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Historique de l’évolution du Kompa en musique. ⤵️
Introduction :

Haïti devient indépendant en 1804, le pays nouvellement créé se cherche un emblème. La méringue finira par jouer ce rôle : « Avec le vaudou, ça devient le marqueur identitaire pendant une centaine d’années.
Cette danse nationale, qui est à l’origine du konpa, a représenté depuis le milieu du XIXe siècle un lieu de fierté. Il y a une méringue de danse populaire, une méringue carnavalesque, une de concert.
De leur côté, les compositeurs font rayonner une école de traditions musicales classiques depuis la fin du XIXe siècle. Avec Cuba, Haïti forme un tandem significatif à ce chapitre dans les Caraïbes.
Le kompa tel qu’on le connaît aujourd’hui na rien avoir avec celui d’hier, car le kompa n’a cessé de se développer depuis 1850 jusqu’à 1950 avec de multiples influences : la contredanse (française/espagnole), le vaudou, le troubadour, la meringue (cuba, dominicaine) et le jazz
L’influence des musiques et des danses françaises sont restées en Haïti après l’indépendance dans le monde rural, il était courant de danser le quadrille ; qui est une contredanse qui se danse aux tambours, et à la flûte en Haïti
Les contredanses vont influencer une nouvelle danse haïtienne ; le meringue qui se développera aux 19eme siècle au contact de la meringue dominicaine à la frontière des deux États.
Imitant la haute société blanche, les esclaves servant de main d'œuvre dans les zones rurales du pays transformèrent la Contredanse française selon leurs goûts et avec leurs instruments.
résultat de ce brassage entre musiques africaines, provenant de la culture du Vaudou mais épurée de son sens religieux, et musique européenne de salon donna le Carabinier et la Kalinda ou Kalenda qui donna naissance à la Meringue Haitiana.
Les formations de Meringue Haitiana pouvaient prendre diverses formes en Haïti. L'instrument principal en était la guitare. S'il était chanté, il prenait le nom de Mereng chanté. Les paroles étaient alors en créole d'Haïti.
Le Merengue Haitiano, qui se joue en 2/4 sur un tempo assez soutenu, est basé sur le rythme du cinquillo.
Le meringue donna naissance au troubadour.
Le Twoubadou est une musique traditionnelle,le mot remonte aux ménestrels provençaux de la période médiévale. Il est employée à Cuba au début du 20ème siècle pour désigner les chanteurs traditionnels accompagnés d’instruments à cordes.
De Cuba, il arrive en Haïti où il est associé aux chanteurs qui abordent, avec vérité et humour, la pénibilité de la vie de tous les jours, les relations sociales, les récriminations contre le travail et la boisson.
Le terme est aussi appliqué aux petits orchestres ruraux, appelés également bann gwenn siwel ou plus simplement ti-bann.
Dans ce qui suit, twoubadou sera employé pour les premiers et bann gwenn siwel pour les seconds.
Les premières formes de mizik gwenn siwèl arrivent en Haïti dans les années 1920 avec les coupeurs de canne saisonniers revenants de l'Est de Cuba et peut-être aussi de la République Dominicaine.
L'instrumentation est simple: guitare ou banjo, tanbou, maracas, bwa (bâtons entrechoqués, similaires aux claves cubaines) malinoumba, une basse faite d’une caisse en bois montée de lamelles métalliques fixées au-dessus d’une ouverture circulaire. Un accordéon.
En Haïti, ces orchestres se mettent à jouer des chansons populaires kréyòl (méreng) comme "Choucoune" (à l'origine "Petit Pierre"), "Haïti Chérie" (à l'origine "Souvenirs d'Haïti"), "Panama-m Tonbé" ou "Angélique O". Des chansons cubaines sont souvent jouées également
la chanson traditionnelle "Panama m Tonbe" a été créée à propos de la légende du chapeau d'Hippolyte, le président haïtien qui avait perdu son chapeau à cause de son cheval. Ce chapeau est typique de la région du Sud d’Haïti, il ressemble aux chapeaux cubains.
La musique au rythme meringue, à été reprise par de nombreux artistes étrangers latinos ; cubains et argentins.
« Ti manman cheri » était une des chansons les plus populaires de l'époque en Haïti et jouée par toutes les bann gwenn siwèl. Le motif rythmique de la clave joué sur les bâtons est un héritage des origines cubaines de ce groupe.
Un certain nombre de groupes comme que Les Sept Vedettes ou Ti-Coca et Wanga Nègès, enregistrent leurs propres disques et acquièrent une certaine notoriété nationale et internationale.
Althiery Dorival est l’un des exemples qui a beaucoup marqué cette époque, avec sa musique latine.
Le chanteur Kandjo (Candio), né Auguste de Pradines, est réputé pour avoir été un troubadour patriote qui s’est opposé à l'occupation américaine et qui exprimait en chanson la conscience populaire.
Kandjo nait à Paris de parents français. Il arrive enfant en Haïti après avoir lutté contre une poliomyélite qui le laissera paralysé. Il étudie la musique à l’école et apprend le piano, la guitare, la mandoline et d’autres instruments.
