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A propos de cartes à la fois très belles mais trompeuses, ce Liban mosaïque d'un dénommé François J Eid que je viens de retrouver roulée dans un carton. Achetée vers 2003 je pense à la @librairie_Antoine de Hamra. 1/
Dans quelle mesure ce designer-cartographe prenait-il ce trope de la mosaïque (confessionnelle) libanaise au premier ou au second degré? En tout cas, cette affiche vendue en librairie jouait sur le cliché et lui donnait corps, un corps un peu fragmenté, comme de juste 2/
Evidemment la carte n'est pas datée (mosaïque intemporelle...) les sources ne sont pas mentionnée mais on peut supposer qu'il s'agit des données des listes électorales, facilement accessibles. Or ces dernières identifient les électeurs à leur lieu de vote 3/
et ce lieu de vote n'est pas le lieu de résidence, mais celui où la famille a été enregistrée au moment de recensement de 1932. Les démarches administratives pour modifier ce dernier sont très complexes ce qui traduit la volonté des élites politiques de garder le contrôle 4/
des électeurs, au nom des solidarités familiales, alors que certains dépendent des faveurs de ces chefs politiques dans une relation clientéliste. Une telle carte est donc trompeuse, elle représente un pays légal, en partie imaginé, et non le pays réel. 5/
sans compter que ces données électorales n'incluent pas les jeunes de moins de 21 ans. Les données d'état-civil sur la population sont, elles, très peu accessibles et je doute donc que le carré représente effectivement 1.000 habitants à la date de la conception de la carte 6/
Pour en savoir plus sur ces questions, voir Atlas du Liban : territoires et société (2007), notamment le chapitre 3 : https://books.openedition.org/ifpo/418 ainsi que mon article Les territoires du vote au Liban, publié en 2005 http://mappemonde-archive.mgm.fr/num6/articles/art05209.pdf 7/
Ou peut-être plutôt vers 2005 ou 2006?
