Idée : on n'est pas obligé de livrer un concept défini clef en main pour qu'une discussion à son sujet soit pertinente et légitime.

La décision politique est complexe, les sujets qui traversent notre société le sont tout autant. On ne peut attendre une rigueur totale.
La formalisation rigoureuse des concepts est nécessaire dans le cadre d'un état de droit. Mais elle peut n'intervenir qu'au dernier moment, lors du vote de la loi, voire lorsque le juge se charge de l'interpréter.
Exiger le contraire, c'est faire obstacle au débat.
Refuser de discuter des problèmes relatifs à la place des femmes dans la société parce que l'idée de « patriarcat » paraît super bancale et mal définie n'est pas pertinent.
Idem pour l'« islamogauchisme ».
On peut accepter de dire qu'il y a un problème et en débattre sur des fondements imprécis, parce que formaliser le concept, le définir précisément et rigoureusement avant même d'en avoir débattu est difficile. L'essentiel, c'est de se mettre d'accord à la fin.
J'ai l'impression que l'argument consistant à dire « vous êtes incapable de donner une définition de ce que vous critiquez » est une arnaque, qui a le bon goût de faire paraître rationnel et plus intelligent, mais qui sert en réalité à refuser d'avancer sur un sujet.
Un bon exemple me semble être celui de la notion de viol. Quand dans les années 1970, on s'est rendu compte que la définition existante était insuffisamment large parce que fondée sur une conception archaïque de la sexualité, il a été question de le redéfinir. Mais la(très bonne)
définition qui fait foi aujourd'hui n'a pas été livrée clef en main par le MLF. Les féministes, la société toute entière, se sont emparés d'un problème encore mal défini. Le Parlement a accouché d'une définition qui faisait l'affaire, et les tribunaux l'ont largement précisée,
avec l'aide d'universitaires nombreux. Pouvait-on exiger, en 1975, du MLF qu'il livre une définition du concept correspondant à ce que l'on trouve aujourd'hui dans un traité de droit pénal, et qui requiert des dizaines de pages pour explorer tous les contours ? Certainement pas.
Donc : ne vous laissez pas impressionner par l'argument « l'islamogauchisme est une connerie d'extrême droite qu'on ne sait même pas définir ». C'est un moyen de détourner les yeux d'un problème politique réel, concret, dont on peut donner des exemples nombreux,
mais que l'on peine à définir de façon à la fois concrète, rigoureuse et concise, du moins, pour le moment. Sachant que nombre de politologues ont livré des pistes, qui toutefois ne tiennent pas en deux phrases.
Et notez que ce n'est pas une fantaisie de fasciste cherchant à légitimer une construction anti-intellectuelle que d'affirmer cela. Les sciences sociales « de gauche » sont tout aussi concernées, et on pourrais chercher longtemps des définitions formelles et rigoureuses de
la « blanchité » ou de l'« oppression », par exemple. Mais même les sciences dures sont concernées. Le mathématicien raffine la définition des objets sur lesquels il travaille à mesure qu'il explore leurs propriétés et comprend ce qui est important. Le physicien développe son
modèle à partir des intuitions que lui donnent les expériences et des résultats des confrontations des résultats théoriques du modèle en développement à la réalité. Einstein n'a pas sorti la relativité générale ex nihilo. Il a eu des intuitions et comblé les zones d'ombre.
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