[THREAD] Dans les débats autour de la #PPLSecuriteGlobale, l'attention se concentre - légitimement - sur l'article 24, celui qui limiterait drastiquement la possibilité de documenter l'action de la police. Mais la réalité est encore plus inquiétante que ça.

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Se joue ici une bataille des images. Le texte porté par Fauvergue (ex-patron du RAID) et Thourot ne vise pas seulement à organiser l'anonymat des forces de l'ordre pour protéger leur "intégrité physique et psychique" ; il voudrait imposer à tous l'identification permanente.
Je vais prendre ici 3 exemples : les caméras-piéton, les drones, et la reconnaissance faciale. Trois technologies "expérimentales" qui permettent à la police de capter des images. Si la loi encadre les premières (art. L241-1 du CSI), elle ne dit aujourd'hui rien des deux autres.
1) Les caméras-piéton, portées par les fonctionnaires sur le terrain. L'art. 21 de la PPL propose une transmission "en temps réel" des vidéos vers le poste de commandement, Objectif : "informer le public sur les circonstances de l’intervention".

https://www.dalloz-actualite.fr/flash/securite-globale-l-interieur-impose-ses-fonds-de-tiroirs#.X6ug45NKjOR
On comprend ici la logique : limiter les images de policiers, mais faciliter la dissémination d'images produites par les policiers pour contrôler le récit. Dans un avis du 3/11, @Defenseurdroits craint d'ailleurs que cela ne "porte atteinte au droit au respect de la vie privée".
2) Les drones. Les unités de moyens aériens (UMA) de la police et de la gendarmerie les utilisent depuis le milieu des années 2000, et disposent d'une flotte de 300 appareils chacune. Problème : le cadre légal est particulièrement flou.

http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion_lois/l15b3404-tvii_rapport-avis#_Toc256000014
Bis repetita : à l'article 22, les rapporteurs du texte souhaitent que les images des "caméras aéroportées" puissent être transmises en temps réel "au poste de commandement du service concerné".
Sur ce point aussi, la @Defenseurdroits, Claire Hédon, dénonce des garanties insuffisantes pour protéger la vie privée : "L’usage de drones pourrait permettre l’identification de multiples individus et la collecte massive et indistincte de données à caractère personnel."
En effet, le texte ne mentionne pas la reconnaissance faciale. Et c'est bien le problème. En CommLois, tous les amendements demandant une clarification législative ont été rejetés. La rapporteure @AliceThourot invoque un sujet trop complexe, qui nécessite un texte dédié.
Exemple : un amendement déposé par @Paul_Molac et @JF_Acquaviva réclamait l'interdiction du traitement des images collectées par les drones à l'aide d'un logiciel de reconnaissance faciale. Rejeté.

http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/amendements/3452/CION_LOIS/CL340
Le message est clair : la #PPLSecuriteGlobale n'autorise pas la reconnaissance faciale, mais elle ne l'interdit pas non plus. Aux Etats-Unis, des villes comme San Francisco ou Portland ont choisi d'interdire son utilisation par les forces de l'ordre. Pas nous.
Pour résumer, ce qui se manifeste dans cette #PPLSecuriteGlobale, c'est l'asymétrie de plus en plus dangereuse entre une police discrétionnaire et des citoyens mis à nu. D'un côté, des centres de commandement hermétiques. De l'autre, un espace urbain sans angles morts.
"Plus la police est contrôlée, meilleure est la police", dit le sociologue @sebastianjroche. C'est ici tout l'inverse. Et si vous n'avez pas le courage de vous infliger ce thread, je résume l'affaire en deux minutes pour @davduf : https://twitter.com/davduf/status/1326428575654932480
Pour prolonger, 30mn de débat contradictoire sur @RFI. https://twitter.com/debatRFI/status/1326596806394851328
You can follow @oliviertesquet.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

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