L'oral précède l'écrit. Ce n'est pas toujours facile pour les dictionnaires de choisir la forme écrite d'un mot d'abord présent dans la langue orale : l'exemple du mot "boloss" (ou "bolos"?
ou encore "bolosse"?
) Fil tiré de notre livre avec @MarCandea aux @Ed_LaDecouverte



Les premières attestations du terme datent de 2003, @MarCandea a fait un fil sur l'histoire du terme (qd il est apparu, comment son usage s'est massifié puis ringardisé). Ici je vais vous parler plus spécifiquement du choix de sa forme écrite par les dicos https://twitter.com/MarCandea/status/1322855163732873216
En 2013 le @LeRobert_com l'intègre sous la forme "boloss". En 2015 c'est le Larousse, sous la forme "bolos". MATCH!
Chaque dictionnaire a pourtant des arguments pertinents (mais différents!) https://twitter.com/etrouillez/status/1322143528688984064
Chaque dictionnaire a pourtant des arguments pertinents (mais différents!) https://twitter.com/etrouillez/status/1322143528688984064
Le Robert a deux arguments
1) la fréquence de la graphie avec deux "s" dans les échantillons déjà analysés (corpus sur Internet par exemple)
2) le souci d'indiquer une prononciation particulière avec ces deux "s" (puisque souvent le "s" final ne se prononce pas en français)
1) la fréquence de la graphie avec deux "s" dans les échantillons déjà analysés (corpus sur Internet par exemple)
2) le souci d'indiquer une prononciation particulière avec ces deux "s" (puisque souvent le "s" final ne se prononce pas en français)
Le Larousse lui justifie le choix "bolos" par un souci de cohérence avec la graphie majoritaire du français. On rencontre bien peu de mots finissant par deux "s" en français, alors qu'on a une série de mots argotiques en "os" (craignos, gratos, calmos, chicos, matos, etc).
Le choix de"bolos" permettrait donc une continuité graphique avec cette autre liste de mots, même s'il fonctionne différemment. En effet, pour ces mots le suffixe argotique "os" crée des paires de mots (gratuit/gratos, calme/calmos) ce n'est pas le cas pour boloss (pas de double)
Les deux choix se valent, et comme d'habitude c'est l'usage qui tranche et il a l'air de trancher en faveur de la graphie "boloss". Mais on voit que les dictionnaires sont obligés de faire des choix, d'intégrer des graphies incertaines, quitte à les modifier plus tard.
Les dictionnaires vont adopter nos graphies... mais aussi influer nos graphies puisqu'ils alimentent les choix des correcteurs automatiques! Sachant que ces correcteurs ont eux-mêmes des options (par ex orthographe réformée de 1990 ou pas). L'écrit ne cesse de varier!
La question des choix de graphie se pose pour les mots d'abord bien en usage à l'oral, mais aussi pour les mots empruntés. A quel point faut-il le franciser dans la graphie? Par exemple écrire "les talibans" ou "les taliban" (en considérant que c'est le pluriel de "talib"?)
Comme quoi, pas si facile d'écrire un mot dans le dictionnaire... Quelle est votre graphie, à vous ?
Sur ces choix des dictionnaires, les mots qui donnent du souci aux lexicographes (est-ce qu'arobase c'est féminin ou masculin?? hein???) nous avions fait cet épisode là pour @ParlercommeJ https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais/votre-dictionnaire-est-il-de-droite/?uri=votre-dictionnaire-est-il-de-droite%2F
Et sur ces mots identifiés "jeunes" (alors qu'ils ne sont pas du tout utilisés que par des jeunes) et les rapports plus subtils qu'on ne croit entre l'écrit et l'oral, on a celui-là!!! https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais/les-jeunes-parlent-iels-mal