A l'âge de 14 ans il est amené à une cérémonie Vodou où les initiés auraient été fascinés par le jeune infirme français. Cette expérience lui inspire la chanson d'inspiration Vodou "Erzulie" (du nom de la divinité féminine haïtienne), chanson qui fera partie du canon haïtien.
Sa composition la plus célèbre est probablement "Angelique O", sur le thème d'un mariage malheureux. Elle sera reprise par Harry Belafonte et l’haïtien Issa El Saieh.
La chanson est supposée avoir été nommé d'après Angélique Cole, l'épouse du commandant de la marine US le colonel Cole. Mais la chanson sert de chan pwen (chanson de défi) adressé à la présence américaine en Haïti dans son ensemble; une métaphore chantée du "Yankee go home".
« Angelique Oh" est chantée aux carnavals de la fin des années 1920 et joué par la Garde d'Haïti pour le départ d'Haïti des Marines américains en 1934 !
A la suite de Kandjo, le terme twoubadou est appliqué aux commentateurs ironiques et caustiques de la vie de tous les jours et des rapports de classe, itinérant et ayant un penchant pour l’humour de mauvais goût (appelé bétiz en Haïti).
Le mot twoubadou a d’ailleurs une forte connotation masculine. Presque tous les musiciens du genre sont des hommes : Dodòf (Rodolphe) Legros, Ti Paris (Paris Achille), (Robert) Moulin, Althiéry Dorival, Coupé Cloué (Gesner Henri),Les Sept Vedettes, Rodrigue Milien, Toto Nécessité
Coupé Cloué nait à Léogane, en 1925. Peu avant ses 30 ans, il développe un style twoubadou à la guitare bien à lui. En 1957, il forme un trio appelé Trio Cristal (appelé plus tard Trio Select) comprenant deux guitaristes et un joueur de maracas.
Dans les années 1970, le groupe deviendra Ensemble Select.
En raison de sa sympathie pour la vie des classes défavorisées et de son humour paillard, Coupé Cloué devient une star de la musique haïtienne. Sa musique finit par devenir à elle toute seule un sous-genre du konpa.
Jean-Gesner Henry reçoit le surnom de Coupé Cloué à l’époque où il joue au football (en référence à des gestes footballistiques), mais celui-ci prend très vite un second sens, à connotation sexuelle.
Si la musique de Coupé a pu être appelé konpa kribich (suite au succès de son titre "Cribiche"), lui et ses fans lui préféreront konpa manba. Manba signifie beurre d'arachide, populaire en Haïti, mais le mot a un double-sens une fois décomposé en "M anba" -je suis en bas
C’est avec l’influence du troubadour, (qui a lui-même subi des influences du meringue que naîtra le konpa
Le kompa est né dans le monde urbain dans les années 1950 à, Port-au-Prince une ville alors touristique, avec ses nombreux hôtels restaurants, casinos et boîtes de nuits.
C’est avec l’influence du jazz, du meringue 🇨🇺🇩🇴 et du troubadour que né véritablement le kompa. En 1950, le Kompa est un genre nouveau à l’allure vive, intrépide et sans fioriture, contrairement au style gracieux et langoureux de la méringue. C’est la naissance du Konpa Direct
De grands ensembles musicaux fleurissent dans la capitale haïtienne, citons par exemple « L’orchestre Septentrional », « Edner Guignard and his El Rancho Hotel Orchestra » ou le fameux « Jazz des Jeunes ».
Leur répertoire est varié et va de la meringue en passant par la musique afro-cubaine ou une musique plus occidentale ; la section rythmique s’inspire la plupart du temps des rythmes vaudou (Ibo, Petwo etc.).
Haïti est aussi une destination régulière pour les musiciens de la Caraïbe en tournée dans la région, de même que pour un certain nombre de jazzmen américain
Chez le voisin dominicain, le merengue se développe (cousin de la méringue haïtienne) et se popularise grâce, en partie, au soutien du président Rafael Trujillo. Il se popularise en Haïti avec les enregistrements discographiques, et la venue de groupes en tournée.
Aussi, et les radios dominicaines sont captées en Haïti, en particulier La Voz Dominicana (appartenant à Trujillo). De nombreux musiciens haïtiens grandissent en écoutant les merengue cibaeño (forme la plus ancienne de merengue) de Nico Lora et Angel Viloria...
Lira des Yaqui se rendra à Port-au-Prince en 1955, mais c’est avec la tournée en 1954 de Viloria et son groupe Tipico Cibaeño que Haïti succombe réellement à la vague merengue.
Le genre est particulièrement populaire chez les prostituées dominicaines d’Haïti qui enseignent aux hommes haïtiens comment le danser, dans les salles de danse concentrées pour beaucoup dans la commune de Carrefour.
Nemours Jean-Baptiste et Weber Sicot tous deux saxophonistes font partie de cette nébuleuse de musiciens.
Le 26 juillet 1955 ils forment l’orchestre « Coronto International » avec les musiciens : Julien Paul, Monfort Jean-Baptiste, Anulis Cadet, Mozard Duroseau et Edzer Duroseau.
Quelques mois plus tard Weber Sicot forme son propre groupe baptisé « Latino ».
Nemours Jean-Baptiste se retrouve alors à la tête de l’orchestre qui deviendra peu de temps après l’« Ensemble Au Calbasse » puis l’« Ensemble Nemours Jean-Baptiste ».
Nemmours crée alors son propre style musical finalement plus proche du merengue de la république dominicaine que de la meringue haïtienne, qu’il nomme « Kompa Direct »

