent vers le Sud et combattirent l’Empire Songhai :

❝ J’ai résolu d’attaquer le commandeur de Kāghū (Gao), qui est le maître du Sūdān, et d’envoyer des troupes contre lui, afin de réunir dans une seule et même pensée
toutes les forces de l’Islam. Le Sūdān étant un pays fort riche et fournissant d’énormes impôts, nous pourrons ainsi donner une importance plus grande aux armées musulmanes et fortifier la valeur de la milice des croyants. D’ailleurs le chef actuel des Sūdāniens, celui qui exerce
sur eux l’autorité royale, est légalement déchu de ses fonctions, car il n’appartient pas à la famille des Quraysh et il ne réunit aucune des autres conditions requises pour disposer delà puissance suprême.❞

[al-Ifrānī, Nuzhat al-Ḥādī, pp. 159-160]
En 999/1591, Aḥmad al-Manṣūr, par les mains du commandant Maḥmūd al-Ṣanhājī, conquit la capitale Gao et mit fin à l’Empire Songhai. Les rois du Bilād al-Sūdan tel que l’État du Tekrour (Sénégal) et le Royaume de Kanem-Bornou (Tchad) prêtèrent allégeance au sultan marocain. ⬇️
⬆️ L’historien ʿAbd al-ʿAzīz al-Fishtālī, grand vizir de la cour d’al-Dhahabī :

❝ L’autorité d’al-Manṣūr était reconnue dans tout l’espace compris entre la Nubie et la partie de l’Océan Atlantique qui avoisine le Maroc. ❞

[al-Ifrānī, Nuzhat al-Ḥādī, pp. 166-167]
2. Aḥmad al-Manṣūr et le Mashrek arabe

Aḥmad al-Manṣūr ne négligeait pas ses sujets, il s’assurait d’élever le niveau de vie et de développer politiquement et culturellement son état. Après avoir étendu son territoire et son empire en Afrique,
il se fixa comme objectif de se diriger vers le Mashrek arabe pour y tisser un soutien dense dans les régions Arabes occupées par les Ottomans. Pour prêcher son Califat, al-Manṣūr envoya ses hérauts au Moyen-Orient rappelant la nécessité d’expulser ces derniers.
Il lia des relations solides avec les chefs des tribus arabes et les hautes personnalités opposés aux Ottomans. Le Sharīf échangea également des centaines de lettres avec les plus éminents shuyūkh du Moyen-Orient et les invita à de somptueuses cérémonies de réception au Maroc.
Ainsi donc, il reçut l’assistance d’un grand nombre de tribus arabes d’Égypte, du Ḥijāz ou encore de Libye.

Nabil Mouline dans son livre sur Aḥmad al-Manṣūr :

❝ Tout au long de son règne, et plus particulièrement après la conquête du Soudan, le Sultan-Sharīf
échangea des centaines de lettres avec les principaux oulémas de l’Orient arabe, sur différents sujets. D’une part, il sollicitait leurs ouvrages et leurs Ijāzas, licences scientifiques, pour se rattacher scientifiquement au Prophète, comme on l’a vu en 1ère partie, d’autre part,
il les tenait au courant de la situation au Maroc et des projets politiques et économiques réalisés durant son règne tout en leur demandant de prier Dieu pour qu’il pût mener à bien tous ses projets, notamment l’application de la Loi et le Jihād [3]. ❞

Il poursuit plus loin :
❝ Ainsi Ibn al-Qāḍī [polygraphe envoyé en Orient] affirma qu’une grande partie des dignitaires religieux du Caire, de la Haute Égypte, de Djeddah, de la Mecque et de Médine apportèrent leur soutien au Sultan-Sharīf. Il affirma également qu’un chef religieux des confins
égypto-libyens lui aurait promis de mettre à la disposition du sultan plus de 7000 cavaliers bédouins s’il décidait de conquérir cette partie de l’Empire ottoman. De même, Yūnus b. ʿUmar, émir de la principauté des Banū ʿUmar située en Haute Égypte soutenait le Sultan-Sharīf
et propageait ses vertus au sein de la population locale. Outre la piété ostentatoire, la justice et l’équité du « calife de l’Occident », la vertu principale sur laquelle jouait Ibn al-Qāḍī pour attirer ces dignitaires était l’arabité de son maître.
En effet, pour ces populations qui vivaient sous le « joug turc », Mawlāy Aḥmad, qui représentait l’image du souverain arabe de l’Âge d’or, pouvait être l’espoir tant attendu pour rétablir la gloire arabe d’antan [18]. ❞

[Le califat imaginaire d'Ahmad al-Mansûr, pp. 359-361]
Aḥmad ibn al-Qāḍī al-Miknāsī dans son livre « al-Muntaqā al-Maqṣūr » [Vol. 1, p. 846] :
3. Aḥmad al-Manṣūr et le rêve andalou

Le sultan saʿdide projeta de conquérir al-Andalus dès son accession au pouvoir en 1578 et c’est en 1596 qu’il songea à réaliser ce rêve et à attaquer l’Espagne en alliance avec des puissances européennes.
Il envoya une lettre aux savants du Moyen-Orient leur demandant de le soutenir. Il est important de noter qu’à cette époque, les musulmans d’Andalousie, les dits Morisques, n’avaient pas encore été expulsés d’Espagne.

[Le califat imaginaire d'Ahmad al-Mansûr, pp. 363]
En 1600 une ambassade marocaine arriva en Angleterre afin de négocier une alliance en vue d’une éventuelle conquête de l’Andalousie, les 2 parties discutèrent également d’une opération conjointe pour conquérir les Indes.

[Le califat imaginaire d'Ahmad al-Mansûr, pp. 367-369]
Les échanges entre anglais et marocains continuèrent en 1601, mais cette alliance ne vit jamais le jour. En 1601-1603 le Maroc fut frappé par la peste, Les 2 pays furent occupés par des rebellions, la reine d’Angleterre mourut en 1603 et Aḥmad al-Manṣūr quelques mois plus tard.
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