[THREAD] Vous avez déjà tous entendu parler du Soldat Inconnu, dont la tombe se trouve sous l'Arc de Triomphe ; mais saviez-vous qu'il a existé un Soldat inconnu vivant suite à la guerre 14-18? Voici son histoire :
(Attention thread pas hyper rigolo)
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Le 1er février 1918, à la gare des Brotteaux à Lyon, est retrouvé un soldat français, rapatrié d'Allemagne, amnésique et sans aucun papiers permettant de l'identifier. Interrogé, il donne le nom d'Anthelme Mangin. Il est diagnostiqué dément et placé en asile à Clermont-Ferrand.
À toutes les questions qui lui seront adressés, il ne répond que par un laconique "Je ne sais pas". Il reste ainsi interné jusqu'à la fin de la guerre, sans que personne ne vienne le réclamer. En 1920, ses frais d'internement pèsent lourd sur les frêles finances du département.
En janvier 1920, Le Petit Parisien publie, à la une, plusieurs photos de patients d'asile en espérant que certains soient ainsi identifiés. C'est le cas pour Mangin. Mesdames Mazenc de Rodez reconnaissent en lui leur fils et frère Albert, disparu en 1915.
Il est donc transféré et confronté à des amis et connaissances d'avant-guerre, mais personne ne le reconnaît. De plus, on dénombre trop de différences entre Albert Mazenc et l'inconnu. Par exemple Albert mesurait 10cm de plus et s'était fait opéré de l'appendicite, pas l'inconnu.
Cette piste est rapidement abandonnée, mais en 1922, le ministère des Pensions fait largement diffuser sa photo dans l'ensemble de la France, dans l'espoir de l'identifier. Plusieurs dizaines de familles se mettent alors à le réclamer.
Pour ces familles endeuillés, la guerre ne s'est pas arrêtée le 11 novembre 1918, sans nouvelles de leurs disparus, elles demeurent dans l'impossibilité de faire leur deuil, de tourner la page. L'espoir de retrouver un proche à travers le soldat inconnu est ce qui les motive.
Néanmoins, après des années de recherches, il ne reste que deux pistes familiales solides : Lucie Lemay, qui réclame son mari disparu, et Pierre Monjoin, qui recherche son fils. Une véritable bataille s'engage entre les deux familles pour savoir qui est réellement Anthelme Mangin
En 1934, une visite à Saint-Maur dans l'Indre, ville de résidence des Monjoin, permet à l'inconnu de reconnaitre son village. Laissé seul à la gare de la ville, Anthelme retrouve le chemin de la maison de son père et note même des changements dans le village.
La justice tranche alors en faveur de cette dernière identité, le soldat inconnu redevient Octave Félicien Monjoin, né le 19 mars 1891. Cependant, la famille Lemay ne lâche rien et enchaîne appel, puis recours en cassation qui font s'éterniser les procédures.
En 1938, la bataille judiciaire s'achève enfin. Malheureusement pour Octave, alors qu'il être remis à son frère et à son père, le frère décède d'une ruade le 23 mars et le père de vieillesse le 1er avril. Octave est donc contraint de rester en asile à Sainte-Anne à Paris.
Il y restera jusqu'à sa mort, le 19 septembre 1942. En plein pendant la Seconde guerre mondiale, les asiles subissent de grandes difficultés pour nourrir les pensionnaires. On estime que comme Octave, 30 à 40 000 aliénés décèderont de faim.
Octave Monjoin est inhumé dans une fosse commune au cimetière de Bagneux. En 1944 un ancien combattant s’émeut de son destin et se bat pour que ses restes soit déplacés dans son village natal. En 48 sa dépouille est transférée au cimetière de Saint-Maur et enterré sous son nom.
C'est pas une histoire très heureuse, mais elle est représentative des souffrances de la Grande Guerre, des blessures invisibles, psychiques ou morales, des traumatismes imposés par le deuil ou les horreurs de la guerre.
Merci d'avoir lu, peace.
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