(⤵️ musique : ensemble calebasses)
Dès son origine, le Kompa est en décalage avec la musique folklorique haïtienne par ses influences (jazz, meringue cubaine, dominicaine), d’autant plus qu’il s’agit d’une musique urbaine dans un pays où la grande majorité de la population habite les campagnes.
Il n’y a donc aucun lien avec le vaudou dans le « Kompa Direct » de Nemours Jean-Baptiste.
Il finalisera le nouveau rythme du kompa en 1957. Nemours Jean-Baptiste aurait présenté au grand public sa formation musicale « Cojunto international » sur la place Sainte-Anne de Port-au-Prince, le 26 juillet 1955 à l’occasion de la fête de la Sainte-Anne.
Le format digital, avec l’introduction de la boîte à rythmes dans le Kompa et l’usage prédominant du synthétiseur n’utilise plus de section cuivre (“ligne à vents”), ni même d’une guitare rythmique ou encore des percussions.

(Musique kompa digital carnaval) ⤵️
1986 ouvre donc, avec Top-Vice, l’ère des groupes dits « digital » avec leur nouveau style, le Kompa nouvelle génération. Top-Vice est un groupe fondamentalement moderne, qui utilise les nouvelles technologies avec le synthétiseur notamment et la guitare électrique
Toute une génération de jeunes musiciens vont profiter de cette opportunité pour rafraîchir le Kompa et l’ouvrir à des influences musicales telles que le rap, le hip-hop, le r’n’b, le reggae et le ragga.
Il faut aussi souligner l’impact sur le marché antillais du clavier Ansyto Mercier et son groupe Digital Express au début des années 1990.
Nous oublierons pas E.Charlemagne.

Depuis les années 1970,le chanteur troubadour et activiste Manno Chalmay (Emmanuel Charlemagne) n’a jamais cessé d’être politiquement engagé. En 1968,il forme un mini-djaz de quartier appelé Les Remarquables,puis un second groupe,Les trouvères
Les Difficiles de Petion-ville, les Gypsies de Petion-ville, sont des groupes qui vont avoir du succès à l’international. Le guitariste Robert Martino particulièrement
FIN

Le konpa n’a cessé d’évoluer depuis aux contact des contredanses françaises et espagnoles, du voudou, du meringue, du troubadour et du jazz. En se développant, il influença lui-même le zouk et le kizomba, hier écouté en Afrique et aux Antilles, il commence à se mondialisé
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