Mon combat contre l'art contemporain
Quand j'étais en licence, on avait un cours de critique d'art pour lequel on devait donc produire des critiques ( c'était dans l'intitulé après tout). Souvent on avait le choix de l'artiste et de l'oeuvre à commenter.
Quand j'étais en licence, on avait un cours de critique d'art pour lequel on devait donc produire des critiques ( c'était dans l'intitulé après tout). Souvent on avait le choix de l'artiste et de l'oeuvre à commenter.
C'était un cours plutôt intéressant et stimulant, avec un prof tout à fait ouvert à des formes d'expression qui sortent des carcans habituels. Alors forcément, ça m'a donné des idées et je me suis dit que j'allais troller un peu pour voir jusqu’où on pouvait aller.
Alors un jour ou l'on devait rendre un travail dont le thème général était l'Art contemporain, je suis passé à l'action. Tous les travaux, au lieu d'être rendus sur papier, devaient être lus devant la classe, ce qui occasionnait souvent des petits débats après.
Aussi, mes camarades avaient naturellement proposé des réflexions sur toutes sortes d'artistes tels que Jeff Koons, Damian Hirst, Yayoi Kusama, Marina Ibramovic et j'en passe. Pour faire la maline, une fille avait même développé son propos autour de la figure de Beyonce.
Ça ne mange pas de pain, c'est faussement subversif et la plupart des gens adorent la subversion tant que ça reste gentillet. Ça fait parti de la panoplie du jeune intellectuel pop et romantique à la fois.
Mais à la limite c'était parfaitement dans le thème puisque l'art contemporain lui-même affecte très souvent d'être subversif pour satisfaire des bourgeois en manque de sensations, mais qui ne veulent rien risquer. Mais passons, ce n'est pas le sujet.
Vient mon tour, et j'explique que ma critique ne portera sur aucun artiste en particulier mais constituera plutôt un genre de manifeste contre l'art contemporain. Alors forcément ça suscite un peu d'excitation, tout le monde est très content, ça promet un peu de provocation.
La blague c'était que j'avais juste recopié des passages de Mein Kampf en remplaçant le mot "juif" par "art contemporain" ou "artiste contemporain" selon le contexte. J'avais fait en sorte que ça ait l'air authentique, pour que le canular fonctionne vraiment.
On y trouvait donc des bouts de phrases tels que: "Car, était-il une saleté quelconque, une infamie sous quelque forme que ce fût, surtout dans la vie
sociale, à laquelle un artiste contemporain au moins n'avait pas participé ?".
sociale, à laquelle un artiste contemporain au moins n'avait pas participé ?".
Des fois ça se prêtait vraiment bien à l'exercice comme dans ce passage:
"Que l'on considère encore que leur nombre est sans limite ; que l'on considère que, pour un seul Goethe,
la nature infeste facilement leurs contemporains de dix mille de ces barbouilleurs, qui dès lors agissent
comme les pires des bacilles et empoisonnent les âmes.
la nature infeste facilement leurs contemporains de dix mille de ces barbouilleurs, qui dès lors agissent
comme les pires des bacilles et empoisonnent les âmes.
Il était épouvantable de penser, mais on ne pouvait se faire d'illusion sur ce point, que l'art contemporain semblait avoir été spécialement destiné par la nature à jouer ce rôle honteux".
Une fois la lecture terminée, le prof se tourne vers les élèves et s'enquiert de leur avis. Vu les petits regards malicieux qu'il me lance, il me fait comprendre de manière tacite qu'il a compris mon petit jeu et se montre très curieux de ce qu'en pensent mes pairs.
Comme je l'avais anticipé, tout le monde trouve ça un peu virulent mais très bien écrit. Certains mettent quelques réserves sur la violence du propos, d'autres en font l'éloge, mais de manière globale tout le monde est d'accord pour dire que le style est puissant.
Alors je les laisse faire l'éloge de ce texte d'Adolf Hitler, après tout j'ai si peu modifié le propos, et vient le moment de révéler la supercherie, qui n'en est pas vraiment une au final, vous allez comprendre pourquoi.
Les réactions sont assez significatives car la plupart de mes camarades affectent d'avoir tout compris depuis le début, on ne leur fait pas hein.
Je leur explique donc que s'ils sont gênés d'avoir trouvé ça relativement brillant, c'est moins parce que le propos est initialement de nature antisémite que parce qu'ils ont apprécié - au sens esthétique - un texte dont le style est couramment moqué.
De la même manière qu'on a coutume de dire qu'Hitler était un mauvais peintre, professer qu'il écrivait avec les pieds est de bon ton dans les milieux autorisés. La vérité c'est que personne ne lit Mein Kampf. Donc peu de gens savent de quoi retourne son style.
Au final cette petite incartade n'était pas si puérile et provocatrice qu'elle en avait l'air, parce que ça m'a permis de faire la démonstration d'un mal qui gangrène l'art en général - pas seulement l'art contemporain - et ce n'est même pas moi qui l'ait produit;
ce mal, c'est le critique d'art ou de littérature. On se rend compte assez facilement que ce milieu est d'un conformisme absolu et que sa "critique" ne relève d'aucune science.
Science au sens littéraire de: Somme de connaissances qu'un individu possède ou peut acquérir par l'étude, la réflexion ou l'expérience.
La plupart des gens qui produisent des critiques le font du haut de leur propre Olympe intellectuel et culturel et leur avis est souvent conditionné par l'artiste et ne découle pas vraiment de l'étude de l'oeuvre.
En tout cas c'est ce que j'au pu observer à travers cette petite expérience. Et pour l'anecdote, mon prof avait bien compris le pot-aux-roses et ce assez vite, car il avait une culture suffisante pour le faire.
Il était très content de ma petite démonstration qui lui a permis d'insister sur l'importance d'élargir ses connaissances et de questionner ses affects le plus possible. Il m'a d'ailleurs gratifié d'une excellente note et on en a parlé - et ri - quelques fois depuis ce jour.
Voilà pour cette petite histoire que j'aime bien raconter en société pour amuser la galerie. En conclusion je dirais que si vous ne voulez pas vous faire berner comme des lapereaux de six semaines à la manière de mes camarades de classe, il faut se constituer une solide culture.
Et se constituer une solide culture, ça implique de lire énormément, même des choses qui nous rebutent.