Carte du taux d'incidence par département (nombre de cas détectés pour 100 000 habitants sur les 7 derniers jours consolidés, ici du 1er au 7 septembre).

La France était à 56,8 jeudi dernier, aujourd'hui elle est à 72,3.
Le taux d'incidence n'est pas le seul indicateur à regarder, mais si l'épidémie était sous contrôle à peu près tout devrait être en vert et en jaune (ou au minimum, stabilisé).

Pour rappel, leurs seuils : 10 = vigilance ; 50 = alerte. https://twitter.com/Panda31808732/status/1301630466173341696
Environ un quart des départements étaient encore en jaune (sous leur seuil de vigilance) il y a encore 3 semaines. Ce soir, pour la première fois, il n'y en a plus un seul.
Pour référence, le taux d'incidence (sur 7j et pour 100 000 habitants) de pays compétents :

• La Corée du Sud, qui est en train de supprimer sa deuxième vague, est à 2.
• Hong Kong, qui a supprimé sa troisième vague, est à 1.
• L'État de Victoria (Australie), qui est en train de supprimer sa deuxième vague, est à 7. L'Australie entière est à 2.
• Le Japon, qui est en train de supprimer sa deuxième vague, est à 3.
Sur le point hebdo SPF.

Le R a de nouveau un peu baissé (de 8%) par rapport à la semaine précédente, confirmant le petit ralentissement que l'on pouvait sentir au niveau des cas détectés.

https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-10-septembre-2020
Le hic, c'est qu'il y a aussi un effet de saturation du dépistage, du coup SPF n'est pas certain de ce qui relève du ralentissement réel et de la saturation + délais de remontée. L'épidémie crée une telle pression qu'elle brouille les instruments de mesure, ce n'est pas bon.
La croissance de l'épidémie aurait donc un peu ralenti fin août. Début d'adaptation comportementale suite aux premiers signaux d'alerte sérieux ? Effet fin des vacances et du n'importe quoi associé ? Un peu plus de port du masque en avance en entreprise ? Un peu de tout cela ?
En tout cas, c'est insuffisant pour être tiré d'affaire. On est toujours en exponentielle, et celle-ci travaille sur un gros réservoir. Une moindre croissance, ce n'est pas une décroissance. Or il faut décroître (même un plateau serait insuffisant, car on est déjà trop haut).
Par ailleurs, vu le n'importe quoi de la rentrée, on peut craindre un effet "inflationniste" qui viendrait interrompre, voire annuler ce mouvement à la baisse.

Réponse les deux semaines prochaines.
Autre risque : vu ce mouvement à la baisse, et vu qu'ils veulent intervenir le moins possible, ils vont se dire qu'on est sur la bonne pente (alors qu'on est toujours sur la mauvaise pente, mais on la dévale moins vite), donc sous-intervenir pour "attendre de voir" si ça marche.
Et si ça ne marche pas, ils devront réintervenir avec retard, etc. et on retombe sur l'éternel problème du principe conceptuellement faux de la riposte graduée face à une exponentielle.
L'évolution du R depuis le confinement.
Les délais de remontée s'allongent sur Geodes, des milliers de tests arrivent en retard. Ces derniers temps, la courbe, qui fait un faux plat sur les 3 derniers jours, se redresse systématiquement au fur et à mesure que ça se consolide.
Le dépistage plafonne (et sature).
La part des plus de 60 ans dans les tests positifs, qui était descendue à 11%, a commencé à remonter.
Comme annoncé, les seniors prennent l'eau. La société existe, l'étanchéité stricte entre personnes vulnérables et moins vulnérables, ça n'a jamais marché nulle part quand ça bouillonne trop.
Un aperçu de l'aboutissement de ce processus de diffusion triangulaire dans les Bouches-du-Rhône : la locomotive des "moins vulnérables" a fini par tout éclabousser, et maintenant même les plus de 60 ans virent au rouge.

https://germain-forestier.info/covid/heatmaps.html
À noter, l'augmentation rapide du taux de positivité chez les 10-19 ans (ce dépistage correspond à des contaminations avant la rentrée). Ce qui signifie bien qu'on a fait la rentrée avec un vivier de collégiens/lycéens/étudiants contaminés (tous n'ayant pas été dépistés).
L'exponentielle hospitalière a décollé depuis le 1er septembre.
[Bruit de bouchon qui saute]

(Et ça, c'est avec 2,8 contacts par cas index en semaine 36, c'est-à-dire une aimable plaisanterie.)
Mission impossible de sécuriser les Ehpad quand ça circule trop dans le coin. Le loup finit toujours par entrer dans la bergerie par le biais d'un porteur pré/a-symptomatique.
La conclusion.

(Erreur de leur part au second paragraphe, le seuil d'alerte est à 50 et non 10.)
On est à la croisée des chemins sur cette deuxième vague. S'ils font n'importe quoi demain en conseil de défense (sous-intervention) et qu'en plus la rentrée pousse le R à la hausse, eh bien...
"Ne pas dramatiser" + "sans céder à la panique" = les éléments de langage typiques d'un pouvoir parti pour ne rien faire de sérieux.

Je m'attends à une sous-intervention de proportion épique demain, mais bon, on verra, sait-on jamais…
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